Quand on a le malheur d’être confronté·e aux flics, aux juges et à toutes les formes de la violence d’État, on se rend compte assez vite que l’important, c’est de ne jamais rester isolé·e face à cette machine à broyer les vies.
Parfois on est tenté·e de penser qu’avec un ou une bonne avocat·e, ça roule, on ne restera pas seul·e, on sera soutenu·e, c’est bon quelqu’un s’occupe de nous. Dans nos rapports avec la justice, ces personnages en robes noires font partie du décor, on s’en sert comme on peut, on se sent souvent perdu·e et on fait confiance, alors qu’en vrai on aimerait bien pouvoir se défendre sans intermédiaire.
Mais parfois on fait de mauvaises rencontres. On ne vous parle pas des avocat·e·s qui bossent H24 avec les flics, la préfecture ou la pénitentiaire, on vous parle de ce qu’on nommerait un « faux-ami ». Un avocat, car pour le coup c’est un mec, qui s’arrange toujours pour être « sur la photo » des rassemblements contre les violences policières, un avocat qui prend ces violences policieres comme un fonds de commerce pour servir ses ambitions politicardes, un avocat qu’on a beaucoup trop vu et entendu dans les manifs contre la loi sécurité globale, un avocat étiqueté LDH pour faire joli sur la boutonnière, un avocat qui s’imagine être devenu un go-between entre la goche réformiste et les « milieux radicaux », un avocat qui renifle les bonnes affaires mais s’en balance bien de ses « client·e·s ».
Cet avocat, c’est même pas la peine de citer son blaze, il attend que ça pour crier au lynchage. D’ailleurs facile, sur les moteurs vous tapez « avocat violences policières » et vous avez la réponse. Disons que ses initiales sont à l’opposé de celles de Zuper Zorro.
Zuper Zorro a « déconné ». Pendant une des manifestations LSG, en novembre, il n’a pas supporté que des membres des « milieux radicaux » pètent trois vitrines et mettent le feu à un show-room de grosses cylindrées. Zuper Zorro s’est même empressé de sortir un tweet comparant les black blocs aux fachos, avant de le supprimer. Avec ses potes des syndicats de journalistes, ils ont sorti un communiqué afin de « condamner avec la plus grande fermeté les violences contre les policiers » et que tout ça c’était la faute de quelques manifestant·e·s « non pacifiques ». Et... Et vous savez quoi ? Il n’y a pas si longtemps, ce triste personnage, pour se faire mousser, s’est même permis de proclamer « c’est moi l’avocat des black blocs » pendant une garde à vue, incitant un interpellé à changer d’avocat et à le désigner, lui Zuper Zorro !
Zuper Zorro n’agit pas seul, ce serait trop facile à repérer. Lui et sa clique d’avocat·e·s dominant·e·s et sexistes, odieux avec leurs propres stagiaires et collaborat·eurs·rices, « prennent » les affaires les unes après les autres. Mais ne les suivent pas. Dès qu’un drame éclate, encore un mort entre les mains de la police, l’éclairage médiatique est propice à l’apparition de ces avocats vautours, les re-sta du barreau, cape noire et loup de Zuper Zorro, toujours les premiers à se tourner vers une caméra ou un micro.
Alors oui, le boulot technique de droit, il est fait. C’est pas la question. Le problème c’est qu’au bout de quelques semaines, quand l’attention médiatique retombe, Zuper Zorro risque fort d’être aux abonnés absents. « Mais vous inquiétez pas, quelqu’un de mon cabinet va bien s’occuper de vous... » Pour les moins chanceuses et chanceux qui le désigneraient (les moins médiatisables en fait), vous risquez même de vous retrouver laché·e·s seul·e·s face au keufs au comico ou face au proc au tribunal.
Les Zuper Zorro sont du genre à s’apitoyer sur le sort de leurs client·e·s en pleine audience, feignant d’assurer leur défense alors qu’ils ne cherchent qu’à les infantiliser pour mieux les dissocier du reste du cortège et des vilains casseurs ou black blocs. Ou alors ils produisent des vidéos, font citer des tas de « témoins » pour jouer la carte de l’innocentisme à 2 balles, et tant pis si ça en met d’autres dans la merde, ou si la personne poursuivie aurait préféré une défense plus politique. Tant que Zuper Zorro peut faire des effets de manches lors de l’audience et se pavaner dans les médias, tout va bien.
Zuper Zorro est du genre aussi à jacasser dans les salons sur les ravages des armes du maintien de l’ordre. Mais le lendemain il est aussi capable de plaider, devant le tribunal administratif ou le conseil d’État, pour demander l’interdiction des LBD mais seulement pendant les manifestations de voie publique... pas pendant les opérations policières punitives opérées dans les quartiers populaires. Encore de la dissociation. Du même type que celle prônée par les avocats réacs qui se sont autoproclamés défenseurs des gilets jaunes. Une dissociation d’autant plus dégueulasse pour un baveux qui se targue de défendre des familles issues des quartiers populaires. Il les « défend » un jour pour le lendemain les lâcher en épousant des thèses réformistes qui considèrent certain-e-s populations plus légitimes que d’autres à se faire mutiler par des armes de guerre.
Zuper Zorro est toujours très cool avec l’argent. « Non mais les honoraires c’est pas urgent on verra ça plus tard, on va d’abord vous sortir de là »... Et au bout de quelques semaines, il y a des chances que la facture soit zuper zalée. En plus ça n’aime pas trop l’aide juridictionnelle les Zuper Zorro, non c’est galère l’aide juridictionnelle, t’es payé une misère et tu mets des années à toucher le blé, le ministère de la Justice c’est pas Zuper Payeur. Mais Zuper Zorro sait être généreux : il fait plein d’affaires « pro bono ». C’est un truc pour dire « je te facture pas, c’est pour moi ! » Une fois on a même aperçu un Zuper Zorro à la sortie d’un commissariat, grand manteau blanc au vent, mégaphone à la main, proclamant qu’il prenait tous les dossiers des personnes en garde à vue pro bono. Oyez ! Zuper Zorro est dans la place !
Seulement, dans une affaire de violences policière, d’autant plus quand il s’agit d’un crime, ça peut durer des années. Et à la fin, c’est plus pro bono du tout. Alors un conseil : négociez les tarifs dès le début. Et demandez de payer au forfait, les Zuper Zorro vont vous enfumer avec leurs honoraires « à l’acte », pour eux c’est jackpot, la moindre lettre de demande d’acte, le temps de passer deux coups de fil, chaque instant est facturé.
Dans la bande à Zuper Zorro, on est tres susceptible. On ne supporte pas l’affront de se faire larguer pour un-e autre avocat·e. On adore aussi gérer seul la communication de chaque affaire. Quand il trouve que là, l’affaire prend une tournure croustillante, « punaise la vidéo elle est vraiment trash les médias vont adorer », hop, Zuper Zorro sort un tweet massacreur ou écrit un communiqué sur l’affaire, sans informer auparavant ses « client·e·s » qui découvriront la chose dans la presse. Alors quand on parvient à se faire tirer le portrait dans le journal Le Monde, comme le fit le préfet Didier Lallement, c’est un peu la consécration.
En fait les Zuper Zorro sont des politicards qui construisent leurs carrières sur nos luttes, et pire encore, sur la détresse des victimes de violences policières et de leurs proches. Qu’ils disparaissent du paysage !
L’Amicale des Accusé-e-s Averti-e-s