Nous sommes, pour la majorité d’entre nous, des étudiant.e.s sans papiers ayant entamé nos études avec ou sans titres de séjour. La préfecture a refusé de nous renouveler ce titre suite à un redoublement ou à une réorientation, nous refusant ainsi les mêmes droits qu’aux étudiant.e.s français.e.s. Nous subissons les décisions arbitraires des préfectures et notre vie se transforme en peur continue avec, en plus, l’obligation vitale de réussite. Nous ne pouvons pas travailler, ou très peu, nous sommes bien seul.e.s face à une institution aussi imposante que la préfecture.
Si jusque là, des régularisations individuelles à titre exceptionnel étaient possibles, ce n’est plus le cas depuis août 2017. Ces négociations obtenues après plusieurs années de mobilisation ont connu un arrêt brutal à l’échelle de Ile-de-France. Pour nous, ce n’est que la première étape d’une politique encore plus hostile à l’encontre des personnes mises en situation irrégulière et qui s’accentuera avec le projet de loi Asile et Immigration.
Face à ces offensives, les étudiant.e.s sans papiers d’Île de France (P1/P4/P7/P8/P10/P12/P13/INALCO) se mobilisent depuis novembre 2017, en réclamant leur régularisation immédiate au moyen de rassemblements répétés en apportant également un soutien aux exilé.e.s de P8 et les travailleur.euses sans papiers. Jusqu’à présent nous n’avons eu droit à aucune réponse, ni même à un semblant d’intérêt de la part de la préfecture ou des différents ministères en charge de cette question (enseignement supérieur et intérieur).
Entre temps des ami.e.s se sont fait emprisonner dans des centres de rétention mais nous avons pu agir collectivement pour les libérer. Nous nous sommes rassemblé.e.s devant les Centres de Rétention et nous avons pu mobiliser suffisamment de personnes pour créer un rapport de force, obtenant la libération d’ ami.e.s étudiant.e.s sans papiers. L’isolement ne nous sert pas, il accentue les détresses individuelles. Il faut se mobiliser ensemble, non seulement pour obtenir notre régularisation, mais aussi pour ne plus être seule face à la machine à expulser.
La préfecture de Paris et le ministère de l’intérieur devant lesquel.le.s nous nous sommes rassemblé.e.s, refusent toujours de nous recevoir. Ainsi nous appelons à un nouveau rassemblement devant la cité universitaire afin d’être reçu.e.s à l’antenne de la préfecture de Paris dédiée aux étudiant.e.s étranger.e.s, ce qui avait été possible il y a quelques mois.
Nous nous préparons aussi d’ores et déjà pour la rentrée prochaine où les campus se rempliront de nouveau et où il faudra visibiliser notre lutte dans les facs où ce n’était pas le cas cette année. Pour cela, nous comptons sur le soutien de tou.te.s les actrices et acteurs du milieu universitaire.
Nous appelons l’ensemble du mouvement social, contre les sélections, la privatisation, la destruction d’emplois, le mouvement lycéen, étudiants, les cheminots, les collectifs sans papiers à converger avec nous à ce rassemblement du 28 juin pour que l’on fasse nombre. Nous demandons la régularisation de tou.te.s les sans papiers, l’obtention d’une circulaire de régularisation qui donne un cadre légal à ces procédures, en nous inscrivant contre les politiques du contrôle migratoire actuelles et passées. Ce que nous voulons c’est une vie digne, la même chose que nos frères et sœurs réfugié.e.s, demandeur.e.s d’asile, sous la protection subsidiaire, migrant.e.s économiques, sociaux et politiques avec ou sans papiers. C’est ce que demandent aussi nos ami.e.s cheminot.e.s, nos camarades étudiant.e.s, nos frères et sœurs victime de violences policières. Une vie digne pour tous et toutes.