Révolution au Rojava

La révolution sociale au Rojava portée par les femmes et les hommes kurdes constitue une véritable alternative à l’état, au capitalisme, aux dictatures militaires et religieuses.
Nous appelons l’ensemble des anarchistes à participer dès à présent toutes les initiatives en soutien aux camarades du Rojava et à rejoindre le cortège anarchiste unitaire dans les mobilisations.

  • Groupe région parisienne de la CGA -

Les kurdes, reconnus comme le plus grand peuple sans État dans le monde, représentent une population d’environ 35 millions de personnes. Répartis entre la Turquie (15 millions), l’Iran (9 millions), l’Irak (8 millions), la Syrie (2 millions) et une diaspora en Europe et Asie (1 million).

Kurdistan revendiqué par le PKK, à cheval sur 4 États.

Sans indépendance, mais pour combien de temps ? Le rêve de la fondation d’un Kurdistan libre et indépendant, pour lequel les kurdes dans différents pays luttent, n’a jamais été aussi proche de la réalité que maintenant. Déjà depuis la chute de Saddam Hussein et leur soutien aux américains, les Kurdes d’Irak menés par Barzani à la tête des Pesmerga (combattants kurde irakien), ont obtenu le statut de Région Autonome dans le cadre de la République d’Irak. En Turquie, après 30 ans d’un conflit meurtrier, ayant causé plus de 40 000 morts, entre le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) et l’armée turque, un accord de paix grandement soutenu par la population kurde est en voie. En Syrie, profitant de la déstabilisation du régime du dictateur Bachar el-Assad, les kurdes du Rojava ont commencé la construction de leur autonomie. Prenant ainsi leur indépendance, même vis à vis du Conseil National Syrien (les rebelles) qui ne souhaite pas les reconnaître.

Depuis plus de 3 ans, nous entendons le mot « révolution » proclamé par les pays occidentaux pour parler de tous les conflits qui se déroulent au Maghreb ou au Moyen-Orient. Les médias occidentaux les suivent de près dans l’intérêt de les amener à leur modèle considéré comme exemplaire, celui de la sociale démocratie, capitaliste et néo-libérale. Dans certain cas, pour obtenir de l’influence sur le pays en se débarrassant des dirigeants qui s’opposaient à leur modèles, comme Kadhafi en Libye ou el-Assad en Syrie. Cependant, ces insurrections aboutissent le plus souvent à un simple remplacement de l’autorité détenant la légitimité du monopole de la violence dans le pays. Ce qui distingue une Insurrection d’une vrai Révolution est en ce que cette dernière apporte un changement social, économique et politique.

En vert foncé : la zone revendiquée par les kurdes

La Révolution au Rojava

En Syrie, depuis le début du conflit qui oppose le gouvernement d’el-Assad aux rebelles syriens (Armée Syrienne Libre, Front Islamique, État Islamique, ... ), une véritable Révolution est en marche dans la partie nord du pays, et pourtant occultée par tous les médias et pays occidentaux.
Dans la région du Rojava, profitant de la déstabilisation du pouvoir, les kurdes ont pris le contrôle de leurs territoires et organisent leur propre défense.

Déjà en conflit avec l’État Syrien d’ el-Assad au sujet de l’autonomie du Kurdistan ainsi que pour les campagnes de colonisations et d’assimilation forcées par l’installation de tribus arabes pour dé-kurdiser la région ; les kurdes ne pouvaient pas non plus compter sur l’ASL ( Armée Syrienne Libre ), contrôlée politiquement par la Turquie et formée par la CIA, deux ennemis de la libération du Kurdistan.
Après la décapitation, le 3 juillet 2012, d’un membre des comités de défense du peuple kurde, le PYD (Parti de l’union démocratique), parti majoritaire des kurdes de Syrie, branche locale du PKK, unis aux autres partis kurdes, annonce la formation du Conseil Suprême Kurde, seul autorité légitime sur le Rojava.
Dénonçant tout acte de violence et les activités visant la déstabilisation de la région kurde, l’accord appelle à la Révolution et à la chute du régime. Le co-président du Conseil du Peuple, Abdoulsalam Ahmed, déclare : « Nous sommes pour une révolution populaire par des moyens pacifiques. Le régime syrien doit être détruit et remplacé par un système démocratique. Les droits du peuple kurdes doivent être reconnus dans la future constitution. ».

Le 19 Juillet 2012, les kurdes, menés par le PYD, s’emparent de toutes les institutions du régime syrien dans la ville de Kobanê. Dans la foulée, le PYD prend le contrôle des institutions de la ville d’Efrîn, puis de plusieurs petites villes. Très rapidement, des Assemblées Populaires sont formées dans toutes les villes, et assurent les services jusque-là sous la responsabilité de l’État syrien. Les YPG, les Unités de Défense du Peuple, branche armée du PYD, sont formées. Les assemblées ouvrent des écoles en langue kurde, interdites auparavant, dans toutes les villes sous leur contrôle. Le Conseil Suprême Kurde, prend aussi en main l’économie en s’emparant de la gestion des ressources naturelles : le pétrole dans la région de Qamişlo.

Réorganisation du Kurdistan syrien : construction de l’autonomie démocratique

Suivant les principes de « Confédération Démocratique » définis par Abdullah Öcalan, leader du PKK, le Rojava est divisé administrativement en 3 cantons :
Qamişlo : région la plus à l’est, à la frontière avec l’Irak et la Turquie. Région la plus grande, la plus peuplée 900 000 d’habitants, et la plus riche en pétrole.
Kobanê : région centrale collée à la frontière turc au nord, cernée par l’État Islamique. C’est une région agricole peuplée de près de 500 000 habitants.
Efrîn : région la plus à l’ouest, cernée par l’ASL, l’EI et la frontière turc. Région la plus pauvre, peuplée par 400 000 habitants.

Information très importante, le Rojava n’est pas seulement peuplé de kurdes, des dizaines de milliers d’arabes, d’assyro-chaldéens, d’arméniens et de syriaques y sont très présents, ainsi que leur histoire : villes chrétiennes, vestiges historique propre... Les minorités non kurdes ont le droit de se doter de leurs propres institutions, de parler leur langue, de l’enseigner et sont intégrés aux institutions diverses :il y a une structure multiculturelle et plurireligieuse.
Il faut, pour être honnête, ajouter que ces région ne forment pas un territoire unifié. Elles sont séparées militairement par des zones contrôlées par l’EI ou l’ASL ou l’armée syrienne. Les ponts qui permettent de les unifier, politiquement et militairement, passent par le Kurdistan turc. (voir carte)

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Note

sources et compléments d’info :

Qu’est ce que le Confédéralisme Démocratique ?
http://www.uekf.org/?page_id=198

Un point de vue libertaire sur le Confédéralisme Démocratique.
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1410

Reportage de France 24 sur le Rojava
http://www.france24.com/fr/20140904-le-debat-reportage-exclusif-combat-kurdes-organisation-etat-islamique-syrie-irak/

Site des femmes de la guérilla (en turc)
http://www.yja-star.com/tr/

Liens entre le gouvernement turc et les djihadistes
http://www.actukurde.fr/actualites/539/akp-et-al-qaida-sur-une-mme-photo.html

l’YPG a formé un bataillon arabe
http://www.actukurde.fr/actualites/537/kurdistan-syrien-lypg-a-forme-un-bataillon-arabe.html

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