La guerre aux pauvres continue à Saint-Denis

À Saint-Denis la violence policière s’abat régulièrement sur les vendeur·euse·s de rue : confiscation des marchandises, courses-poursuites et intimidations sont des pratiques courantes.

Suite à l’interpellation particulièrement violente d’un vendeur de rue le 17 décembre 2019, nous, habitant·e·s de Saint-Denis, avons décidé d’écrire ce texte contre la répression policière.

Cette motion a été votée à l’unanimité lors de l’AG interprofessionnelle et intersyndicale du 93 du 19 décembre 2019.

Motion contre les violences policières et l’exclusion à Saint-Denis

Votée à l’assemblée générale interprofessionnelle intersyndicale de Seine-Saint-Denis le 19 décembre 2019 à l’université Paris 8.

Mardi 17 décembre 2019, un peu avant 14h, au croisement entre la rue de la République et la rue Gabriel Péri, un homme a été violemment frappé au sol, gazé et arrêté par la police municipale et des agent·e·s de surveillance de la voie publique (ASVP) de Saint-Denis. Il avait refusé de donner le sac qu’il portait en bandoulière à l’agent ASVP qui voulait le lui prendre. Une voiture de police a foncé dans la rue, malgré la forte affluence, pour prêter main-forte aux agents ASVP. Les agent·e·s l’ont projeté au sol, l’ont gazé dans les yeux à plusieurs reprises, lui ont mis les menottes. Un agent ASVP l’a gazé à bout touchant, alors même qu’il était par terre, allongé, les mains dans le dos, en train d’être menotté. L’homme a été conduit et embarqué dans la voiture de police. La police a interpellé son collègue peu de temps après. Ils ont passé tous les deux la nuit au commissariat.

Tous les témoins de la scène ont été choqués. Les passant·e·s se sont accordé·e·s pour dire que ce qui s’était passé n’était pas normal, car l’homme n’avait rien fait de mal. « C’est un homme. Il doit être traité humainement. » Un groupe de témoins s’est mis d’accord pour aller au commissariat protester contre ce qui venait de se passer, et a trouvé le soutien de militant·e·s liés à l’assemblée générale interprofessionnelle de Saint-Denis qui venaient de se rassembler en soutien à des camarades interpellé·e·s dans la même journée dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites.

Ce n’est pas la première fois que la police municipale, dont une des missions officielles est de « traquer les vendeur·euse·s à la sauvette » [1], malmène les vendeur·euse·s de rue. La saisie de marchandises, les courses-poursuites et les intimidations sont des pratiques quotidiennes qui visent à évincer les vendeur·euse·s de rue de l’espace public.

Nous, habitant·e·s de Saint-Denis, constatons que la répression policière s’abat massivement sur les opposant·e·s politiques : évacuations violentes des blocages de dépôts RATP, interventions policières dans les universités, gazages dans les lycées, pluies de grenades sur les cortèges des manifestations, interpellations généralisées. Mais cette répression ne concerne pas uniquement les mouvements sociaux. Elle touche plus généralement celles et ceux qui sont désigné·e·s comme indésirables. La sécurité, la propreté de l’espace public sont des thèmes de campagne mis en avant à Saint-Denis. Derrière ces mots se cache l’exclusion d’une partie de la population jugée non compatible avec le projet du Grand Paris et les Jeux olympiques 2024.

Nous n’acceptons pas la répression policière et la déshumanisation de tout·e·s celles et ceux sur qui elle s’acharne.
Nous n’acceptons pas la généralisation de la précarité et l’exclusion qu’elle produit.
De cette Seine-Saint-Denis-là, on n’en veut pas !

Des habitant·e·s de Saint-Denis

Localisation : Saint-Denis

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