Remise à l’endroit ?

Confinement, anti-confinement, masques, pas masques ! Symétrie entre imposition et contestation. La confusion étend ses territoires, l’une brutale, celle de l’État et de ses donneurs d’ordre, l’autre gesticulant avec des motifs à courte vue condamnée à rester sans effet. Propositions.

Pénible et sinistre, voilà deux adjectifs qui valent aussi bien pour les décisions gouvernementales que pour ceux qui prétendent s’y opposer.
Quels matériaux y a-t-il pour justifier ou contester le confinement ? Courses aux statistiques, fouilles dans l’INSEE, surveillances des experts, archéologies des controverses ? Trucages et détrucages des informations ? Quels moyens d’affirmer ou d’infirmer qu’il y a pandémie (ou pas) en cours ? Mensonges vrais ou vérités mensongères ?

L’État et ses associés ont pour l’heure réussit la prouesse d’effacer des esprits la course à l’accumulation capitaliste et l’hystérie de l’économie comme responsables de l’épidémie et d’en transférer la culpabilité, comme toujours, sur le citoyen en l’assommant de menaces et d’angoisses.
Du côté des opposants et réfractaires, ce sont des vagues massives de bouffées délirantes, gémissements infantiles, réactions irrationnelles, critiques où se mélangent confusion, imaginaire et affaires de détails.
S’opposer au confinement et aux masques - sans affirmer quoique ce soit quant à leur efficience ou non - n’est-ce pas une manière d’exiger un retour à la « cage départ » comme l’annonce un graffiti relevé sur un mur.
C’est un déroulé de constructions, de mixtures d’infos non vérifiées, de croyances variant, selon les moments, de la simple suspicion au complotisme le plus débridé.
Que cherchent-ils ? A dénoncer l’ignominie des autorités ?
Y a-t-il besoin de ces déferlements d’affirmations biaisées et de surenchères d’amalgames à la sauce Prévert, qui se pensent naturellement savantes, pour convaincre et se convaincre de l’ignominie des autorités ? Cherchent-ils à exacerber la colère ? Espèrent-ils que les révélations sur la voracité big-pharma’ vont pousser les gens dans la rue, toutes gentes qui lorsqu’ils leur arrivent d’être franchement et publiquement en colère sont exécutés comme étant des « casseurs » ?
Autant de détails infantiles qui se ridiculisent eux-mêmes en répondant avec une symétrie pointilleuse aux diktats étatiques : une riposte qui n’a comme seule dynamique que celle du miroir.
Les pouvoirs disent blanc : alors les « résistants » disent noir. Voilà de quoi satisfaire le bon équilibre du « tout continu » qui ne peut que s’engraisser encore avec d’aussi faibles et superficielles ripostes agitées de pensée magique.

L’ignominie actuelle n’est pas le confinement en tant que tel, mais réside dans le fait qu’il soit incomplet. Alors qu’Il est dit, par les médias et tous les pouvoirs - et qu’importe la réalité ou non de ces affirmations - que la situation est grave et d’une grande dangerosité, l’activité économique est maintenue et protégée, mettant en péril la vie de ceux qui doivent se rendre à leur travail ou à leurs études.
Il y a là une oscillation entre la tragédie et le grotesque. Arrêter totalement l’économie ressortirait de la plus grande cohérence. N’a-t-il pas été clamé, la main sur le coeur, que « la sécurité sanitaire passe avant l’économie. Et que je ferai tout, et etc… » ?
Encore une fois, le pire qui puisse arriver aux pouvoirs et à l’économie est de les prendre au mot. Plus de télé, radio, essence, bouffe, téléphone, etc, et voir, alors, ce que cela produit, avec, inévitablement, les tragédies, les souffrances, et aussi l’inventivité et les possibles et douloureuses reconquêtes, serait une menace d’une autre portée que celle d’applaudir ou protester en vue d’un retour aux situations antérieures de contraintes et d’asservissement.
Ne voilà t-il pas l’occasion rêvée, sans omettre les cauchemars, de bloquer l’économie, pour reprendre une des perspectives de l’agitation sociale en cours depuis plus de deux ans ?
Des dizaines de milliers d’expériences d’auto-organisation auront été mises en place lors du premier confinement. Il est remarquable de noter le silence et l’occultation, voire l’indifférence, qui auront marqué ces tentatives de renversement social à grande échelle.

Les lycéens cherchant à bloquer leurs établissements auront été les plus cohérents en exigeant la mise en place de mesures sanitaires à la hauteur des discours étatiques, quelqu’en soit leur réalité ou non.

Une telle proposition aurait une autre gueule que les réclamations de réouverture des commerces, les manifs anti-confinement, les refus de porter le masque et les accusations contre Bill Gates, grand reptilien fabricant de chem’s trail comme chacun sait. Basta les « j’aime Raoult. Mais moi je préfère l’artémisia » !

Une telle prise de position n’aurait évidemment aucune chance d’aboutir, pas plus que les réclamations actuelles sur la demande de levée des couvre-feux et du confinement.
Mais au moins remettrait-elle au cœur des débats des questions majeures sur l’accumulation de richesses, le « non-nécessaire et l’indispensable », les bullshit jobs, le « localisme », les liens sociaux, etc.

A l’aune de ce genre d’orientation, pourrait s’ouvrir alors l’hypothèse de quantité d’actions et de discussions d’une autre portée, compte-tenu de la défiance et de la colère qui s’expriment partout aujourd’hui.

Walt

Mots-clefs : économie politique | covid

À lire également...