Mardi 22 mai, aux alentours de midi, un opposant aux opérations d’expulsions menées sur la ZAD a été mutilé par un gendarme utilisant une grenade à « effet de souffle » GLI-F4. Transporté au CHU de Nantes il a été amputé de la main droite. [1] Pour divertir du scandale que devrait susciter un tel niveau de violence aveugle de la part des forces de l’ordre, gendarmerie et procureurs ont déclenché leurs habituelles opérations de communication. Alors que l’information est claire : l’une des 4000 grenades offensives jetées sur les manifestants par la gendarmerie a fini par arracher la main d’un jeune homme de 21 ans, on suggère la responsabilité du manifestant dans sa propre mutilation. Et les médias reprennent en chœur.
Depuis deux jours, après que Gérard Collomb a affirmé qu’on n’entendrait « plus parler de Notre-dame-des-landes » et alors que les occupants tentaient des opérations de reconstruction, la gendarmerie s’était peu montrée sur la zone (week-end prolongé oblige). Hier, les forces de l’ordre se sont à nouveau déployées pour procéder à des opérations de déblaiement des cabanes détruites dans la forêt de Rohanne, autour de la Chat teigne. Selon Reporterre :
Quand la grenade a explosé, la victime était auprès d’un passage en creux entre deux champs, cernée de haies, face à la forêt de Rohanne, entre Bellevue et La Chateigne. [...] C’était dans un moment de relative accalmie, après un affrontement plus intense. Quelques cailloux, pas plus, vers les gendarmes mobiles qui décident de dégager le groupe d’une trentaine d’opposants.
Ce n’est évidemment pas la version qu’a très rapidement donné le Ministère de l’Intérieur. Selon la Place Beauvau :
« Une cinquantaine d’opposants radicaux cagoulés ses sont attaqués aux forces de l’ordre en leur jetant notamment des cockatils molotov et des projectiles. Pour défendre leur intégrité physique et disperser le groupe d’activistes, les gendarmes mobiles ont procédé à des jets de grenade (sic) lacrymogènes de type F4, comme il est d’usage dans ce type d’opération. »
Le communiqué de presse est caricatural à souhait : d’un côté des opposants « radicaux » (et comme si ça ne suffisait pas, « cagoulés ») s’en prenant à « l’intégrité physique » des gendarmes, qui, eux, ne répliquaient, « comme il est d’usage » que par des « lacrymogènes ».
Après avoir minimisé l’arsenal utilisé – de simples lacrymogènes – le Ministère précise, dans un post-scriptum, ce que sont effectivement les grenades dites GLI-F4 – pas exactement ce que reçoivent sur la tête les milliers personnes qui manifestent régulièrement dans les principales villes de France. Le modèle F4 est donc « une munition à triple effet lacrymogène, sonore et de souffle ». Qui ne peut être utilisée, selon la "doctrine", qu’en « tir courbe », qui « permet d’éviter que les personnes soient directement impactées », l’arme n’explosant que « quelques secondes » après son atterrissage.