Tu insurgeras ton prochain comme toi-même

Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s’éprennent

Préparez vos mouchoirs
L’assemblée des vertueux a formé un conclave
Le pays cherche son dictateur comme une drogue létale
Ministres et grands patrons bouffis de moraline, tout le panneau des grimaciers versent des larmes d’alligator
Ils pleurent sur les iPhone
Ils pleurent sur les distributeurs de billets défoncés
Les poubelles ont rendu l’âme
Mais qu’elles sont hideuses toutes ces déplorations !
Ils disent que les émeutes sont le signe de temps barbares
Nous disons au contraire que la pensée se redresse.
Nike et Zara ont été pillés
La bouffe a été pillée
Carrefour, Lidl, Auchan ont été pris d’assaut, cette fois à la lettre.
Ces enseignes spécialisées dans la casse sociale
Nous n’en voulons plus !
conditions de travail suicidaires
alors quel pied d’en faire table rase.
Pareil pour l’attaque d’une taule de banlieue
Saluons la bravoure des apaches.
Que cesse le supplice de l’enfermement !
Pour cela, choisir l’action directe.
Devant ces faits de haute lutte les dirigeants sont choqués
Au yeux de la Carlingue « tout fout le camp »
C’est l’effroi
Chibroc et Flageolet fulminent
Les chroniqueurs s’ébrouent et se répandent en propos eugénistes
Ils parlent de la France qui n’est plus la France
Ils parlent d’un déficit « d’autorité parentale »
Cette frayeur épistémique fait peine à voir
Et c’est toujours le même refrain :
Les classes populaires ne savent pas éduquer.
Les femmes invisibilisées doivent casquer
Les philosophes-sociologues montent au créneau et s’excitent sur l’affaire, ils jactent comme des millénaristes
Alors éclairons leur lanterne
Disons-le nettement et à coups de marteau : « On ne pillera jamais assez le capitalisme ! »
À force d’obscénité, le capitalisme a pris dans la gueule et par stridences, sa propre violence sous une forme inversée.
Mais cette violence reconquise, ne ressemble plus à la précédente
Ce soubresaut est une insurrection dans la langue et dans la vie.
Tâchez de bien comprendre le sens de cette lutte.
Réponse du berger à la bergère (ou l’inverse)
Nous disons que l’émeute est ce rituel pour une métamorphose sociale
Voler sa pitance quand on a faim est un acte de résistance politique autant qu’un geste de survie
Pour celles et ceux qui crèvent la dalle, détruire une banque relève de la Joie sans mélange
La joie comme ressort du progrès éthique.
Mais les vertueux en blouson Hermès ont la dent dure
Ils disent que la canaille hante la République
Que l’identité nationale se décompose
Nous leur disons : « La canaille ? et bien nous en sommes »
Que l’assemblée des Sages ne s’imagine pas nous avoir réduits au désespoir
Nous combattons les dominants avec ferveur
Nous battons en brèche le discours de la race.
Le capitalisme ne sait qu’induire des Passions tristes
Ces quatre lettres « LVMH » sont, pour toute oreille libre, insupportables à entendre
Détruire à toute vapeur ce modèle dystopique, voilà une liberté qui est à conquérir
Offenser le capitalisme, c’est cracher vitalement sur le buste du tyran
C’est s’attaquer aux rapports de production les plus dégueulasses
C’est aussi, par une autre voie, s’attaquer au patriarcat totalitaire sous ses formes innombrables
L’ordre, cette farce sinistre, ne nous fera pas de cadeau
Nous non plus
Nous abritons un beau « Pèse-Nerfs »
Voici venir la clameur de l’Être qui rompt ses chaînes et descelle tout sur son passage
Faites s’abattre les grands cieux
Durant chaque nuit d’émeute
Nous chantions muni(e)s de cocktails fruités
Nous chantions sans leader, sans profit, sans illusions, sans Dieu, sans Essence et sans tactique véritable
Nous chantions par flux de pensée
Sauvage ne pas dire sans pensée
Fluide ne veut pas dire sans substance
La nuit remue
La rue clame pour qui sait entendre :
« S’insurger c’est vivre »

quelques vauriens

Note

« Par anarchisme, j’entends un nouvel ordre social dans lequel aucun groupe humain ne pourra être gouverné par un autre groupe humain. »

Mollie Steimer (lors de son procès le 10 octobre 1918)

« J’ai l’espérance d’une organisation sociale dans laquelle personne ne contrôle autrui et où chacun se contrôle soi-même. »

Voltairine de Cleyre (21 mars 1902.)

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