Marche des solidarités : cortège libertaire contre le racisme d’état

Appel à un cortège libertaire contre le racisme d’État, lors de la Marche des solidarités, à l’initiative d’Alternative libertaire et de la CGA - Coordination des Groupes Anarchistes

Communiqué de la Coordination des groupes anarchiste

Contre le racisme d’État, Autodéfense antiraciste et Luttes populaires !

Communiqué de la CGA Région Parisienne appelant à la marche des Solidarités, le 17 mars départ 14h d’Opéra – Paris.
Encore une fois de plus le racisme d’État frappe et gagne des avancées considérables dans la société. Le nouveau projet de de loi Asile-immigration du gouvernement Macron se place au cœur de l’appareil raciste d’État et prévoit d’ illégaliser et de réprimer de plus en plus de travailleurs et travailleuses migrant-es exilé-es. Cette loi scélérate vise à éliminer toute possibilité d’existence en allongeant la durée de rétention , en diminuant les chances d’obtenir l’asile, et en permettant la traque jusque dans les centres de misère où les personnes sont hébergées. Quelques jours après la mort d’un exilé soudanais devant le centre d’accueil « Utopia » à Paris et alors que la Méditerranée continue d’enterrer des milliers d’exilé-es, le cynisme meurtrier du gouvernement ne connaît pas de limites.
La période de régression sociale que nous subissons est propice au développement du racisme. Les pouvoirs s’appuient sur ce système de domination raciste pour diviser ceux et celles qui auraient intérêt à s’unir pour contrer les effets dévastateurs du capitalisme : désigner des boucs-émissaires comme responsables du chômage, de la précarité et de la misère, permet à la bourgeoisie de détourner les classes populaires des revendications d’égalité économique et sociale. A ce titre la lutte antiraciste est un enjeu essentiel pour l’ensemble de ceux et celles qui luttent pour l’égalité.
Nous dénonçons l’État policier et ses crimes racistes. Un contrôle d’identité qui tourne mal, une personne est tuée. La police plaide la légitime défense ou une mort « naturelle ». La victime est criminalisée. L’État et les médias relaient la version officielle, c’est-à-dire la version policière. Et la justice acquitte. Toujours le même scénario. 90% des victimes de crimes policiers sont racisées1. Ce n’est pas un hasard.
Depuis dix ans, ce sont des dizaines de victimes tombées sous les coups et les balles de la police : Lamine Dieng, Wissam El Yamni, Amine Bentounsi, Lahoucine Ait Omghar, Ali Ziri, Abdelhakim Ajimi, Abdoulaye Camara, Bilal Nzohabonayo, Adama Traoré, Yacine… et tant d’autres. En 2017, 18 personnes sont mortes aux mains de la police
À chaque fois, mensonges d’État, mensonges de la police, une justice complice qui acquitte voire couvre, nie ou légitime. Pourquoi ? Parce que les crimes policiers sont le fait d’un racisme d’État. La police peut tuer en toute impunité, parce qu’au regard de la République, historiquement coloniale et esclavagiste, certaines vies ont moins de valeur que d’autres. Ni erreur, ni bavures : la police est un appareil d’État dont la violence est organisée rationnellement et légitimée par des procédures légales. Le contrôle d’identité au faciès, comme un rappel à l’ordre symbolique, est l’expression quotidienne d’un racisme structurel . C’est, pour la police — au service de l’État — un moyen de contrôle et de soumission des minorités nationales et religieuses. État et police, main dans la main, perpétuent ainsi la domination blanche et bourgeoise.
Dans un contexte de peur et de méfiance, en plus de la pression sociale qui étouffe les couches populaires les plus précaires (pouvoir d’achat, chômage, précarité des salaires, remise en cause des acquis sociaux les plus élémentaires), les Fidèles et les compradores capitalistes se frottent les mains et profitent pour prendre nos libertés et nous détourner des réalités sociales, par les mesures de l’état d’urgence imposées dans le droit commun.
Nous dénonçons le climat raciste et islamophobe qui sévit dans ce pays et en Europe depuis plus de vingt ans avec son corollaire de lois liberticides et répressives envers les immigré·e·s, les musulman·e·s et les minorités nationales. C’est ce qu’on observe déjà rien que dans les menus pur porc imposés. C’est l’augmentation des actes de violence à l’encontre des musulman·e·s et des personnes désignées comme telles, la chasse aux femmes voilées (dans les écoles, universités, lieux d’hébergement, touristiques…),
Nous dénonçons de même un antisémitisme où la minorité nationale juive est rendue responsable de l’oppression des autres minorités, dans un contexte de multiplication des actes antisémites, dont la prise d’otage début janvier. Mais nous ne sommes pas dupes et dénonçons l’instrumentalisation de l’État qui cherche systématiquement à désigner les musulman·e·s, comme intrinsèquement antisémites et hostiles aux Juives et Juifs. Un tel discours permet d’activer des dynamiques racistes et islamophobes alors que l’antisémitisme est en réalité un vieux produit du nationalisme français.
« L’unité nationale » se fait automatiquement dans l’exclusion des minorités opprimées (immigré·e·s, Rroms, sans-papiers, LGBTI…). Mais bien plus, les monter les unes contre les autres est aussi une stratégie d’État pour maintenir son pouvoir.
Nous n’oublions pas plus généralement la misère sociale, la stigmatisation par l’État et les médias des minorités musulmanes et Rroms et l’impérialisme des États, qui ont largement leur part de responsabilité dans le climat actuel.
Dans un contexte s’inscrivant dans la montée générale du fascisme, tout ceci converge vers un même prétendu « choc des civilisations » qui entretient l’idée d’une « guerre de tou·te·s contre tou·te·s ».
En tant qu’anarchistes, nous refusons cela et prônons la lutte contre le système capitaliste, patriarcal, raciste, impérialiste et néocolonial, par tous les moyens requis, incluant la prise en charge de notre propre autodéfense.
Nous devons permettre l’alliance entre toutes les minorités opprimées, qu’elles soient religieuses, nationales ou sexuelles, de manière autonome et sans hiérarchie. Nous avons besoin de nous unir autour de nos intérêts communs, sur des bases de classe, pour développer des luttes populaires capables de faire plier nos ennemis : États et bourgeoisies, quelles que soient les étiquettes dont ils se parent (« républicain », « islamiste »…).

Communiqué d’Alternative Libertaire contre la loi Collomb

Avec l’arrivée au pouvoir de Macron, la politique de fermeture des frontières et de chasse aux migrant-e-s s’aggrave encore

Une machine à expulser

Près de 50 000 personnes ont été expulsées en 2016, et la tendance a été à la hausse en 2017. l’année dernière, près de 300 enfants ont été enfermés en centres de rétention pour être expulsés avec leurs parents, tandis que le nombre de régularisations stagne depuis des années. Si les personnes sans- papiers font depuis longtemps les frais de cette politique, précarisées, exploitées par leurs patrons, enfermées et expulsées, ce sont aujourd’hui jusqu’aux demandeurs et demandeuses d’asile qui se trouvent victimes de la violence d’état.

Le règlement Dublin, qui prévoit qu’une demande d’asile ne peut être introduite que dans le premier pays européen traversé par une personne en quête de protection, est appliqué avec zèle par des préfets trop heureux de se débarrasser des demandeurs et demandeuses d’asile en les expulsant vers d’autres pays d’europe. l’expulsion des personnes « dublinées » s’avère une véritable usine à gaz, certaines pouvant être expulsées, revenir sur le territoire, puis à nouveau embarquées... la France se livre ainsi à des parties de ping-pong sans fin avec les autres états européens, déportant à tout va des personnes souvent déjà traumatisées par les épreuves qu’elles ont traversées.

Un projet de loi pour surveiller et traquer

Autre aspect de cette politique de non-accueil, les personnes exilées se retrouvent laissées à la rue, harcelées par des services de police sou- cieux de les disperser et de les invisibiliser. Aux frontières italiennes, dans le Calaisis et dans les grandes villes, les bidonvilles et les campements de fortune se multiplient, avec le cortège de violences policières qui y est associé. et quand les personnes exilées bénéficient d’un hébergement, elles s’y retrouvent fichées et contrôlées : depuis les circulaires Collomb publiées en décembre, les services de la préfecture peuvent surveiller et interpeller jusque dans les centres d’hébergement.

Le projet de loi sur l’immigration actuellement discuté au parlement poursuit cette logique. le gouvernement compte mettre en place des mesures qui portent atteinte aux droits fondamentaux des migrants et criminalisent l’acte même de migration : pénalisation de l’entrée en France et du travail sous fausse identité, élargissement de mesures punitives comme les interdictions de retour... Surtout, le projet de porter à 135 jours (quatre mois et demi !) la durée maximale d’enfermement en centre de rétention, constitue une terrible violence physique, psychique et symbolique.

Une politique sous-tendue par un racisme d’État

Le racisme d’État qui sous-tend cette politique utilise et renforce l’hostilité d’une partie de la population envers les personnes exilées. Même si nous sommes nombreux et nombreuses à manifester notre solidarité au quotidien et si les chiffres démentent : en 2017, 100 000 demandes d’asile ont été enregistrées, seulement 17 % de plus qu’en 2016... la France a largement les moyens d’accueillir dans ces proportions. Mais le gouvernement prétend trier les personnes et chasser les « fraudeurs » venus profiter (de quoi, on ne sait pas), sans questionner la cause des migrations et la responsabilité de la France dans les crises qui traversent les divers pays de départ des migrant-e-s.

Quelles que soient ses raisons, chaque migration est légitime ; chaque personne doit pouvoir vivre dignement où elle le souhaite. Plus que jamais, l’abrogation du règlement Dublin, la liberté de circulation et d’installation restent les seules réponses possibles à une prétendue « crise migratoire » qui n’est que la crise de l’accueil des gouvernements européens.

Localisation : Paris 8e

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