Deux propositions pour l’émancipation.
Conférence organisée par le Réseau Salariat et la Coopération intégrale du Haut-Berry.
Bourse du travail de Paris – Salle Jean Jaurès
JEUDI 15 JUIN - 19:00 -21:00h
Le travail, tel qu’il existe dans le capitalisme, maltraite et tue. Face à l’enfer de tout ce qui devient marchandise, nous cherchons, en nous et dans le monde, ce qui n’a pas de prix. Cette soirée, au sein d’une institution historique de l’auto-organisation ouvrière, vise à défendre, et surtout partager, ce qui nous est si précieux.
Plutôt que déplorer indéfiniment, nous cherchons de quoi respirer, de quoi vivre, de quoi penser et nous organiser, de quoi produire et lutter, d’une façon qui soit à la hauteur de ce que la société capitaliste nous inflige. Au-delà de la retraite à 62 ou même 60 ans, au-delà de la défense des conquis sociaux, y a-t-il des idées qui nous pousseraient à mieux identifier et dépasser la société capitaliste, patriarcale, écocide ? Pour quelles idées vaudrait-il la peine de fédérer, sans les uniformiser, nos luttes et nos expérimentations, nos collectifs et nos revendications ? Pour quels desseins communs pouvons-nous espérer faire autre chose que répéter nos divisions, nos batailles de chapelles ? Comment, cependant, éviter les projets autoritaires ou totalisants ? Comment rompre avec l’esprit de défaite qui rend si timoré le camp de l’émancipation ?
Depuis quelques années, l’idée du « communisme » devient de moins en moins taboue, débordant la propagande néolibérale qui nous fait croire qu’en-dehors de l’impasse soviétique, aucune société non-capitaliste n’est possible. Des syndicats aux collectifs autogérés de quartier, des ZAD aux réseaux communalistes, que le mot soit lâché ou non, l’idée – multiple et incontrôlable – du communisme agite les débats, les luttes et les cœurs. La conférence que nous vous proposons est une contribution modeste à cette agitation. A toutes et tous, ensuite, de la discuter, de se l’approprier ou de nourrir d’autres imaginaires encore.
Proposition 1 – Salaire à vie
En 2023, le salaire à vie et son monde sont devenus incontournables dans le débat sur les retraites (L’Obs, 7 mars). Face à l’obsession contre-réformiste du pouvoir depuis 1995, il y a urgence à défendre une autre vision, instituante, du travail et du droit à la subsistance. Le réinvestissement du récit révolutionnaire du régime général de sécurité sociale et le couple salaire à vie/démocratie radicale, théorisés par le chercheur Bernard Friot, ont posé les bases d’un projet enrichi d’année en année par des camarades tels que Christine Jakse, Maud Simonet, Frédéric Lordon, Nicolas Da Silva ou encore Thomas Coutrot et Coralie Pérez. Elles sont au cœur des activités de l’association Réseau Salariat, qui se les approprie et les porte auprès de publics variés afin d’animer une conversation continue sur le communisme que nous construisons.
Proposition 2 – Coopération intégrale et Provision Commune
Dans le Berry (Centre), une quarantaine de personnes œuvrent à se garantir mutuellement des biens, des services, des usages, en-dehors (et contre) les logiques du marché et de la concurrence. La provision commune est une forme de vie collective et une puissance matérielle, instituées pour conquérir quotidiennement les moyens et les usages d’un certain type d’espace, de temps et de relation. C’est une prise d’autonomie qui consiste en un dégagement des relations de domination qu’imposent le travail et le marché. Par ce dégagement, on se rend capables d’accroître notre temps libéré, ouvrant à d’autres techniques, d’autres relations, d’autres façons d’être.