Fuyant ses responsabilités, tant vis-à-vis de ses camarades qu’à l’égard de la justice, Serge Ayoub s’est fait porter pâle pour toute la durée du procès, tout en multipliant les provocations dans la presse d’extrême droite, au mépris de toute dignité. Espérons malgré tout qu’il finira par devoir s’expliquer : en attendant, voici d’une part un rapide rappel de son parcours, qui tout au long de la trentaine d’années de ses activités, a toujours mêlé délinquance et activités néonazies, et d’autre part une description plus précise de ses activités des cinq dernières années.
Ayoub à ses débuts
Le site antifasciste REFLEXes avait publié ici en juillet 2013 un portrait très détaillé du personnage, depuis ses premiers pas en politique jusqu’à la mort de Clément, dont voici un rapide résumé.
Ce fils de magistrate a adopté dès son adolescence le style bonehead (skinhead d’extrême droite). Au début des années 1980, il est déjà chef de bande et essaie de jouer les terreurs à Paris, dans les quartiers Luxembourg et Saint Michel. En même temps, il se retrouve avec sa bande dans des mouvements politiques où les expériences de travail commun ne fonctionneront que quelques mois.
Au sein du mouvement Troisième Voie, il lance les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, mais l’expérience commune ne dure que deux ans, et les JNR continuent leur route seuls. Ayoub essaie de recruter au Parc des Princes, le stade du club de football du PSG, avec un club de supporters, le Pittbull Kop. Après les JNR, au milieu des années 1990, il se met au « vert » en entrant déjà dans un club de bikers, mais se fait arrêter en mars 1997 pour possession et vente de drogue (de la métamphétamine), et on ne le revoit plus pendant quelques années.
Au milieu des années 2000, il refait surface dans l’Hexagone, et c’est alors qu’il participe à la première université d’Egalité & Réconciliation en 2007. Il devient gérant du Local à Paris où toutes les familles de l’extrême droite vont passer une tête. Au début des années 2010, il reprend le mouvement Troisième Voie et relance les JNR : il arrive à attirer à lui de jeunes et vieux skins d’extrême droite aux quatre coins du pays, et organise des défilés où se retrouve toute la petite famille. Il reprend aussi l’organisation du C9M à Paris, une marche en souvenir de la mort de Sébastien Deyzieux, un militant de l’Œuvre française décédé en 1994 lors d’une manifestation.
En 2013, Troisième Voie est déjà en perte de vitesse, et le 5 juin, des militants de cette organisation sont impliqués dans le meurtre de Clément. Ayoub décide d’auto-dissoudre ses mouvements Troisième Voie et Jeunesse Nationaliste Révolutionnaire.
Serge Ayoub ne connaît pas ses militants…
Les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires et Troisième Voie version années 2010 ne comptent que quelques dizaines de militants : pourtant leur chef dit qu’il ne connait par leurs activités, et si des problèmes avec la justice arrivent, il les laisse tomber. Et ce n’est pas la première fois. Avant cette période, un de ses anciens potes, Régis Kéruhel, du Pittbull Kop et des JNR avait été accusé du meurtre d’un mauricien au Havre : lors de son procès en 2000, Ayoub devait lui servir d’alibi ; mais Batskin s’est désolidarisé de son ancien pote en affirmant qu’il n’était pas en France à cette époque.
Serge « Batskin » Ayoub ou l’art de l’esquive
Alors que s’est ouvert mardi dernier le procès des présumés assassins de Clément Méric et que Serge Ayoub est convoqué comme témoin dans cette affaire, un retour sur ce médiatique chef de bande d’extrême droite n’est pas inutile. D’autant que depuis la mort de Clément, d’autres affaires sont sorties avec d’anciens militants de Serge Ayoub : c’est donc aussi l’occasion de faire le point sur ses dernières apparitions et son club de bikers.