Depuis l’arrivée des réseaux sociaux, nous sommes nombreux à avoir pris l’habitude de nous informer uniquement via ces plateformes, avec Facebook très largement en tête. Nous ouvrons notre compte, et les « posts » des pages engagées que nous « aimons » s’affichent plus ou moins sur notre « fil » malgré des algorithmes capricieux, changeants et pas toujours politiquement impartiaux.
Ce n’était pas très éthique, mais ça avait le mérite d’être simple et accessible potentiellement au plus grand nombre [1].
Certains mouvements sociaux se sont déployés presque uniquement sur de telles plateformes comme le mouvement des étudiant·e·s contre Parcoursup en 2017-2018 ou celui, plus récent, des Gilets jaunes.
Oui, mais voilà, depuis quelques mois les règles ont changé unilatéralement, comme toujours avec FB.
Cet été, lors du G7 de Biarritz, de très nombreuses pages contestataires, la plupart issues de la gauche radicale, ont été censurées. La page était toujours en ligne, mais les personnes inscrites à cette page ne pouvaient ni recevoir les articles proposés (post) ni les partager. Une façon subtile et radicale de « débrancher » les pages qui auraient pu être l’écho de la contestation de ce G7.
À l’approche du G7, dans une logique militaire dont l’État a le secret, on pouvait penser à une opération qui consistait à éteindre les réseaux de communications ennemis, avant d’hypothétiques batailles de rues qui n’auront finalement pas lieu pour de tout autres raisons internes au mouvement. Mais ces coupures ne furent pas seulement un coup isolé.
Depuis cet été, de nombreux groupes ou pages de collectifs se sont vus : soit être mis en veille, soit ont vu leur page purement et simplement supprimée. Comme la page de paris-luttes.info et ses plus de 28 000 abonné·e·s., finalement « gelée » par Facebook courant septembre après quasi cinq ans d’existence.
Lors des grèves sauvages de la SNCF du mois d’octobre 2019, la page Facebook de Sud Rail s’est elle aussi retrouvée bloquée pendant une semaine. La menace s’étend.
Malgré des articles de presse et des questions envoyées à Facebook, le réseau social refuse de donner la moindre explication à ses agissements. [2]
On ne sait donc pas si Facebook bloque des pages à la demande du gouvernement, si Facebook fait du zèle ou si encore une campagne de signalement des pages contestataires par des proches d’En Marche est en cours.
Quoi qu’il en soit, il va falloir trouver des alternatives pour s’informer et penser nos réseaux d’informations.
Quelques idées en vrac :
- Il est urgent pour les collectifs ou groupes qui diffusent de l’info de se doter d’un site internet qui leur est propre.
- On peut renforcer les sites du réseaumutu.info dont paris-luttes.info est partie prenante. En proposant des articles, en diffusant ceux existants, en faisant connaître ces sites, etc.
- On peut s’entraider entre sites et plateformes pour créer une caisse de résonance commune.
- On peut investir d’autres réseaux sociaux plus tolérants (Twitter, Seenthis, Mastodon, Telegram, etc.)
- On peut relayer sur notre propre compte Facebook ou autre les articles qui nous ont plu sur paris-luttes.info ou ailleurs.
- On peut tout simplement enregistrer dans ses onglets les sites qu’on aime bien et penser à les consulter de temps en temps.
- On peut (re)créer des listes mails, des newsletters, des boucles Signal, toutes ces méthodes de communications que nous utilisions avant l’arrivée des réseaux sociaux et qui ont fait leurs preuves.
- On peut écouter les radios alternatives qui existent.
- On peut se procurer des revues, journaux, fanzines, les diffuser et pourquoi pas en créer de nouveaux.
Ce ne sont que des propositions pour parer au plus pressé et qui ne compenseront probablement pas l’audience que permettait Facebook. Il faudra engager plus loin la réflexion sur la nécessité et l’importance des automédias dans les luttes en cours et à venir.
L’information autonome est en passe de mourir sur Facebook ? Vive les médias libres !