ANTIFA = FREE PALESTINE – Une déclaration d’anarchistes / antifascistes à Berlin (Novembre 2024)

En Allemagne, nous sommes également confrontés à un problème unique et très allemand : une proportion significative d’Allemand·e·s blanc·he·s non juifs·ves autoproclamé·es « antifascistes » soutiennent avec enthousiasme le projet sioniste. Il est clair qu’il existe une confusion dans le mouvement « antifasciste » en Allemagne. Nous devons la remettre en question et mener une réflexion plus proactive sur la gauche radicale, dont nous faisons partie. C’est à nous tous qu’il incombe d’apporter des changements.

Article publié en anglais et en allemand sur kontrapolis en novembre 2024.

En tant qu’anarchistes, antifascistes et membres de cercles autonomes à Berlin, nous sommes pleinement solidaires de tous les mouvements de libération, de la Palestine au Congo, du Kurdistan au Chiapas, de la Papouasie occidentale à l’île de la Tortue, d’Abya Yala au Soudan, du Sahara occidental au Myanmar, d’Haïti à la Kanaky, et partout dans le monde. Nous défendons fermement une véritable solidarité internationaliste, intercommunautaire, antiraciste, queer et trans-féministe.

L’oppression implacable des Palestinien·ne·s (en Palestine et dans la diaspora) et cette dernière phase de la Nakba et du génocide en cours ont montré les vrais visages et les vraies valeurs de nombreux gouvernements libéraux et de leurs appareils d’État. L’État allemand est lui aussi pleinement complice du génocide en Palestine, par son soutien fanatique à « Israël » et à toutes les « valeurs occidentales » qu’il représente : occupation et exploitation brutales, apartheid et nettoyage ethnique des populations indigènes. L’antifascisme anticolonial doit faire partie intégrante des luttes de libération de tous les peuples. Le véritable antifascisme est anticolonial.
Il ne fait aucun doute que l’Allemagne est experte en matière de militarisme, de guerres et de génocides : celui des peuples Herero et Nama, du peuple Juif d’Europe, du peuple Rom/Sinti, l’aide au génocide du peuple Arménien par la Turquie.... la liste est encore longue.

En Allemagne, le récit de la prétendue repentance et expiation de l’Allemagne, l’instrumentalisation de la culpabilité allemande à l’égard du peuple juif, l’autoproclamée « Staatsräson » (« raison d’État ») de l’Allemagne et sa « culture de la mémoire » sélective et hautement conservée sont mis en avant pour justifier le soutien actif au génocide.
Les représentants élus de l’Allemagne lèchent les bottes d’ « Israël », offrant une couverture diplomatique aux crimes sionistes, tandis que la plupart des médias répètent et amplifient la propagande de l’État israélien.

Une grande partie de la société allemande, dominée par les Allemand·e·s blanc·he·s, reste silencieuse alors qu’un nettoyage ethnique est en cours, tandis qu’« Israël » commet quotidiennement des atrocités inimaginables, aidé par l’Allemagne et ses livraisons d’armes et de technologies pour tuer toute vie à Gaza. Beaucoup en Allemagne refusent de reconnaître (ou nient carrément) la violence coloniale brutale en Palestine, l’annexion continuellement meurtrière de la Cisjordanie, les meurtres de masse à grande échelle et le régime d’apartheid. « C’est compliqué », prétendent-iels. Mais à l’heure où un génocide est diffusé quotidiennement sur nos écrans, le silence est synonyme de complicité – et c’est ainsi que l’on s’en souviendra.

Le mouvement Free Palestine en Allemagne est pris pour cible de toutes parts : L’État, les néo-nazis, les institutions, la société civile allemande, les « citoyen·ne·s concerné·e·s », les libéraux·ales et ceux·lles que l’on appelle les « Anti-Deutsche » (« Allemands anti-allemands »).
Sous couvert de « lutte contre l’antisémitisme », de nombreuses personnes appelant à la fin du génocide et de l’occupation sont criminalisées (en particulier les personnes originaires de régions à majorité musulmane, les personnes non blanches, les Juifs·ves antisionistes), placées sur des listes rouges, déprogrammées, arrêtées, bannies, insultées, attaquées et harcelées.
En Allemagne, nous sommes également confrontés à un problème unique et très allemand : une proportion significative d’Allemand·e·s blanc·he·s non juifs·ves autoproclamé·es « antifascistes » soutiennent avec enthousiasme le projet sioniste. Ces pions malavisés et agaçants de l’État, les « Anti-Deutsche », qui sont prétendument de la gauche radicale, sont intentionnellement ignorant·es lorsqu’il s’agit du sionisme et d’Israël. Leur geste emblématique, toujours prévisible, consiste à attaquer quiconque ose s’exprimer en faveur de la Palestine en les qualifiant d’« antisémites », d’islamistes, de membre du Hamas, de fascistes et/ou de nazis.

Il est clair qu’il existe une confusion dans le mouvement « antifasciste » en Allemagne. Nous devons la remettre en question et mener une réflexion plus proactive sur la gauche radicale, dont nous faisons partie. C’est à nous tous qu’il incombe d’apporter des changements.

Nous devons lutter contre tous les racismes, en particulier le racisme antimusulman et la haine anti-juive, dangereux et de plus en plus toxiques, qui sévissent dans ce pays.

Nous rejetons la prétendue « raison d’État » (« Staatsräson ») de l’Allemagne et nous refusons de reconnaître non seulement « Israël » comme un État légitime, mais aussi l’État allemand et tous les États. En tant qu’anarchistes, antifascistes et anti-autoritaires, nous pensons que tous les États et toutes les frontières doivent être abolis. Nous nous opposons à toute forme de structure de pouvoir hiérarchique et autoritaire, ainsi qu’aux idéologies ou concepts tels que les États ou les partis politiques qui placent certaines personnes ou entités au pouvoir et déterminent la vie des autres. Par conséquent, notre lutte vise à la désintégration des régimes fascistes, sionistes, racistes et ethnocratiques d’« Israël » et de tous les autres États dans le monde.

Nous demandons la fin immédiate de l’apartheid et de l’occupation de la Palestine. Les Palestinien·ne·s devraient pouvoir retourner chez eux·elles. Nous plaidons pour la libération de la Palestine et soutenons que tous ses habitant·e·s devraient y vivre et s’y épanouir en paix, du fleuve à la mer. Nous luttons pour la liberté de toutes.

PLUS JAMAIS ÇA veut dire PLUS JAMAIS ÇA, POUR PERSONNE !

Mots-clefs : Palestine | Allemagne

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