En ces temps de guerre et de serrage de vis généralisé, les conditions de vie insupportables qui nous sont imposées reposent sur la peur. Peur de perdre son boulot et de ne pas arriver à boucler les fins de mois, peur de la police, peur de la prison. Un sentiment encore renforcé par un état d’urgence prolongé indéfiniment et par l’enfermement de toujours plus de récalcitrantEs et pour toujours plus longtemps. Il y a pourtant tellement de raisons de se révolter contre ce monde de fric et de flics, qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que nombre d’individus ne se résignent pas et continuent d’agir envers et contre tout, à quelques-unEs ou à plusieurs, de jour comme de nuit. Car la guerre sociale ne connaît pas de trêve contre l’ordre mortifère de l’État et du Capital : attaques de frontières, mutineries en taule, évasions de centres de rétention, sabotages de projets d’aéroport ou de THT, saccages d’écoles, incendies d’engins de chantier ou de câbles des flux de transport et d’information, destructions de permanences électorales ou émeutes suite à un énième assassinat policier, débrouilles quotidiennes pour tenter d’échapper à l’esclavage salarié,... voilà un peu du désordre quotidien qui se passe volontiers de loi –divine ou terrestre– pour se manifester en toute liberté.
Ces derniers mois dans différentes villes, y compris lors de déambulations sauvages en dehors des partis et des syndicats, nous sommes nombreux/ses à nous être réjouiEs de la multiplication d’actes offensifs dans la rue. Des affrontements avec les chiens de garde de l’État et de la propriété jusqu’à la destruction incendiaire de leur outil de travail, des vitres brisées de commerces jusqu’au pillage occasionnel de leur contenu, de l’incendie de Porsches ou d’Autolib aux blocages de lycées, des (rares) attaques de journaflics jusqu’au débordement des services d’ordre syndicaux, tout cela est venu bousculer l’arrogance des puissants. Dans toutes les formes de lutte –qui ne se limitent pas au “mouvement social”–, l’auto-organisation et l’action directe sont indispensables pour rompre avec la pacification par la marchandise et avec le terrorisme d’État. Car prétendre qu’il est inconcevable que des individus s’opposent directement à l’ordre existant, cela revient à dire à demi-mot qu’il n’y a tout simplement pas de révolte sociale possible.
Si toutes ces attaques nous ont réchauffé le cœur et qu’une dizaine de personnes sont toujours incarcérées, notamment en préventive suite à l’incendie d’une voiture de police en mai dernier à Paris, il s’agit donc de continuer à défendre publiquement les actes et leurs mille et unes bonnes raisons, mais aussi de poursuivre les hostilités comme forme de solidarité active. Peu nous importe que les accuséEs soient coupables ou innocentEs, nous laissons volontiers ces catégories aux charognes en toge et à leurs souteneurs. Dans ou hors des manifestations, tentons de faire de la solidarité une force en refusant de fermer nos gueules et de se poser en victimes, en cherchant à briser l’isolement recherché par le pouvoir, et à ouvrir un espace de cohérence entre les idées et les actes de révolte...
Pour alimenter le débat en vue de la destruction de toutes les prisons et du monde qui les génère et en a besoin, bienvenue au week-end de solidarité avec les prisonnierEs de la guerre sociale !
Deux jours de discussions , infokiosques et concert de soutien avec la caisse « Kalimero », sur le thème : Comment affirmer une solidarité, y compris face à la répression, avec des actes de révoltes partagés ?
Ces deux journées se dérouleront samedi 29 octobre et dimanche 30 octobre à La Parole Errante, 9 rue François Debergue à Montreuil (M° Croix de Chavaux).
Samedi 29 octobre, 13h :
Discussion. Flics, juges, médias, syndicats, tous participent à l’écrasement des révoltes. Pourtant, tous ne font pas l’objet de la même critique ni de la même hostilité. Face à tout ça, on se laisse souvent acculer à une réaction de défense balisée par le pouvoir lui-même. Comment sortir de l’impasse répression/anti-répression ?
Samedi 29 octobre, 16h :
Discussion. Qu’est-ce que la solidarité, et comment en faire une partie intégrante de nos luttes ?
Samedi 29 octobre, 21h :
Concert de soutien avec la caisse « Kalimero ». Kalimero est une caisse de solidarité avec les prisonniers de la guerre sociale qui existe depuis 2007 et qui envoie des mandats à des individus incarcérés, notamment à une partie de ceux qui sont tombés ces derniers mois au cours des dernières manifestations à Paris.
Avec le punk des Binamé, le rap de Cerna, l’électro-punk de La Marmite et un open-mic.
Dimanche 30 octobre, 15h :
Discussion. Comment être là où on ne nous attend pas face aux multiples formes et rouages du contrôle social et de l’enfermement ?
NB : à l’exception du bar, tout le reste (du repas du samedi soir à l’infokiosque) sera à « prix libre » au cours de ce week-end, et l’ensemble de l’argent récolté ira à la caisse de solidarité « Kalimero », c’est-à-dire à des mandats pour les prisonnierEs.