19 avril 1943 : « Pour notre liberté et la vôtre », l’insurrection du Ghetto de Varsovie

| JJR - Juives et Juifs Révolutionnaires

« Nous ne nous battons pas pour sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d’ici. Nous voulons sauver la dignité humaine. »
Arie Wilner, combattant du ghetto de Varsovie.
(Article de 2015)

Le 19 avril 1943, le ghetto de Varsovie se soulève. Se sachant vouéEs à l’extermination, n’ayant plus rien à perdre, les Juifs et les Juives qui y vivent et y ont été parquéEs ont préféré mourir debout qu’à genoux.

Malgré le manque d’équipement et l’isolement, uniEs par-delà leurs divergences religieuses ou politiques, illes résistent à l’armée allemande, tenant tête à l’une des armées la plus puissante du monde. Après près d’un mois, le 16 mai, les nazis parviennent à leurs fins, le ghetto est rasé, les survivants et les survivantes déportéEs et assassinéEs. Ce dénouement était prévisible, les combattants et combattantes qui se sont révoltéEs n’en espéraient pas d’autre.

Contrairement à ce que certainEs pensent, les Juifs et les Juives ne se sont pas laisséEs mener « comme un troupeau à l’abattoir ». Dans la nuit nazie, certainEs ont tenté de se cacher, un petit nombre a même travaillé avec les oppresseurs en espérant sauver sa vie. Face à l’orage, chacun et chacune tente de se protéger comme ille peut, les stratégies individuelles sont donc un choix logique, ceux et celles qui préfèrent combattre n’en sont que plus admirables. Durant toute la Seconde Guerre Mondiale, des milliers de Juifs et de Juives ont ainsi risqué et sacrifié leur vie contre le nazisme parmi les partisans et partisanes, les groupes de résistance ou dans les armées alliées ou soviétique. Le soulèvement du ghetto de Varsovie est un symbole. Il montre que face à l’antisémitisme et aux persécutions, les Juifs et les Juives peuvent ne pas se laisser faire, que même en situation désespérée, nous pouvons riposter.

Notre histoire est pleine de tentatives de résister aux antisémites. Le soulèvement du ghetto est l’héritier d’une tradition qui va des groupes d’auto-défense face aux pogromistes de 1881 jusqu’aux aux zelbshuts (mot yiddish pour « auto défense ») organisés pour résister aux petliouristes dans les années 1917-1920, en passant par les comités juifs de soldats formés en 1918. Partout où ils ont été oppriméEs, des Juifs et des Juives ont choisi de faire face, que ce soit en Europe centrale et orientale (dans les communautés ashkénazes) ou dans le monde oriental et méditerranéens (chez les populations séfarades et mizrahim), depuis les combats en Égypte face aux persécutions de l’Empire romain jusqu’aux byrionim de la Lybie ottomane. Notre histoire est riche de persécutions, elle l’est tout autant de luttes et de résistances.

Le 16 mai 2015, nous ne sommes heureusement pas dans la même situation que les héros et héroïnes du ghetto de Varsovie. Juifs et Juives ne sont pas déportéEs ou massacréEs. Nous ne sommes pas contraintEs à nous cacher et ne vivons pas dans la peur d’une rafle. Mais l’antisémitisme progresse dans la société, et nous nous retrouvons de plus en plus face à des discours nous considérant comme des éléments étrangers à la société française, des relais sionistes, des acteurs et actrices d’un complot occulte, etc. Parfois les antisémites passent à l’acte, et agressent, insultent ou même assassinent des Juifs et des Juives. Dans le même temps, d’autres groupes (MusulmanEs, Rroms, etc.) sont la cibles de discours et de pratiques racistes, qui viennent souvent des plus hauts niveaux de l’État.

N’attendons pas que la situation s’aggrave pour réagir. Si les combattants et les combattantes du ghetto ont pu lutter dans une situation désespérée, nous nous devons de nous battre ici et maintenant pour que plus jamais ne tombent ou se construisent de nouveaux ghettos de Varsovie.

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