En juillet 2016, Adama Traoré était tué par les gendarmes de Beaumont (95). Plusieurs soirs de révoltes ont suivi. Si beaucoup de personnes ont eu connaissance de la répression mise en œuvre à l’encontre la famille Traoré et en particulier de Bagui (le frère d’Adama), peu se sont intéressés aux autres mis en examen dans cette affaire instruite à Pontoise depuis l’année dernière.
Dès l’arrestation de Yohan (le prénom a été changé) en octobre 2016, une solidarité s’est mise en place autour de ses proches : visites, contacts téléphoniques avec la famille et puis, dès que possible, permis de visite pour aller le rencontrer au parloir, une fois par mois. Des mandats (envoi d’argent en détention) ont également été pris en charge par une caisse de solidarité.
Aucune communication n’a été faite à ce sujet, conformément à la volonté des principaux concernés (Yohan et sa famille).
La semaine dernière, la police s’est visiblement intéressée de près à l’expression de cette solidarité. En début de soirée, le camarade titulaire du permis de visite au parloir a été contacté par des policiers de Versailles, sous le faux prétexte d’une usurpation d’identité. Comme il était en arrêt de travail, il ne pouvait pas se déplacer aussi loin et surtout pas sur le fondement d’une simple convocation orale pour une usurpation d’identité dont il n’avait aucune connaissance (et pour cause).
Le lendemain, les policiers ont donc sonné à sa porte dès le matin. Après plusieurs nuits courtes en raison de la douleur, le réveil a été brumeux. Les questions des policiers portaient non pas sur une usurpation d’identité, mais sur les liens qu’il entretiendrait avec les inculpés dans les révoltes de Beaumont. Rapidement, notre camarade a demandé à mettre un terme à cette audition sans statut (en pyjama dans son salon), suite à quoi il s’est vu remettre une convocation pour deux heures plus tard dans son commissariat de quartier. La rapidité de la convocation et les circonstances de l’audition ont clairement constitué des tentatives d’intimidation intolérables.
Pour rappel, soutenir un prisonnier et sa famille est parfaitement légal.