Synthèse critique d’un fiasco.

Les subjectivités occidentales se sont tant claquemurées sur des préoccupations nationales, qu’elles en sont venues à larmoyer sur le système « d’apartheid » dont elles seraient victimes, alors même qu’un apartheid vaccinal, historiquement et économiquement fondé sur une forme de ségrégation nord-sud, se perpétuait sous leurs yeux sans qu’ils puissent même en discerner les formes les plus flagrantes.

(Rédigé fin 2021, ce texte fut ajusté jusqu’au mois de Mars 2022)

Nous cherchions le bon moment pour poster cette série de textes, tentant au mieux d’éviter de participer au grand brouhaha politico-émotionnel qui nous submerge depuis deux ans. Le chapitre pandémique a soudainement quitté les écrans mais nous voilà aussitôt engouffrés dans celui de la guerre. Il n’y aura donc pas de bon moment, nous publierons entre deux feux, c’est peut-être ce qui caractérise le mieux l’époque.

Alors voilà, deux ans de pandémie plus tard, un récapitulatif s’impose.
...

Cette série de texte poursuit les réflexions avancées dans l’article « Synthèse critique d’une anamnèse. » :

Synthèse critique d’un fiasco.

La lumière des écrans est venue amollir les crânes pour mieux les durcir d’opinions, et les réseaux sociaux ont permis à tous d’exprimer leur morgue, d’amplifier les dichotomies du oui et du non, du pour ou du contre, du like, du dislike, du bien, du mal, reclus, dans l’observation, le commentaire et l’indignation creuse.

Le Moi s’est davantage enorgueilli de ça, il aimait déjà s’écrire et s’entendre, il veut désormais qu’on le lise et l’écoute, quotidiennement.

Bulles de filtres et biais de confirmations se sont amalgamés en jugements stricts, en sévérités toujours plus tendancieuses, parfois péremptoires, souvent cruelles. Les intuitions sont devenues des croyances, les croyances des positions dogmatiques et les camps se sont renforcés de mépris.

Toute la trivialité dualiste à laquelle nous avons largement participé, « Anti-systèmes » Vs « Wokes », « Hommes » Vs « Femmes », « Nationaux » Vs « Étrangers », s’est temporairement cristallisée sur la question si cruciale des : « Vaccinés » Vs « Non-vaccinés ». Tous les pays dits « développés » ont eu ce souffre-douleur commun, ces indésirables ont remplacé les vieux ennemis de l’intérieur – diversion, toujours.

Les conversations concernant les pratiques individuelles se sont vite substituées à toutes formes d’analyses structurelles. Et au fond, ceux qui ont tant ironisé sur la « sacro-sainte liberté individuelle » de leurs contemporains non-vaccinés, souhaitaient seulement retrouver la leur par la vaccination. Parce qu’admettons-le, l’apologie du « bien commun », de la « responsabilité collective », n’ont été qu’une hypocrite préservation de liberté individuelle mise au profit d’une distinction sociale toute citoyenne, car c’est moins le bénéfice-risque que le bénéfice-contrainte qui a poussé les foules à l’inoculation.

D’un côté, la pression sociale, que le conformisme exerce entre des formes de citoyennetés scindées entre bonnes et mauvaises pratiques individuelles, et de l’autre, l’intimidation, la menace en nouvelle juridiction, et la restriction comme système pénal informel – entrave à la circulation, aux loisirs, à la culture, au voyage, à l’emploi – Récompense et Sanction.

La vaccination rétrocède en conséquence une gamme d’activités et de services tout-à-fait ordinaires selon les principes du privilège et de l’exclusivité, elle est d’abord consentie en guise de lubrifiant social, pas en action « altruiste » au service des populations « défavorisées » ou « vulnérables ». Une validation du permis à points de la méritocratie sanitaire, qui promeut le devoir, pour l’obtention du droit.

Plus simplement, c’est par l’intermédiaire du chantage à la survie, à la consommation ou par les seules vertus de l’anathème que l’État a conçu sa corvée vaccinale. Un compromis sans ajustement possible, la condition nécessaire au maintien de la quotidienneté.

Paradoxalement, ce compromis – qui a pourtant tout du non-choix – une fois érigé en norme, est devenu le signe d’une forme de citoyenneté supérieure, engagée, savante et vertueuse.

Le selfie vaccinal permet d’exemplifier plus précisément ce glissement. Au-delà du simple outil de promotion sanitaire, il est la continuité de la promotion personnelle, de la réputation publique faite de likes, d’abonnés, la continuité de la participation au système de crédit – dans le sens de crédibilité sociale – par l’intermédiaire de l’évaluation en réseau propre à la citoyenneté 2.0. En plus d’être l’authentification d’un certificat de bonne conduite, le selfie vaccinal est l’expression d’une mobilisation individuelle et sociale spécifique, la revendication d’une contribution personnelle à la « lutte contre le Covid-19 ». Il est à la fois l’unification du mimétisme et du désir d’individuation, autant que le résultat de la valorisation de soi – à travers les valeurs entrepreneuriales, méritocrates et volontaristes – subordonnée aux logiques communicationnelles de la viralité.

C’est, en somme, « l’autogestion » de la propagande.

Aux systèmes de notation de certaines plateformes numériques, de réseaux sociaux et d’applications de rencontre, sont également venus se greffer des signes distinctifs de vaccination, à la façon d’insignes, de décorations, de mérites.

Dans ces conditions, la vaccination ne peut plus seulement être comprise comme une simple technique de protection et d’immunisation, elle devient aussi un outil social et politique, un instrument de distinction, de reconnaissance sociale, de mesure de la condition civique et morale de chacun. Par effet d’entraînement, la vaccination est devenue un des mécanismes de conformité et de lutte contre « l’égoïsme », elle a valorisé « le bien commun », le « dévouement » à la « reprise économique », a endossé une sorte de « fiabilité » sociale et a permis à l’individu de se distancer de « l’incivilité » et de « comportements à risque ».

Notons que les médias qui dès 2018 invectivaient à raison le « Contrôle totalitaire » du « système de crédit social chinois » – système numérique consistant à « évaluer, récompenser et pénaliser les citoyens selon leur comportement » – se sont peu émus de cet impressionnant dispositif coercitif et rhétorique ayant toutefois tout du paternalisme et de l’infantilisation. A contrario, nombre d’entre eux encouragèrent cette tendance, allant jusqu’à exhorter leurs États respectifs à instaurer des mesures toujours plus autoritaires. Rien non plus, sur le maillage digital et ses nouveaux usages, sur la gouvernance axée sur les données, sur la venue de l’État numérique. Par ailleurs, là où le « système de crédit social chinois » – assurément classiste et disciplinaire – mesure l’ensemble des acteurs de la société, ici, par le biais libéral, le système de récompenses et de sanctions se fonde uniquement sur l’existence de l’individu, et ne peut donc s’exercer que sur lui. Les acteurs dont il pourrait être prouvé qu’ils ont, d’une manière ou d’une autre, exploité la pandémie (hausse des prix des équipements de protection individuelle, des tests, des vaccins, etc.) ou pire, l’ont aggravé (refus de la levée temporaire des brevets, etc.), font exception au système de valeurs employé sur les populations, ne sont pénalisés d’aucune manière. La « responsabilité sociale » est, pour l’instant encore, une valeur unilatérale, initiée de haut en bas.

Les frais de test COVID, la fin de l’assurance chômage ou les amendes pour non-vaccination signent avec force égalitarisme le mode de conscience classiste qui s’ajoute à cette individualisation. Il est clair que les tentatives de pression financière, lorsqu’elles ne sont pas indexées sur le revenu, affectent seulement les budgets les plus amaigris. Le tarif des tests et le montant des amendes sont - comme les excès de vitesse déjà compris dans les coûts d’un trajet - calculés dans les dépenses de ceux à même de pouvoir les régler. Le chantage à la contravention n’est qu’une mesure anti-pauvre additionnelle à la prolétarisation montante, à l’inflation, à l’appauvrissement généralisé et à la destruction de valeurs annoncée par la transition énergétique ; le marqueur de classe de politiques toujours plus ostensibles, iniques.

Toute la stratégie de la société BP qui, à partir de 2004 a popularisé par une grande campagne publicitaire l’idée d’une « empreinte carbone individuelle », s’est depuis développée en tropisme.

Cette stratégie, qui a permis à l’une des principales entreprises émettrices de gaz à effet de serre dans le secteur des hydrocarbures de détourner l’attention des conséquences négatives de l’industrie des combustibles fossiles vers les choix individuels de consommation des particuliers, a été reproduite par les institutions publiques, les États. La manœuvre a savamment contribué à éluder la question capitaliste, accouchant d’une orthopraxie citoyenniste absolument insignifiante.

En résumé, tout dépend systématiquement de la contribution de chacun. Tout repose sur les frêles épaules d’un libre arbitre fantomatique. Les conversations concernant les pratiques individuelles se sont vite substituées à toutes formes d’analyses structurelles car dans de telles dispositions : tout est toujours de notre fait, de notre faute.

La confusion entre non-vaccinés et anti-vaccination a fait se polariser l’attention sur des disputes d’un niveau de bêtise rarement égalé. C’est qu’il nous a été donné d’entendre d’audacieuses comparaisons, la prudence pourrait en effet constituer une bêtise, le doute une paranoïa, l’indécision une trahison, la peur un égoïsme et finalement, la non-vaccination un homicide involontaire. Les corrélations entre « respect du confinement » et « réanimation » se sont ainsi logiquement poursuivies jusqu’à faire s’accorder « non-vaccination » et « meurtre ». En plus d’être parfaitement répugnant, ce raisonnement déductif n’a fait qu’intensifier les principes de différenciation selon des considérations somme toute dérisoires. C’est le jeu du stigmate – distinguer, séparer, diviser – aboutir à un système de dénonciations réciproques, dommageable à tous, et sur le fond parfaitement stérile.

La honte des uns pour l’honneur des autres, et vice versa.

Il n’est pas plus rationnel de se précipiter vers un produit dont la marchandisation a considérablement été accéléré que de penser intuitivement qu’il a été confectionné afin de nuire à l’humanité toute entière.

Dans des sociétés où l’automutilation, les troubles alimentaires ou dysmorphiques font conventions, où la santé, la diététique, la beauté, le culturisme sont vécus comme des territoires majeurs de l’identité personnelle, le libertarisme a moins à voir avec la situation qu’une véritable sociologie du corps. La modification corporelle, l’avortement ou le suicide médicalement assisté, en bref la libre disposition de soi, est loin d’être une tendance négligeable de nos sociétés. Si ce corps-là – instrument de libertés conquises mais aussi pierre angulaire de la consommation – cesse soudainement d’appartenir à l’individu qu’il représente, si le « consentement préalable » donne l’impression de progressivement glisser vers le facultatif, l’anxieuse dépossession du Moi peut en effet se tourner vers des systèmes de revalorisation alternatifs. Pseudo-sciences, déni de réalité, grégarisme sectaire, permettent entre autres choses, de contrevenir à cette impression de perte ou de confiscation.

Le scandale de l’amiante ou du chlordécone, la crise de la vache folle ou celle des opioïdes, les affaires de l’industrie chimique, pharmaceutique, alimentaire, ajoutées a celles du personnel politique, à répétition, n’ont pas non plus permis de créer un incroyable climat de confiance. Rien d’invraisemblable, ni d’inattendu.

Que des représentants de l’État, et ce sur tous les continents aient à ce point pu maudire les individus qu’ils ont tant daigné protéger, n’a fait qu’ajouter au sentiment de défiance, la dissonance, et avec elle l’hostilité. Ironique, aussi, de les avoir vu conspuer une « épidémie de non-vaccinés », quand on sait que la grande majorité des non-vaccinés de la planète leur sont imputables de fait.

Alors non, il ne s’agit pas de nous plaindre en électeurs chagrinés au service après-vente planétaire, ni de quémander le remboursement de la dîme citoyenne, mais de faire remarquer que même les plus modestes tentatives de refus ou de compréhension semblent désormais toutes devoir tomber sous le poids des peines infamantes. Voilà donc le retour de la réprobation publique, de la dégradation civique, du blâme et du bannissement.

Tout ce déploiement d’exclusion symbolique, toute cette ingénierie sociale basée sur l’exaltation du civisme, du dévouement à la cause commune, par le biais de la stigmatisation d’une énième minorité, quelle qu’elle soit, et ce afin de discipliner le plus grand nombre, reste un enfermement rhétorique dont on devrait pouvoir largement se donner le droit de débattre.

Les « vaccinés » et les « non-vaccinés » sont brutalement devenus des catégories sociales dont on disserte avec grand sérieux. Des groupes sociaux, sans sociologie de groupe, des notions, floues, malléables, commodes.

En sélectionnant « le bon choix », les premiers deviennent socialement et politiquement exemplaires, s’extirpent des démarcations sanitaires, de la question pandémique – en tant qu’objet politique et de ses corollaires quand, les « autres », ne peuvent plus que s’y confronter, réduits à ça.

C’est que l’expérience soudaine de la minorité, même choisie et provisoire, implique un certain nombre de mécanismes de défense. Pire, repousse dans les angles de la désocialisation et de la honte, mais aussi vers ceux de la clandestinité et de toutes les radicalités qui fleurissent en elle, celles et ceux qui, même maladroitement, se sont figés un temps dans la circonspection.

Celui qui concilie n’a plus à justifier ses choix, il fait partie du groupe, il ne devient pas « l’autre ». Celle ou celui qui, au contraire, n’y parvient pas ou s’en empêche, est vite réduit à cette seule différence.

Se débattre, riposter, s’épuiser pour se rabattre enfin sur des espaces où l’explication, le reproche, l’anathème et l’affrontement ne sont plus d’indispensables préambules à la civilité, là non plus, rien d’inattendu ni d’invraisemblable. C’est la recherche du groupe, de la validation, du camp, du parti, de la secte. Le terreau propice à tous les endoctrinements – agressivité, isolement, régression, délire. L’antagonisme exacerbe le sentiment d’appartenance et d’identité, bulles de filtres et biais de confirmations, encore...

Car ne nous y trompons pas, « l’anti-vaccination » militante décalque à l’identique la binarité qui caractérise si bien l’époque, retourne la honte de l’antagonisme pour en faire un honneur. La pauvre s’imagine en persécutée, en martyre de l’histoire dont elle sera bientôt l’héroïne. La pauvre visualise du fond du crâne les antagonismes passés et, avec une autosatisfaction follement narcissique rejoue l’histoire à son avantage, s’imagine déjà composer le camp de la libération.

« Résistants » Vs « Collabos », « Rebelles » Vs « Moutons ».

Ceux-là abordent le vaccin comme ils ont abordé les OGM ou la 5G, ne s’inquiètent généralement plus que de leur intériorité, de l’oxyde de graphène, de nanoparticules, de leurs propriétés magnétiques. Ceux-là ne parleront pas de la privatisation des semences, de l’endettement et du suicide paysan, ceux-là parleront empoisonnement, bien-être, « nature ». Ceux-là causeront peu de l’Internet des objets, des « safe cities », d’automation, en deux mots, de la restructuration internationale, ceux-là causeront d’ondes électromagnétiques, de lésions de l’ADN, de toxicité. En réalité, tous ceux-là empêchent de débattre du fond, et donnent à la bourgeoisie de quoi nourrir le tabou.

À n’en pas douter, les activistes du dénialisme se sont perdus en fabulations. Monologueurs tricolores et militants new age ont, comme l’UPR et les gentils virus Chouardiens du temps des gilets jaunes, occupé tous les étalages de l’opposition virtuelle. Ceux qui savent plus, s’en sont finalement remis aux grands secrets disponibles sur Facebook, sur Telegram, sur RT. Ceux qui savent mieux, aux représentants de l’ésotérisme sur Odyssee. Vedettes des pseudo-sciences et gourous patriotes se sont tant rapprochés qu’ils ne restent de l’impact qu’une abominable bouillie à s’injecter en ligne.

Cependant, nous ne pouvons nous contenter d’imputer aux seuls réactionnaires toute la foutaise de notre temps. La bêtise est prodigue et reconnaît ses légataires. Car nous aurons au moins assisté à ça, à la conclusion divine de nos clercs en comité, voir un ancien Tiqqun vendre dans un jargon lunaire des thèses d’antisémites notoires, suivi des restes du parti qui ont par défi conformiste appuyé toute la confusion dont se repaît l’autorité. Comme quoi, la tradition Heideggerienne retombe toujours sur ses pas.

Les subjectivités occidentales se sont tant claquemurées sur des préoccupations nationales, qu’elles en sont venues à larmoyer sur le système « d’apartheid » dont elles seraient victimes, alors même qu’un apartheid vaccinal, historiquement et économiquement fondé sur une forme de ségrégation nord-sud, se perpétuait sous leurs yeux sans qu’ils puissent même en discerner les formes les plus flagrantes.

Entre ceux qui ont vu dans le port du masque une muselière, et ceux qui ont fondé sur le tabou les limites de la discussion, cernés.

En deux ans, toutes les forces militantes se sont subitement découvertes des compétences et des talents insoupçonnés, ont érigé des tableaux statistiques entremêlés de noms propres issus de coupures de presse, reposant elles-mêmes sur un des 540 000 articles scientifiques en langue étrangère [1] dont la légitimité fait encore débat, bref, se sont contentées de soigneusement sélectionner les données capables de justifier leur conviction personnelle, contentées de narrer un présent selon leur disposition subjective, le camp qu’elles ont ardemment choisi de défendre.

La modestie ? Une grande rivale. Ne pas savoir est une angoisse qu’il leur faut rationaliser. Sophistiquer une ignorance, enrobée d’un patois sectaire et sentimentaliste, la tâche de ces paumés de missionnaires.

Un jour, épidémiologiste autodidacte, un autre, expert géopolitique de la région du Donbass.

On ne lit pas une partition sans la maîtrise du solfège, mais l’on s’improvise virologue en lisant des articles de 20 minutes, du Figaro, de BFMTV, de Marianne ou du Monde, c’est là le miracle révolutionnaire.

Quant aux autres ? S’en sont lâchement tenus à rédiger de longs textes de contradiction, de désaccord, de distinction, de réponse ou de mise au point – théâtre de la contribution, offrande au microcosme.

À défaut d’avoir des choses à dire, ceux-là jouent les miroirs brisés. Ils sont l’ombre du débat, n’ont pour eux que le contraste, se réduisent à l’antithèse de thèses qui n’intéressent personne et dont ils sont les seuls lecteurs. Ils pourraient bien laisser mourir dans un dernier recroquevillement ce petit milieu orphelin, mais justement, ils n’ont que lui. Si tout ce temps, cette énergie dilapidée à objecter dans l’entre-soi était vouée à l’horizon, à un semblant de croquis plutôt qu’à l’éternelle discorde. Si ceux-là parvenaient à perdre leurs espoirs d’avant-gardisme, groupusculaires ou égotistes, alors ce temps, cette énergie pourrait sans doute être précieuse. Pour l’heure, l’adversité est par chez nous une tradition que l’on respecte, la dispute y est élémentaire, un maniérisme, que l’on préfère à l’entendement.

Même la petite classe théoricienne, toujours si prompte à narguer de sa noble culture les illettrés du vieux monde, est parvenue à décevoir ceux qui n’espéraient plus rien d’elle. Toute cette radicalité de manuscrit, toute cette exégèse de textes historiques et d’approfondissements toujours plus minutieux, toujours plus hermétiques, ont enfin rendu là leurs propriétés incroyables, c’est dire leur décisive nullité. En dehors des bavardages, des concours d’éloquence d’hominiens diplômés, en dehors de l’exhibition intellectualiste, ces fétichistes n’ont plus rien. Cette gauche ne répond plus depuis longtemps aux préoccupations du quidam, elle les moque, les rejette, les discrédite, cette gauche s’est repoudrée de snobisme, cette gauche est une aristocrate.

Et puis, il y a eu les nouveaux centristes, ceux qui en quelques mois sont passés de l’éloge du grand soir à la défense de la sociale démocratie. Ils ont cru défendre « la science », ils ont défendu son « autorité », ils pensaient défendre la « rigueur », ils ont défendu « l’expertise », ils pensaient combattre la confusion, ils n’ont fait que la reconnaître. Ils ne se sont pas simplement convertis au principe de réalité, non, ils s’en sont accommodés. Au fond, ils se sont abandonnés à la facilité avec une complaisance, une mansuétude envers les puissants difficilement compréhensible, et pour le moins déroutante. Quand on sait quel sadisme et quel acharnement ils convoquent d’ordinaire au chevet de leurs guerres de chapelles, cette clémence adressée aux puissants, ce « ils font du mieux qu’ils peuvent » entendu ci et là, est tout bonnement insupportable, pour ne pas dire rédhibitoire.

Voilà, l’anticapitalisme en temps de paix s’aligne en rang par deux au premier hiver un peu rude. Le gentil hobby révolutionnaire s’est ainsi manifesté. Le pragmatisme et la convenance ont révélé le visage de ceux qui désormais, seront souvenus pour leur dilettantisme, leur manque de courage et de conviction.

Peu de mises à jour, tant de mises à nu.

La gauche historique est tombée si bas qu’il lui sera bien difficile de retrouver le jour sans finir déshydratée.

En substance, nous avons vu plus de finesse dans le pressentiment profane que dans des textes d’érudits bornés à penser de mémoire. Historiquement, c’est une défaite immense, et il n’est même pas certain que le temps puisse soulager cette défection.

La pandémie aura été un fantastique révélateur de l’insignifiance, de la faiblesse et de l’imbécillité de notre camp, qui n’a pas seulement été médiocre, non, qui a aussi été contre-productif. Elle aura au moins servi à cela, à faire de la rancœur un adieu irrévocable.

Et que les procès en « seum » puissent advenir importe peu, c’est bien la seule chose qui nous reste, la passion du commentaire autant que celle du commérage. Car comment ne pas être décomposé par si peu de contenu ? Par si peu de sérieux ?

Que les classes laborieuses ou précaires puissent ponctuellement avoir des intérêts communs à ceux du capital et de l’État, une certitude. Que ces intérêts communs puissent justifier une telle mollesse d’esprit de la part de ceux qui, bien prétentieusement, se revendiquent d’un héritage révolutionnaire, certainement pas. Comment cette gauche, pourtant si instruite, a-t-elle pu si bien ignorer les relations irrécusables qui lient les enjeux de santé à ceux de l’économie capitaliste mondiale ? Comment a-t-elle pu se suffire de tant d’évitement ? Comment a-t-elle pu se livrer à tant de campagnes de dénigrement de préoccupations si souvent justifiées ? Comment a-t-elle pu se contenter d’attribuer aux seuls « conspirationnistes » le simple fait que d’autres motivations que le seul « bien public » puissent être considérés ? Analysés ? Historicisés ? Comment a-t-elle pu ne pas protester contre l’ostracisation sociale ou la répression ? La responsabilité individuelle et le blâme en tout lieu ? Comment a-t-elle pu s’accommoder de tant de bêtise ? Se retrancher dans tant de sarcasmes ? De dérision et de dédain ? Il ne tardera pas, le moment où penser statuera pour ceux-là un nouvel interdit.

Criminalisation, surveillance, détention provisoire, couvre-feu. Combien de similarités entre la lutte anti-terroriste et celle contre la pandémie ? L’instrument policier n’est plus seulement multifonctionnel, il est avec l’armée le dernier à disposition. Il n’y a plus aucune stratégie qui diffère de la contrainte et de la sujétion, et en dernier recours, du tabassage en règle de n’importe quelle contestation.

Surveillance des espaces en ligne, traçage, collecte de données, technologies de reconnaissance faciale, de détection de température infrarouge, laissez-passer numériques, déploiement de drones, de QR codes, de caméras de vidéosurveillance équipées d’Intelligence Artificielle... Nous pourrions faire, aussi, un compte rendu des formes de vigilances qui se sont imposées en formes de contrôle et ont transmué la serveuse, le guichetier, les secrétaires, en agents de la biosurveillance – bénévolement.

Mais non, la centralité de la vaccination, autant sur le plan sanitaire que sur le plan discursif, a transformé tous les corollaires de cette pandémie en sujets périphériques, secondaires, asphyxiés. Les questions de digitalisation, de conflits d’intérêts, d’entrisme technologique, de capitalisme partenaire, prohibées ou seulement traitées par des crétins, par l’ennemi. La question des aînés, des femmes, des enfants, subalternes, évidemment. L’augmentation des violences sexuelles, des grossesses non-désirées, des mariages forcés, du travail des enfants, rien.

Que les médias sautent à pieds joints sur la complexité, passe encore, que cette centralité ait pu être prolongée dans ce milieu sans une remise en cause, déconcertant. Cette incapacité à produire son propre agenda, selon ses propres analyses, ses propres intérêts, l’ont une fois encore réduit au suivisme ou à l’opposition, toujours moins initiateur, toujours plus disciple, jamais dans l’enquête, toujours dans la réfutation, le racontar, la glose. Cela lui permettra au moins de poursuivre son antifascisme, de se reconstituer une fois encore sur la défensive, jamais sur la proposition. Il a laissé l’ennemi s’étendre, ainsi, il pourra mieux s’en plaindre.

La gauche révolutionnaire, d’habitude fière comme un porteur de mégaphone, a fini la gorge nouée. Les grandes causes qui en temps de paix lui servaient de bain de bouche, ravalées à la première perturbation.

Soit, la vaccination est vite devenue le thème central de la pandémie, il demeure toutefois étonnant de constater que ni sa fabrication, ni sa distribution, ni même son attribution, ne soient devenues elles aussi des centralités spécifiques à ce point – au moins dans le camp anticapitaliste.

Il y a bien eu quelques exceptions, quelques craquages de fumigènes, quelques timides tentatives de mises en perspectives, mais dans l’ensemble, dire que nous avons été à chier relève encore de l’euphémisme.

Où sont passées ces voix qui scandaient « Black lives matter » lors des grandes vacances militantes de l’année 2020 ? Où ? Ceux qui, téléguidés par l’industrie musicale postaient plein d’enthousiasme des petits carrés noirs en signe d’autopromotion antiraciste ? Où étaient-ils ? Où étaient-elles ? Lorsqu’un continent s’est vu reléguer en pleine période de pandémie, à l’oubli, au rebut.

Plus incongru encore, s’être vu rétorquer les « faibles taux de mortalité en Afrique », à l’exemple de gauchistes venus relativiser leur chance, minorer le favoritisme dont nous avons tant bénéficié, jusqu’à déterminer les besoins, à la sauvegarde de déséquilibres objectivement indéfendables.

Depuis quand soupesons-nous le poids des dépouilles ? Depuis quand ajustons-nous la solidarité au niveau de saturation des morgues ? Depuis quand avons-nous choisi de dénombrer les cadavres ? De les classer par ordre décroissant ? Et d’en jauger la gravité selon des bilans PowerPoint ?

Nous n’envisagerons jamais l’individu comme une unité statistique, dont la mort pourrait être agrégée à une représentation quantitative d’une situation humaine si déplorable, surtout lorsque nous avons les moyens matériels de l’améliorer.

Quel rôle pourrait bien avoir l’anticapitalisme ? Si même dans ces conditions, il se rend incapable de défier l’absurdité de conventions marchandes injustes, arbitraires et néfastes, qui font toutes obstacle à la camaraderie humaine, à l’entraide et à la fraternité la plus élémentaire ? Quand l’anticapitalisme trouvera meilleure occasion de mettre en évidence l’obscénité de principes qui tiennent toujours de la propriété, jamais de la mise en commun ?

Nous nous sommes donc surpris à signer des pétitions, c’est dire l’étendue du désastre, tant la communauté révolutionnaire et internationaliste a été, une fois n’est pas coutume, d’une lamentable inutilité.

Combien de mouvement de Boycott internationaliste en faveur de la levée de tous les droits de propriété intellectuelle ? Combien d’appels internationaux ? D’actions devant les institutions opposées à la suppression temporaire des brevets ? Combien de tentatives de pression populaire significative ? De grèves ? De manifestations ? De blocages ? De gestes ? De refus ? Combien de soutiens au projet Corbevax ? Où ? Les recherches ? Les nuances ? Les apports de notre camp ?

Non, vraiment, rien.

Pourtant, dès le mois de décembre 2020, les pays les plus riches – qui ne représentent que 14 % de la population mondiale – avaient déjà précommandé 53 % des vaccins de premier plan encore en phase d’essai [2]. Selon un communiqué de l’Organisation mondiale de la santé datant d’avril 2021, une personne sur quatre avait déjà reçu une dose de vaccin dans des pays à revenu élevé, contre une personne sur plus de cinq cents dans les pays à faible revenu. Pour le dire autrement, 87% des vaccins sont allés dans des pays à revenu élevé, tandis que seulement 0,2% sont allés dans des pays à faible revenu [3]. Fin 2021, les nations les plus riches du monde avaient prodigué autant de boosters en quelques mois, que l’ensemble d’injections faites dans les nations les plus pauvres au cours de l’année toute entière [4]. Entre novembre 2021 et mars 2022, on estime qu’un total de 241 millions de doses pourrait avoir été gaspillées par les seuls membres du G7 [5].

L’exemple du Canada illustre parfaitement cette logistique :

En Décembre 2020, le pays précommande cinq doses de vaccin par habitants. Un mois plus tard, sa commande s’élève au chiffre considérable de 9,6 doses par tête [6]. Critiqué par l’OMS et par plusieurs associations humanitaires, le gouvernement justifie son action en s’engageant publiquement à faire don de ses excédents. Le Canada tiendra peu ou prou sa promesse. D’une part, en se débarrassant généreusement de 17 millions de doses AstraZeneca dont l’utilisation a fortement été limitée sur son territoire, jusqu’à être stoppée dans certaines de ses provinces [7]. D’autre part, en faisant comme la majorité des nations de premier plan, à savoir en optant pour « le tout vaccinal » sur le plan intérieur, se contentant par la suite de mettre en commun son rab sur le point d’expirer.

Avril 2021, la République démocratique du Congo s’est vue renvoyer 1,3 million de doses reçues [8], trop proches de leur date de péremption d’origine quand, en décembre 2021, le Nigeria a dû en détruire plus de 1,06 million pour ces seules raisons [9]. Ce mois-là encore, plus de 100 millions de doses de vaccins envoyées aux pays les plus pauvres, sont en grande partie refusées pour leur trop courte durée de vie [10]. Dans des pays aux infrastructures modiques ou extrêmement limitées, ni l’urgence ni la spontanéité ne permettent d’orchestrer des campagnes de vaccination de façon optimale.

Outre le fait de considérer le reste du monde en décharge sanitaire peuplée de mendiants, la stratégie du tout vaccinal va à l’encontre des recommandations de l’OMS qui, en vain, appelle à vacciner en priorité les personnes les plus vulnérables et les groupes à risque [11], mondialement.

Pour des raisons rigoureusement économiques, l’équité vaccinale est aussi promue par L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) [12], là encore, que les classes laborieuses ou précaires puissent ponctuellement avoir des intérêts communs à ceux du capital et de l’État, évidemment, pour autant, la logique internationaliste est tout sauf une logique de compétitivité, elle est en réalité tout le contraire.

Dans un contexte où le vaccin reste une marchandise en nombre limité, la mainmise de ces États n’est pas seulement répugnante, elle est injustifiable. Car la stratégie du tout vaccinal produit des préjudices majeurs. Là où de jeunes individus en parfaite santé ont déjà été vaccinés par trois fois, ailleurs, le personnel soignant n’a toujours pas accès à la vaccination. Cet accaparement nationaliste aboutit à deux types de procédures conciliées en un seul et même raisonnement : des millions de doses vieillissantes finissent au rebut quand, dans le même temps, d’autres viennent fraîchement réapprovisionner les chambres froides des nations les plus prospères. C’est le cycle de l’accumulation et de la pénurie – surplus pour les uns, rareté pour les autres.

En plaçant la technologie vaccinale au centre de sa stratégie, le tout vaccinal a épousé une philosophie d’urgence privilégiant les résultats mesurables sur le court terme plutôt que sur les systèmes de santé eux-mêmes. Ce technosolutionnisme, en plus d’être absolument caduc [13], reflète l’idéologie toute commerciale de l’innovation que célèbre à toute heure le capitalisme 4.0.

Tandis que les pays les plus riches abandonnent à tour de rôle leurs politiques sanitaires, par manque de partage technologique et pour de simples raisons budgétaires, le COVID, suivant l’exemple de la Tuberculose, de la Malaria ou du Sida, risque de se maintenir en fardeau des plus pauvres.

Dans des pays où l’auto-confinement et la distanciation physique sont quasiment impossibles, où l’économie informelle est majoritaire, où le domicile est un lieu intergénérationnel, où les tests, les masques, le gel hydroalcoolique et où le savon et l’eau claire peuvent manquer, il est clair que la vaccination reste un fantastique outil de protection. La couverture vaccinale des plus fragiles, des plus vulnérables, pour sauver des vies, mondialement, aurait dû en effet être la grande priorité sanitaire, pas la vaccination des pays riches au service de leur relance, autrement dit, pas la vaccination au service de la guerre économique.

Nous avons vu, dans un incroyable élan de cynisme, le PDG du géant pharmaceutique Pfizer déclarer que l’hésitation des populations du continent Africain pourrait être « beaucoup plus élevée » qu’en Europe ou États-Unis [14]. Le scandale du Trovan, les souvenirs de la Lomidine ou du Tenofovir, écartés du sentiment historique. L’hésitation, voilà sans doute la raison pour laquelle la marchandise a été en priorité vendue aux plus offrants. Le continent, rentable lors des périodes d’essai clinique, moins lorsqu’il s’agit de le soigner.

Nous avons néanmoins tous été sommés de louer la puissance novatrice de ces marchands, ceux qui ont vendu 2,5 fois plus cher leur vaccin à l’Afrique du sud qu’à l’Union européenne [15], ceux qui ont livré moins de 2% de leur approvisionnement total en vaccins aux pays à faible revenu [16], ceux qui se sont érigés contre le transfert de technologie [17], et qui ont donc artificiellement restreint l’approvisionnement de vaccins et enfin, ceux qui ont eu le génie de convertir « l’argent du contribuable » en milliards de profits [18]. Il faudrait aussi rendre grâce à ces membres du G20 qui nous ont si bien protégés, en se faisant livrer 15 fois plus de doses par habitant que dans les pays à faible revenu [19], qui se sont opposés à la dérogation sur les ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce) [20] ou ont cherché à la saboter [21], qui ont largement contribué à l’essor de la recherche privée sans demande de contreparties, qui ont laisser faire l’enrichissement des monopoles, et qui s’en sont finalement arrangés.

Que le secteur privé puisse à lui seul trier les accords bilatéraux, aggraver les disparités mondiales, fixer arbitrairement ses prix malgré les aides publiques, choisir quelle population pourra circuler de nouveau, quel pays, quel continent pourra le premier relancer son économie ou, par défaut, se ruiner davantage = des non-sujets, du détail.

Irons-nous jusqu’à dire sans provocation, que cette impressionnante politique vaccinale a été pensée par ceux qui quantifiaient les décès et les pertes financières d’une équivalente gravité ? Toutefois plus inclinée à se soucier de la seconde ? Irons-nous jusqu’à dire, que ces doses auraient été sensiblement plus utiles aux populations mondiales fragilisées, incapables de se protéger autrement et finalement, plus vulnérables que bien des jeunes adultes triplement vaccinés en ces lieux ? Irons-nous jusqu’à mimer le jeu odieux de la caricature ? Retourner l’argument comme un index accusateur sur une pratique individuelle que l’on ne conçoit pas ?

« Ceux-là même qui ont volontairement choisi de s’octroyer un luxe au détriment des nécessiteux, sont au regard du reste du monde d’égoïstes assassins. Leur supériorité morale, n’est en fait plus qu’un conformisme et paradoxalement, une nouvelle amoralité. »

On peut toujours pétrir les faits selon les conclusions qu’on veut leur mettre en bouche.

Bien heureusement, nous savons que la morale est tout sauf un instrument d’analyse politique et que l’éthique personnelle, non plus. Pourtant, les conversations concernant les pratiques individuelles se sont vite substituées à toutes formes d’analyses structurelles. Et au fond, ceux qui ont tant ironisé sur la « sacro-sainte liberté individuelle » de leurs contemporains non-vaccinés, souhaitaient seulement retrouver la leur par la vaccination...

Tous les espoirs naïfs de « changements », de « retour à la simplicité », de désertion et de « rupture » qui avaient accompagné les bonnes âmes gâtées du premier confinement, se sont finalement heurtés aux ambitions de terrasses, au tarif plein des salles obscures, au restant de vie sociale tenue par la consommation. La défense du « bien commun » n’a été en fin de compte que celle de la remise en marche de la grande machine à produire et à consommer.

La grande démission a d’abord été politique.

Battre sa coulpe, un genou à terre, une larme à l’œil le poing levé, pourquoi faire ? Il n’est plus question de culpabilité, de sacrifice, de repentance, mais de cohérence, de bonne foi, de pratique et de lucidité.

Que les États se soient pour la plupart figés sur des considérations domestiques n’est pas surprenant, que les gauches révolutionnaires leur aient emboîté le pas, prêchant la solidarité nationale et s’écartant des fondements de l’internationalisme est toutefois plus préoccupant.

 ? Les articles concernant l’augmentation de l’extrême pauvreté en Afrique de l’Ouest ? Où ? La conséquence de 22 mois de fermeture des écoles Ougandaises ? Où ? Les articles relatant les impacts de la sévérité des confinements Sud-Africains ? Ou ceux relatifs à la situation Péruvienne ?

Qui a donc « checké ses privilèges » ? Où sont passés les déconstructeurs qui en temps de paix se refusent à la « blanchité » et à tous ces avantages que leur fournit « l’empire » ? Et où sont passés les moines soldats de l’universalisme ?

Des discours, sans tenue, performatifs et formalistes, presque protocolaires. Rien de substantiel, rien de primordial, c’est dire le désintérêt profond, pour ne pas dire le mépris de ces groupes qui n’en ont plus que pour eux-mêmes, plus que pour leurs niches, leurs marottes, leurs atypismes, leur propre situation.

La monopolisation des doses par les nations de premier plan n’insulta guère l’intelligence de ceux qui en ont voulu aux non-vaccinés de leurs provinces. Si les non-vaccinés ont été partout traités d’irresponsables, disons que les vedettes politiques qui ont délibérément choisi d’entasser la majorité des doses disponibles dans des chambre froides sont de véritables psychopathes. Quant à ceux qui ont joué avec eux le jeu navrant du civisme, dans « leur pays », pour « leur population », ceux-là ont indiscutablement perdu la raison. Car ceux qui défendent ce « bien commun » n’ont de commun que leur patrie. La mathématique est pourtant simple. Pour vacciner 100% de « sa population » éligible, il faut en contraindre d’autres aux excès de patience.

Notes

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