Entre deux rendez-vous, j’ai été faire un tour sur leur site internet. Première surprise, dans le « qui sommes-nous », on apprend que c’est une association. Une association. Preuve une nouvelle fois que l’exploitation n’est pas réductible au salariat et au privé... Le capitalisme est un rapport social qui dépasse le simple fait de faire du profit, n’en déplaise aux mélenchonistes... Les trois domaines d’Agro-Form sont :
- L’organisation de « formation et de qualification » (principalement pour Pôle Emploi)
- Centre d’évaluation des compétences (ce que vous êtes en train de lire)
- Conseil de recrutement dans les entreprises (du consulting associatif quoi)
La forme associative est donc une interface pour relier Pôle Emploi, complètement à côté de la plaque et en extériorité par rapport au monde du travail, et les entreprises en recherches de « compétences » (et occasionnellement d’une main-d’œuvre pas chère). Je vais essayer de savoir d’où viennent les subventions, car quand même ils sont capables d’avoir deux appartements magnifiques à Strasbourg St-Denis, quartier qui s’embourgeoise de manière impressionnante.
Bref : me voilà interrompu dans mes réflexions par une jeune trentenaire dynamique, blonde et souriante qui me tend une batterie de tests. Avec moi il y a deux femmes quarantenaires et deux « seniors » (un homme et une femme). Vous savez, les seniors, ceux à qui les conseillers expliquent que « au-dessus de 55 ans, vous savez ça sert pas à grand-chose de chercher parce que bon... ». Les « seniors » qui sont baladés de formations en formations, de stage en stage en attendant la retraite. Mais ça serait malvenu de les laisser partir en retraite sans les faire un peu chier. Les « seniors » sont les principales victimes des conseillers Pôle Emploi zélés. Parmi mes coéquipiers, je retrouve la femme qui m’avait expliqué ses déboires avec sa conseillère durant le dernier rendez-vous. Sourires complices.
La blondinette nous explique les tests. On sent bien qu’on va pas trop s’amuser.
Premier test. On a 10 listes de 12 métiers. Sur chacune des listes, il faut mettre des chiffres de 1 à 12 en fonction de ce que tu préfères (1 tu kiffes, 12 tu détestes). Allez c’est parti.
Prêtre : 12, faut pas déconner.
Guitariste : 2 bah ouais c’est cool guitariste et tant pis si je fais partie de la catégorie des gens qui sont obligés de regarder les autres pour être dans le rythme quand on applaudit.
Caissier de grand magasin, bof : 7.
Publicitaire : 12.
Travailleur social, ouais au moins tu es avec des pauvres : 1.
Bon ça prend du temps mais c’est marrant. Tu vois vraiment ce que tu veux pas faire. Moi j’ai choisi de jouer le jeu mais je pense, tu peux mettre vraiment n’importe quoi !
Deuxième test. Une liste d’activités et en face il faut mettre un numéro. Chaque numéro a une signification :
1= rejet
2= indifférence
3= acceptation
4= choix
5= préférences
Quelques activités vous font bien marrer. Par exemple : « s’engager chez les paras commandos pour sauter en parachute, escalader des pics ». Devenez vous-mêmes, quoi... Avec un minimum de réflexions sur le contexte, tu peux te dire « oulala ça risque de craindre ça ! ». Par exemple « Aller visiter les parents suivis par la PJJ et les conseiller sur l’éducation de leurs enfants ».
Tout cela dure trois plombes. On s’ennuie un peu.
Un autre test propose une auto-évaluation de vos qualités et défauts (autonomie (sic), sens de l’observation, accueil...) et enfin on doit écrire, sous un grand titre « test de langue française », une expérience professionnelle qui nous a apporté une grande satisfaction. C’est un peu dur mais je trouve quand même.
Bon, au final je rends le tout. Je vais pisser et en profite pour voir un très beau verre Ricard dans les chiottes. La prochaine fois je l’embarque ! Allez, à bientôt pour de nouvelles aventures !