J’ai le seum. Trop de frustration que la seule chose proposée pour la « journée internationale de lutte contre les violences faites aux TDS » soit un rassemblement devant l’assemblée, devant les politiciens qui n’en ont rien à foutre de nous. Ça me fout la rage d’aller leur quémander comme des bonnes petites chiennes repenties une intégration / assimilation à un système qui continuera de nous broyer, nous exploiter ou qui délimitera de nouvelles frontières pour qui y a « droit/est protégé » et qui n’est pas assez humain pour l’être.
On peut bien voir comment cela ne fait pas de sens quand les autorités à Barcelone ont décidé ce jour-là d’arrêter 5 de nos collègues qui s’organisaient contre la répression du TDS et la gentrification du quartier de Raval et pour l’entraide. (pour en savoir plus vous pouvez lire cet article en catalan).
Les droits ne s’obtiennent toujours qu’en écrasant les autres. Ils sont autant d’occasions pour l’État de faire le tri entre les bon.nes putes et les mauvais.es. L’embourgeoisement d’une partie d’entre nous ne peut se faire qu’à la condition d’abandonner les plus précaires. Qu’est-ce qu’on fait des putes qui refusent de déclarer leur revenus à l’État, qui dépouillent ou arnaquent les fucking mecs cishét bourges de clients, qui volent leur matos de taff, se vengent des agresseurs, qui bossent ou vivent en squat, qui n’ont pas de papiers ou des faux, qui prennent des prods/s’auto-médicalisent ou toute autre activité considérée comme inacceptable/illégale ?
Je ne veux pas être « intégréE » à cette société ou m’y faire une place, je veux la détruire. Je ne veux pas d’une petite lichette de confort sur le dos des autres oppriméEs qui seront encore plus marginaliséEs et écraséEs. Il n’y a aucune voie libératrice dans les couloirs d’un État qui enferme et tue. Celui-là même qui jette dans les prisons et les hôpitaux psychiatriques, les personnes pauvres, fols, TransPdGouines, racisées, sans papiers, TDS...
Je ne veux pas de policiers formés à accueillir mes violences parce que je ne veux pas de police. Je ne veux pas être intégré.e aux droits du travail car je ne veux pas de travail (même si oui ça serait + facile au quotidien qu’il soit décriminalisé). Et je ne veux pas que l’État contrôle mes moyens de survie/mon corps. Je ne dois rien aux institutions, je leur arrache ce qui me permet de survivre seulement parce que ce sont elles qui créent les conditions où je suis obligæ d’avoir de l’argent pour manger, dormir et exister.
Je veux trouver d’autres moyens de survivre, que de pleurnicher sur les genoux de l’État en crachant sur celleux encore plus à la marge du système. Faire en sorte de mettre l’État à genoux m’est nécessaire pour trouver de la joie en plus de la survie.
Je ne veux pas venir pleurer devant et implorer l’assemblée pour des miettes de reconnaissances. Je veux qu’elle brûle, pour pouvoir me réchauffer devant le brasier, m’enduire le corps des cendres et baiser avec joie avec mes collègues et mes complices.
J’ai déjà plusieurs fois dit les mêmes mots, écrits les mêmes textes rien que cette année, après chaque pute morte. C’est à chaque fois la même chose, on fait face au même silence, à la même normalisation et la seule réponse de notre part acceptable est un gentil rassemblement encadré par la police pour demander une protection étatique.
Chaque 17 décembre, comme à chaque TDOR, c’est la même chose. Combien de morts, de viols, d’aggressions, d’enfermements, d’expulsions avant qu’on réalise que l’État ne nous aidera pas et qu’on ne peut pas se tourner vers lui ?
Oui je veux des moments de recueillements pour honorer mes adelphes putes mais je refuse d’en faire des moments d’appels à l’aide aux politiciens.
Pour celleux qui le veulent, il y aura un moment de rencontre pour s’organiser ou renforcer nos solidarités le lundi 13 janvier au Schlass à 16h (espace d’organisation autogéré TPG à la parole errante, Montreuil). Si vous aussi vous avez la rage, et l’envie de se rencontrer autour des enjeux de la puterie, que vous soyez TDS ou juste complices, n’hésitez pas à venir !
(Si y a l’envie de faire des retours, des propositions ou juste d’échanger, hésitez pas à écrire à permenton@riseup.net)