Des familles du village de Sacaba (Bolivie) victimes d’un « loteador »
Dans ce village de la vallée de Cochabamba, la population vit en permanence sous la menace des mafias qui, main dans la main avec les autorités locales, exproprient les familles pauvres de leurs terrains par la violence, l’arnaque et la corruption. Ce phénomène touche des familles entières, qui peinent à se défendre face aux puissants.
Ces réseaux corrompus qui mêlent avocats, notaires, prêtes-noms et des gens malhonnêtes, se livrent à des trafics de grande ampleur en falsifiant des documents et les faisant authentifier par des fonctionnaires corrompus, souvent eux-mêmes à la tête des réseaux. Ainsi les « loteadores » peuvent s’accaparer terrains et maisons de familles qui sont alors expulsées par les tribunaux.
Ce phénomène, présent dans toute la Bolivie est une des conséquences parmi d’autres de la corruption. Au-delà d’une analyse populiste qui voudrait faire de cette situation un objet de scandale, il est important de préciser que la corruption n’est pas une dérive de quelques individus à l’éthique douteuse, mais bien la conséquence d’une certaine organisation du pouvoir tant économique que politique. Les décisions de justice, l’authenticité des actes notariaux ou cadastraux sont en effet au centre de la relation entre l’état et le capitalisme.
Les pratiques des « loteadores » ne peuvent pas non plus être analysées sans comprendre le phénomène de spéculation immobilière et foncière largement abreuvé par l’argent sale. Cette spéculation foncière a été telle qu’en quelques années les prix ont été multipliés tandis que la propriété foncière s’est concentrée entre les mains des plus riches. Il est aujourd’hui impossible, pour les foyers les plus démunis, d’imaginer l’achat d’une maison même en regroupant les apports d’une famille élargie.
Je travaille comme ouvrière agricole dans l’Hérault (Montpellier) pour pouvoir payer des frais d’avocat pour que ma famille puisse défendre le terrain sur lequel mes parents, mes trois sœurs, leurs enfants et moi, pourrions un jour enfin nous installer. Si nous organisons cette soirée, c’est afin de récolter des fonds pour soutenir cette lutte et ouvrir un espace de discussion sur les luttes actuelles contre la corruption en Bolivie.
Venez nous soutenir mardi 14 novembre à partir de 19h à La Nouvelle Rôtisserie (4 rue Jean et Marie Moinon, 10e arrondissement, Métro Colonel Fabien)