Selon le site internet Metro :
Pour des félins dessinés sur les murs de la station Châtelet à Paris, la RATP réclame 1 800 euros au street artist Thoma Vuille alias M.Chat. Alors qu’il a refusé de payer et qu’il est convoqué le 29 octobre prochain au tribunal à Paris, le trentenaire a obtenu des milliers de soutiens.
Il ne s’attendait probablement pas à une telle mobilisation, pourtant, ils sont aujourd’hui des milliers à avoir rallié sa cause. La semaine dernière, Thoma Vuille, alias M.Chat a suscité un intérêt sans précédent après que ses déboires ont été médiatisés. Ce street artist connu pour les gros matous jaune, noir et blanc qu’il dessine à la bombe ou à la peinture sur tous les supports qui l’inspirent, avait été convoqué le 6 août dernier par la police pour des dégradations commises dans le métro parisien.
Et pour avoir apposé une dizaine de félins sur les murs de la station Châtelet, la RATP a réclamé au trentenaire 1800 euros de dommages et intérêts. L’artiste, qui a refusé de payer, devra comparaître le 29 octobre prochain devant la 28e chambre du tribunal correctionnelle de Paris à moins que la RATP ne retire sa plainte devant l’intérêt que suscite le dossier.
(...) Vendredi dernier, Thoma Vuille déclarait à metronews avoir voulu mettre un peu de soleil dans la vie de milliers d’usagers des transports. « Cet endroit est en travaux depuis des mois, comme beaucoup d’autres stations de métro. C’est affreux. Et les usagers doivent subir ça au quotidien... Moi j’ai voulu égayer leur journée, les faire sourire et rendre l’endroit plus beau, avait-il expliqué. Je suis désolé, je mets de la couleur, de la propreté. Je rends les murs dégradés plus agréables. » Des déclarations qui n’ont pour l’instant pas motivé la Régie à faire machine arrière.
L’affaire médiatisée de M. Chat est un nouvel épisode de la répression du graffiti à Paris. Les soutiens politiques qu’il a reçus témoignent de tiraillements dans la stratégie de répression du tag : une nouvelle approche cherche à diviser entre bons et mauvais taggueurs (récupérer et intégrer le street art décoratif dans des espaces neutralisés et encadrés, tout en continuant à effacer blazes et messages spontanés).
Dès le milieu des années 1980, la ville de Paris s’est équipée de machines à pression pour effacer les graffitis sur les murs et a commencé, tout comme la RATP, à déposer des plaintes. Vers 1987, on assiste à un nouveau tour de vis judiciaire (y compris dans les lieux qui traditionnellement ne posaient pas de problèmes comme les entrepôts désaffectés). C’est alors surtout le graffiti politique qui est pourchassé avec sévérité. En parallèle, au cours des années 1990, la RATP s’engage toujours plus dans le processus de transformation de l’espace public en espace publicitaire. On interdit les formes d’expressions populaires spontanées pour mieux laisser la place aux messages marchands.
L’argument de la propreté ne tient pas vraiment non plus puisque depuis 2006, sur les lignes du RER, les graffitis sont simplement badigeonnés de peinture blanche, et les blazes, fresques ou messages barrés d’un trait de couleur. Finalement, dans nos sociétés capitalistes démocratiques, rien n’est plus privé que l’espace public.