L’Éducation Nationale va-t-elle rembourser les jours de grève des enseignant-es ? Le ministère de l’Intérieur va-t-il demander pardon aux élèves qui se sont mobilisé-es et sur qui la répression s’est abattue ? Attal va-t-il revenir sur la réforme pourrie de Blanquer ?
Rien n’est moins sûr, car ce gouvernement n’écoute rien. À ce titre, Macron a suffisamment donné l’exemple. Pourtant, le rapport publié fin juillet et passé plutôt inaperçu dans les médias a dû faire siffler quelques oreilles à la tête de l’État, car il n’émane pas de quelques syndicats de profs gauchistes mais de l’Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche. En clair, des personnes d’autorité, placées ici par l’État lui-même pour leur capacité à être inoffensives, étrilles les réformes qui ont été mises en place successivement par la macronie.
Rappelez-vous, au début de l’été 2017 des milliers de jeunes qui venaient d’avoir leur bac se voyaient refuser l’entrée à l’Université, étaient parfois tiré-es au sort pour entrer dans la filière de leur choix, le chaos était complet. Une solution aurait été d’ouvrir des places à la fac, en recrutant des profs afin de garantir le droit à l’éducation. À la place, Blanquer et Vidal y voyaient l’occasion de s’attaquer à un vieux marronnier des gouvernements dits “libéraux” : sélectionner à l’entré des universités. Et ainsi naissait Parcoursup, une plate-forme de sélection à l’algorithme opaque, véritable usine à gaz administrative qui ne produit que de l’angoisse et de la reproduction sociale. Dès la première rentrée, en 2018, le chaos est total : non seulement il y a encore plus de personnes sans affectation, mais en plus la sélection d’une personne dans telle ou telle filière est opaque et injuste.
Dans la foulée, Blanquer initiait une transformation complète du baccalauréat, supprimant les différentes filières générales au profit de “spécialités” choisies par les élèves. Même chose pour les filières technologiques qui, si elles n’ont pas disparues, sont profondément transformées avec des épreuves de bac majeures au mois de mars, afin de convenir à Parcoursup, et une épreuve de Grand Oral au mois de juin pour garder une sorte de rite de passage républicain. Les lycées professionnels ne sont pas épargnés non plus : ils sont en train, en ce moment même, d’être dépecés pour être offerts au Ministère du Travail (les élèves n’apprendront pas seulement à être de la chair à patrons, ils seront de la chair à patrons). Un autre projet initié par Blanquer, très proche de Macron sur les questions d’éducation.
Sans rentrer dans le détail, cette transformation de l’enseignement secondaire fait l’unanimité contre elle. Quelque soit leur statut, ses victimes ont compris dès le début : profs, élèves, familles, et même les syndicats de chefs d’établissement et d’inspecteurs, dont le métier est d’avaler les couleuvres du gouvernement, tous les acteurs et actrices de l’école ont protesté.
Quelque soit l’angle par lequel on les regarde, ces réformes étaient indéfendables dès le début : un calendrier aussi rapide que flou, des règles du jeu qui changent en cours de route, des dispositifs annoncés mais pas mis en place faute de financement, des objectifs inatteignables, des “simplifications” qui causent des lourdeurs administratives…