2015 n’aura pas seulement été l’année d’entrée dans un état d’urgence prolongée, des attentats de janvier à ceux de novembre. Du côté des luttes, l’année s’ouvrait par des manifestations contre la loi Macron, et a donné lieu à de nombreuses grèves et mobilisations : en mars à Radio France, en avril et en septembre dans l’éducation nationale, des salarié-e-s d’OMS et un peu plus tard des postier-e-s de Neuilly, mais aussi à Air France. Depuis juin, la lutte des réfugiés de la Chapelle prend de l’ampleur, et pendant l’été, le collectif Les Baras occupe un nouveau lieu aux Lilas. Enfin l’année se termine avec la mobilisation contre la mascarade de la COP21.
Acte I : Charlie Macron
L’année 2015 s’ouvrait avec les tueries à « Charlie Hebdo » et à l’hyper casher de Vincennes, donnant lieu à une véritable déferlante raciste et islamophobe. Alors que le gouvernement cherchait à exploiter le choc pour passer en force, les mobilisations reprenaient, avec la manifestation du 26 janvier contre la loi Macron.
Acte II : grèves et État policier
Le printemps donnait lieu à un certain nombre de mobilisations, par exemple la grève de 28 jours à Radio France, de fin mars au 15 avril. Le 9 avril, autre mouvement de grève contre les coupes budgétaires dans l’Education Nationale pour dénoncer le manque de moyens alloués aussi bien dans le primaire que dans le secondaire. Le même jour, c’est la grève nationale contre la loi Macron. Une manifestation réunit près de 130 000 personnes dans les rues de Paris (voir l’analyse complète de cette loi).
Mais en mai, la police fait ce qui lui plaît. Le mois a ainsi été marqué par une impunité policière et un accroissement de la répression. Le 18, la « justice » protège la police, en innocentant les responsables de la mort de Zyed et Bouna. Les contrôles policiers contre les prostituées de Belleville se multiplient, comme le soulignent les témoignages. Du côté des médias libres, la pression s’accroit avec la mise en accusation d’une personne de Iaata, dans le contexte de préparation de la loi renseignement que le gouvernement profitera de l’été pour faire passer.
Acte III : luttes de logement et de migrants
En juin, la lutte des réfugiés de la Chapelle prend de l’ampleur suite à un afflux énorme de migrants principalement soudanais et érythréens. Nous renvoyons vers ce récit chronologique détaillé. Pendant l’été, le collectif Les Baras occupe un nouveau lieu aux Lilas, et une assemblée antinucléaire a lieu à Bure. Des migrants s’installent au lycée Jean-Quarré (jusqu’à fin octobre), et en septembre, ces derniers occupent pendant deux semaines le parvis de la mairie du 18e.
Acte IV : la rentrée des luttes
En septembre, la SNCF est condamnée à verser 170 millions d’euros aux chibanis, mais fait appel. La rentrée est également marquée par des grèves des enseignants et des lycées suite à la réforme du collège, des salarié-e-s du nettoyage OMS/ Paris Habitat, et des postier-e-s de Neuilly-sur-Seine contre la restructuration de l’entreprise. C’est aussi le mouvement de contestation sociale à Air France contre le plan de restructuration, et le procès à cause d’une chemise arrachée.
Acte V : urgence prolongée
Le 13 novembre, les tueries au Bataclan enclenchent à nouveau une réponse répressive. Le PS met en place l’état d’urgence et en profite pour renforcer la surveillance, assigner à résidence des militant-e-s écologistes, et interdire les manifestations. C’est aussi un retour de flammes pour les luttes de migrants qui se retrouvent à nouveau la cible de tous les amalgames. Dans ce contexte, les mobilisations contre la COP21 se construisent, cherchant à proposer tant bien que mal des formes de résistances face au déploiement répressif.