La « maison du projet » de Romainville a été incendiée dans la nuit du 21 au 22 juillet. L’incendie volontaire a complètement détruit ce bâtiment, « lieu de démocratie, d’information et d’échange » (selon le site de la mairie) consacré au grand projet de rénovation du quartier Youri Gagarine et ouvert le 30 juin dernier. Ce dernier avait déjà été visé par un incendie le 16 juillet.
La manière dont la rénovation de ce quartier de Romainville est menée fait débat au sein des habitants du quartier, qui dénoncent un projet ne tenant pas compte de leur avis. En effet, le dossier semble avoir été porté de manière unilatérale depuis le début par la mairie de Romainville, Romainville Habitat, le cabinet d’architecte Brenac-Gonzalez et les promoteurs immobiliers (Nexity, BNP Paribas et Eiffage).
Mis à part une « consultation », dont on connaît les limites pour ce genre de projets soutenus par des promoteurs immobiliers (voir à ce sujet l’article sur le débat public d’Europa City) et un « conseil citoyen », dont le rôle ne semble être que consultatif, qui a été arraché de haute lutte par les habitants en 2016, et ces derniers ne peuvent pas intervenir dans un processus de rénovation qui va affecter leurs conditions de vie durant la prochaine décennie (certaines barres d’immeubles vont être détruites, et des tours vont être rénovées, entraînant des déménagements forcés).
Cette rénovation est un programme de l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine), qui finance donc une grande partie du chantier.
Bien que les motivations des incendiaires ne soient pas connues, le communiqué de la mairie ne fait pas état du mécontentement de certains habitants quant au déroulement du projet, mais mentionne uniquement les faits de violence dans le quartier et une volonté de certains de ne pas vouloir de changement. Cela est gros de sous-entendus sur les motivations, et dépolitise complètement ce geste. Il se peut que cette action n’ait pas eu d’origine politique, mais comme souvent pour les analyses de ce qu’il se passe dans les quartiers populaires, le communiqué rend impossible toute interprétation politique.