Lecture enthousiaste de la Joie armée Noire, ce que l’article invite à penser

Les Stiffs, s’ils ignorent les partitions de genre, c’est parce ce qu’ils mènent une sous-vie de trimardeurs, été comme hiver. Déréliction subie.
Toutes couleurs confondues, ils sont d’Afrique, du Métro La Chapelle, de Birmanie ou du Loaos, ils sont de partout et finissent nulle-part. ils font la manche, se détruisent à petits feux, ils crèvent de faim et leur voix n’est aujourd’hui portée par personne, aucune groupalité réelle ne remarque ces « invisibles » du champ social. L’État les préfère inexistants. Ils encombrent les rues, ils connaissent l’écroulement et personne n’a jamais pris le temps d’observer ce que tente de dire leur regard.
Qui donc les aide à se relever ? Bien peu, en vérité.
Voilà un autre élément discursif qui peut servir de motif pour détruire les avenues du Second Empire. Right Now.

Détruire certaines dimensions du réel, poursuivre nos réflexions

Oui, votre article percute. Le monde couleur ébène porte l’anarchie dans son sang et relève la tête avec un fouet dans chaque main, au passage, pas de pitié pour les actionnaires, les colons de tout crins. Et par là votre article déchire. C’est un bâton de dynamite.
Mes potes sorciers et adeptes des Diggers souscrivent.
Juste une remarque : après le Krach de 1929 toute une population de Stiffs, blancs et noirs, latinos, juifs rescapés du Schtetl, zonars italos et castagneurs irlandais de Frisco, escarpes et déclassés de Brooklyn, firent alliance, simplement pour manger !
La dalle qui s’en souvient ?
Le lumpen, toujours à la ramasse, à fond de cale, poussé à se faire grinche, soeurs de misère, frères de couleurs. Pas de scissions.
Combien de hobos se fracassèrent la tête contre des trains de marchandise espérant trouver à l’horizon, une existence vivable ?
Nous tendons une main (de feu) au peuple noir, à toutes âmes exsangues, une main révolutionnaire prête pour l’insurrection et la redistribution aux sans abris, notre objectif majeur. Que ceux qui cherchent un Pape établissant des tranchées entre ethnies, rejoignent la truande électorale et se munissent de leur bidons d’essence ontologiques. Ce sont des instituteurs ! des donneurs de leçons (et d’ordres) des managers déguisés en militants "professionnels" (pff..) Leur problème : ils causent à la place de ceux qui goudronnent les routes ou ramassent les poubelles, qu’ils fussent noirs, jaunes, bleus ou verts (un peu comme Tintin au Congo).
La référence à Tintin au Congo est provocante : vous souvenez-vous du passage (immonde) où tintin le colon, à l’école (au Congo belge, à l’époque) explique aux petits africains « je vais vous parler de votre pays : la Belgique ! »
Les vieilles ficelles ont fait d’eux des têtes de proues, ils ne seront jamais anarchistes, dominer les fait trop kiffer. Vous les aurez reconnus : ce sont les essentialistes entêtés.
Nous n’avons donc rien à faire avec des robots, militants ou pas, nous avons choisi un chemin plus caillouteux.
Faut-il toujours des explications didactiques, scolaires ? Ça fait un bail que nous avons dis adieu aux ordres venus d’en haut.
Que toutes les têtes d’enclumes qui se cherchent un Maître en sciences humaines aillent se faire foutre.
Nous ne croyons qu’aux bandits sensibles aux derniers écrits d’Artaud, aux rockers 5O’s sous mescaline, aux derniers Apaches isolés dans les parcs où la nuit tombe, eux qui ont spontanément compris que le non-sens apparent dissimule un sens acéré comme une lame.
Ainsi, un blouson noir interrogé en 1961 sur une chaine radio par un journaliste réactionnaire : "Que comptez-vous faire dans la vie à part braquer des banques ?"
Et le Blouson noir souriant répond : "Je compte vivre de ma plume ! "
La plume en vieil argot, qu’est-ce ? Genet l’utilise. Marius Jacob l’utilise aussi. La plume, c’est le Pied-de-biche, idéal pour enfoncer la porte des richards WASP.
C’est la pince Monseigneur également, capable de servir à l’occasion de matraque spirituelle.
Le journaleux, bien entendu, n’a rien saisi. De toute évidence, le mec en cuir était fou.
Hé bien c’est un peu comme ça, il faut chercher le sens sous le non-sens apparent, le scandale politique sous le vernis psychotique.
Relire Tom Kromer, mais aussi Emmett Grogan et son Ringolevio (plus tardif mais tellement cinglant).
La Misère se capillarise. Depuis toujours.
Plongeons-nous dans "Les Vagabonds de la faim " (1934) nul n’en ressortira indemne.
Un coup de poing dans l’estomac. Du jus de poisse. Autre chose que les arguties de ce snob de Marx et son valet Engels.
Rappelons chez Marx, sa haine du Lumpen, rappelons sa haine des anarchistes. Rappelons au passage, au coeur de notre présent, la poignée de mains entre Macron et Georgia Meloni. Ne leur offrons pas un Boulevard pour défiler.
La Vérité est une sale Histoire : Universel colors of Disruption, alors rejoignons-nous, Freaks... Rallions les gibiers de potence et tirons à vue avec nos fusils à patates. Tirons sur tout ce qui ressemble à un Galetteux blindé de dividendes et sur tous les disciples des "Faisceaux de combat".
Anarchie tout de suite, assez de mots tirés du Capital.

Wanda, Swing, Chino, Sylphe
plus rien à perdre, sauf la vie

La joie armée noire

Note

Voici bientôt vingt ans, peut être davantage,
Que je fais le guignol à n’importe quel prix
Entre le delirium, la sagesse et la rage.
Revenez donc me voir quand vous aurez compris (...)
Bernard Dimey, Au Milieu de la Nuit

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