La Commune de Paris est un évènement encore relativement important dans la mémoire des luttes sociales, mais qui a aussi été dans une assez large mesure récupéré par tout un tas de traitres réformistes et autres « républicains » de gauche. Alors forcément à l’occasion des 140 ans de l’évènement on a eu le droit à Paris à tout un tas de cérémonies et discours officiels d’élus, et même à une exposition sur la Commune à l’Hôtel de Ville (cocasse quand même quand on sait que 140 ans auparavant les communards avaient incendié ce bâtiment).
Malgré tout, ce jour là, certaines personnes ont décidé de célébrer cet anniversaire d’une autre façon !
A cette époque il y avait un grand squat pas très loin de Bastille, le Bourdon, et le 18 mars au soir une fête y était organisée. Les gens boivent, dansent, s’amusent et assez rapidement le mot tourne que ça peut valoir le coup de ne pas partir trop tôt, que plus tard il va y avoir une surprise.
Sur les coups de 23h, en effet, un mouvement vers la sortie se dessine, petit à petit tout le monde est invité à quitter le lieu pour se rendre en groupe au métro. On descend quelques stations plus loin, à Oberkampf, après un arrachage méthodique des affiches publicitaires au passage. Un cortège se forme, facilement 200-300 personnes, après quelques hésitations sur la direction à prendre on s’engouffre dans la rue Oberkampf. Pas un flic en vue.
On remonte la rue, quelques vitrines de banques sont attaquées vite fait, on crie « Vive la Commune », on chante La Semaine Sanglante et d’autres chansons révolutionnaires, une batucada ferme la marche aux sons de percussions envoûtantes... Cette joyeuse troupe déambule désormais au milieu des fêtards du vendredi soir, dans ce quartier largement gentrifié et rempli de bars. La plupart des gens autour regardent le cortège d’un œil plutôt surpris, mais bienveillant, quelques personnes se joignent même à l’ambiance.
Seulement voila, les Versaillais sont toujours là... Alors que la manif arrive à Ménilmontant, c’est l’alerte : « y’a la BAC derrière ! » et elle a pas l’air d’être en mode crosse en l’air.
Rapidement on se disperse, et l’hommage s’évapore dans les rues de ce quartier où tombèrent les dernières barricades de la Commune...
Elle n’est pas morte !