(...) [Depuis l’expultion du lycée] certains sont revenus de centres à plusieurs centaines de km de Paris où ils se trouvaient isolés, sans possibilités de poursuivre leurs démarches administratives, leurs cours de français, etc.
Ils avaient ensuite occupé quelques heures pour certains, une nuit pour d’autres, le parvis de l’hôtel de ville. Puis les mêmes se sont fait brutalement chargés par les crs à la fin de la manif de samedi.
Tout est fait pour les rendre invisible de nouveau, on attend d’eux qu’ils retournent se cacher dans les squares, aux portes du Périph, ou qu’ils rejoignent le bidonville de Calais....
Il faut mettre fin à cette politique sécuritaire !
Soyons nombreux à les soutenir. Faites tourner l’info.
Dimanche 25 octobre, les migrants ont décidé de tenir un nouveau campement à République et de tisser des liens le plus largement possible avec tous les migrants éparpillés. Appel à soutien matériel et humain. Un rassemblement a eu lieu ce lundi 26 octobre afin de faire le point et décider des suites.
Retour sur l’expulsion du lycée occupé
Vendredi 23 octobre, le bâtiment de l’ancien lycée Jean Quarré a été expulsé. Occupé depuis le 31 juillet dernier, des centaines de personnes migrant-es vivaient là et des centaines d’autres y sont passées depuis trois mois. Cette occupation a fait suite à plusieurs campements et occupations, chaque fois expulsées par la force et par des propositions d’hébergement, laissant systématiquement une partie des migrant-es à la rue, sans rien et dispersant les autres à droite à gauche, dans des conditions plus que déplorables.
Annoncée depuis quelques temps par la mairie et la préfecture, et ordonnée par un jugement du tribunal administratif, l’expulsion devait avoir lieu à partir du lundi 26. Mais jeudi, des informations ont circulé, annonçant l’expulsion pour le lendemain matin.
Les fausses promesses, négociées avec la mairie et la préfecture par celles et ceux qui veulent bien y croire, promettaient une expulsion sans présence policière dans le bâtiment, avec des hébergements pour tou-te-s les habitant-es en région parisienne. Mais, qui peut encore croire, après cinq mois de lutte, que l’on obtient quoi que ce soit sans construire un rapport de force ?
Vendredi matin donc, ce sont des centaines de flics, certains cagoulés et armés jusqu’au dents, des agents de la mairie de Paris, de la préfecture, de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration, d’Emmaüs, de la Croix-rouge, qui ont investi le lycée sur les coups de 5h du matin. Des bus étaient là pour emmener les habitant-es vers des centres d’hébergements, mais sans aucunes garanties sur leur emplacement, sur le suivi des démarches administratives, sur les conditions d’accueil.
À l’intérieur et à l’extérieur, des personnes solidaires étaient présentes pour manifester leur solidarité avec les personnes migrant-es, tandis que certain-es « bénévoles » qui agissaient au lycée occupé depuis le mois de juillet, ont aidé les autorités à procéder à l’expulsion du lieu.
Le résultat est le même qu’à chaque fois, peut-être pire : une centaine de personnes n’ont pas eu d’hébergement et se sont retrouvées à la rue, tandis que d’autres ont été emmenées dans des centres à plusieurs centaines de kilomètres. Pour la mairie et la préfecture tout s’est bien passé et ils peuvent se féliciter. Une opération de communication rondement menée pour un résultat efficace : les occupant-es du lycée sont maintenant dispersé-es à droite à gauche et ne pourront plus les emmerder avec leurs manifestations, leurs revendications, leurs luttes collectives.
À bon ? Mais, pourtant, la lutte continue bel et bien. Dès l’après-midi, plusieurs dizaines de personnes, migrant-es non hébergés lors de cette expulsion et solidaires se sont dirigé-es vers l’hôtel de ville et ont manifesté toute l’après-midi, encerclé-es par les flics, pour obtenir le relogement de celles/ceux remis à la rue après l’expulsion. Rapidement ils/elles ont été rejoint-es par d’autres qui sont revenu-es des centres d’hébergements refusant l’accueil qui leur est fait (conditions de vie difficiles, pas de nourriture, pas de garanties sur la durée de l’hébergement, pas de suivi administratif, éloignement…). La mairie a fini par débloquer 80 places supplémentaires, mais pas assez pour tout le monde. Une partie des migrant-es est donc restée toute la nuit devant l’hôtel de ville, enfermé-es par des barrière, gardé-es par des flics, jusqu’à ce qu’ils/elles soient expulsé-es à 4h du matin.
Mais la lutte continue ! Solidarité avec les migrant-es !
Des papiers et des logements pour toutes et tous ! Liberté de circulation et d’installation !
Communiqués des migrant-es rassemblé-es devant l’hôtel de ville :
"La mairie a dit qu’elle allait nous reloger mais c’est un mensonge, certains ont été pris mais d’autres réfugiés laissés à la rue. On a besoin d’une logement et de papiers. Nous sommes ici [devant la Mairie] pour qu’elle trouve une solution à notre situation aujourd’hui."
"Notre priorité c’est d’avoir un abri. Ce matin, certains avaient des rendez-vous et d’autres avaient des démarches à faire, quand nous sommes revenus, on nous a dit qu’il n’y avait plus de places. Ils ont évacué les autres du lycée et nous, nous sommes toujours dehors. La Mairie de Paris nous a menti et n’a pas tenu sa promesse."
Compte rendu de la manifestation du 24 octobre 2015
Samedi 24 octobre, une manifestation était appelée depuis plusieurs jours pour la liberté de circulation et d’installation, contre les frontières, en solidarité avec les migrant-es en lutte pour des papiers et des logements, et faisait écho au rassemblement à la gare Saint Pancras à Londres en solidarité avec les trois personnes incarcérées en Angleterre pour avoir traversé le tunnel sous la Manche à pied.
Malgré l’expulsion du lycée occupé, plusieurs centaines de personnes ont répondu présentes (700-800 personnes), des personnes solidaires, des collectifs de sans papiers ainsi que les migrant-es non hébergé-es chassés le matin même de la place de l’hôtel de ville et d’autres des centres d’hébergement.
Derrière les banderoles « des logements pour tous, migrant-es et réfugié-es », « we want house » en plusieurs langues, le cortège a descendu la rue de Belleville puis emprunté le boulevard de la Villette – boulevard de La Chapelle jusqu’au métro La Chapelle où de nombreux/euses autres migrant-es attendaient l’arrivée de la manifestation. Une autre banderole faisait explicitement référence aux trois migrants emprisonnés en Angleterre « Liberté pour les 3 marcheurs sous la Manche ».
La présence policière n’était pas visible depuis la manifestation mais très importante dans les rues adjacentes. Toutes les places et bâtiments occupés ces cinq derniers mois de lutte étaient lourdement protégés, les autorités ayant peur qu’un campement ne se réinstalle avec les personnes non hébergées et ayant quitté les centres : la caserne Château Landon, l’église Saint Bernard, la halle Pajol.
Pendant la manifestation nous avons reçu des nouvelles des migrant-es emmené-es dans des bus pour des soi-disant hébergement après la première partie de l’occupation du parvis de l’hôtel de ville : une partie a été emmenées dans un centre à Jouy-sur-Morin, une autre dans la salle des fêtes d’un village d’à côté et les autres ont été déposés… place de la Nation. Le lendemain matin, tous ont été remis à la rue.
À la suite de la manifestation les migrant-es ont décidé de bloquer le carrefour de La Chapelle. Pendant 30 minutes la circulation a été totalement interrompue jusqu’à ce que la présence policière se fasse plus forte. Le groupe de 100 personnes s’est dirigé vers le théâtre des bouffes du nord pour tenter de l’occuper, mais ils en ont été empêchés par une charge violente des CRS. Plusieurs personnes ont été blessées dont certaines ont dû être emmenées à l’hôpital. Ensuite, les CRS ont continué à charger et à disperser les manifestant-es à plusieurs reprises. Un groupe s’est replié dans la gare du Nord puis a décidé de se retrouver à Stalingrad pour discuter et décider quoi faire. Plusieurs migrants ont été arrêtés puis relâchés. Finalement certains ont décidé d’aller dormir place de la République et d’autres à droite à gauche.
Après ces deux journées de répression, la dispersion est presque totale. Mais des migrant-es commencent déjà à quitter les hébergements qui sont soit trop loin soit très mauvais, tandis d’autres sont remis à la rue. Désormais, ils sont plus que jamais à la merci de la traque policière. Des dizaines de refus d’asile sont tombés et ces derniers jours des rafles massives ont eu lieu à Calais et à Paris : l’État doit apporter son quota de migrant-es à expulser dans le plan européen de 400 000 déportations.
Après l’expulsion du lycée, les migrant-es sont de nouveau isolés et dispersés. Toute organisation collective a été cassée et il est plus que nécessaire de reconstruire une dynamique de lutte et d’imposer un véritable rapport de force, à la fois pour trouver des solutions concrètes pour répondre à l’urgence de la situation, mais aussi pour continuer la lutte contre le régime des frontières.
Un rassemblement a été décidé pour ce lundi 18h à République pour faire le point et décider des suites.
Autres rendez-vous :
Permanences juridiques à l’ATMF, métro La Chapelle, 10 rue Affre , 75018 Paris,
tous les lundis de 15h à 20h et tous les mercredis de 13h30 à 17h30
Rassemblement pour l’arrêt du règlement Dublin
Vendredi 6 novembre, 14h devant la préfecture, 92 boulevard Ney, métro Porte de Clignancourt