APPEL À RASSEMBLEMENT
5 OCTOBRE PLACE SAINT-MICHEL 14H
Mardi 24 septembre, alors qu’on ne s’y attendait plus, s’ouvrent les débats autour de l’ouverture des procédures dites de « procréation médicalement assistée » à toutes les femmes, lesbiennes et célibataires, pas simplement celles en couple avec un homme. Après un certain nombre d’hésitations, de fausses promesses et de remises à plus tard, on y arrive enfin, pour la plus grande joie de la plupart des associations LGBT qui saluent la réforme proposée par le gouvernement. Pourtant, pour nous, gouines contre nature, il n’y a pas de quoi se réjouir.
La PMA voulue par la majorité et défendue par la ministre de la Santé Agnès Buzyn transforme le donneur de gamète en « père biologique », et le don de spermato en « origines » pour nos enfants. Nous refusons de laisser l’État nous imposer des présences masculines dans nos familles, car nous y voyons une manière de nous rappeler que celles-ci n’ont de la valeur seulement quand nous avons un lien avec un homme. Nous voulons vivre nos maternités librement et nous n’admettons pas que l’ordre répressif hétérosexuel nous impose ses termes et sa vision réactionnaire de la famille.
Pour préserver ce modèle hétéro, l’État refuse aux hommes trans d’accéder à la PMA dès lors qu’ils auront effectué leur changement d’état civil. Les femmes transgenres, si elles auront accès à la PMA en étant en couple avec une femme cisgenre, n’auront aucune reconnaissance de maternité à la naissance de leurs propres enfants, et seront obligées de passer par l’adoption. Cela fait seulement deux ans que les personnes trans ne sont plus stérilisées de force, et elles n’ont toujours pas de droit à procréer librement.
On nous rejoue la musique de 2013, en opposant le droit des femmes lesbiennes et célibataires à faire famille à la thèse préférée de l’extrême droite : l’intérêt de l’enfant. Nous devrions tout accepter, de la levée de l’anonymat des donneurs au monopole des médecins sur le processus de procréation, sous peine d’être pointées du doigt comme des femmes capricieuses, égoïstes et négligentes du bien-être de leurs enfants. Ces arguments, nous les connaissons bien, puisque nous les entendons quand nous avortons, quand nous accouchons sous X, et à chaque fois que nous luttons pour le droit de disposer librement de nos corps.
Nous avons toujours eu des enfants, nous avons toujours trouvé des moyens. Nos familles existent déjà que cela vous plaise ou non. Nous exigeons de ne plus vivre dans la peur de voir surgir des hommes sortis de nulle part s’immiscer dans nos vies. Nous n’acceptons pas les galères administratives et juridiques que l’État français nous impose.
Nous refusons le regard médical, blanc, bourgeois, hétérosexuel, cisgenre qui nous dit quand et comment nous devrions construire nos familles. Nous voulons avoir des enfants quand nous le souhaitons, si nous le souhaitons, dans les conditions que nous souhaitons.