1- Est-ce que tu es en grève ? Pourquoi es-tu en grève ? Peux-tu expliquer pourquoi c’est important à tes yeux ?
Grognon : Oui, je suis en grève contre la réforme des retraites, mais aussi et surtout contre le gouvernement et sa politique. Je suis également en lutte pour l’amélioration de mes conditions de travail et une augmentation salariale.
C’est important pour moi, car c’est la première fois que je peux effectivement être en grève après m’être mobilisé à l’université. C’est une action politique forte qui permet d’établir un rapport de force.
Raph : Oui trois jours de suite là ! C’est historique dans notre secteur « jeunesse et sport » ! On défend comme beaucoup d’autres un autre projet de société anticapitaliste, féministe, internationaliste.
On défend comme beaucoup d’autres un autre projet de société anticapitaliste, féministe, internationaliste.
Mep : Je suis en grève parce que maintenant que je suis salarié, j’ai accès à cette forme de lutte, qui ne m’était pas accessible avant, et qui se cumule avec d’autres formes de mobilisation que j’utilise encore. Je le fais pour mes vieux, que je ne veux pas voir galérer toute leur vie. Je le fais pour mes frères et sœurs, pour mes amis et mes camarades, et pour moi. C’est important à mes yeux parce que si on n’abolit pas le salariat de mon vivant, j’aimerais quand même pouvoir me reposer un peu une fois vieux.
2- Est-ce que tu vas quand même au taf ? Et comment ? Ça te prend combien de temps ? Et au fait, tu fais quoi comme taf ?
Grognon : Je suis assistant d’éducation. Je suis allé plusieurs fois au collège principalement pour des AG et discuter avec les profs. J’y vais à pied ce qui me prend 25 min.
Raph : Oui, je vais au taf pour mobiliser, differ, organiser des AG. Je suis prof de sport, mais au Ministère des Sports pas à l’Éducation Nationale. La mobilisation prend tout mon temps.
Mep : Je suis pion. Je vais travailler de temps en temps, en calculant mes retenues sur salaire pour arrondir les angles, pour les fins de mois. Je suis boursier donc je prends le Vélib’ pour pas cher, 30 min par ci et 30 min par là. Mais les Parisiens au volant c’est pas ouf donc quand je ne le sens pas je me permets de me déclarer gréviste et de ne pas louper le piquet à côté de chez moi.
3- Comment t’organises-tu avec tes collègues ? Tes voisin·e·s ? Est-ce que tes potes se sentent concerné·e·s ?
Grognon : On a une conversation Messenger depuis le début de l’année. Malheureusement, ce n’est qu’une partie de l’équipe vu qu’on ne travaille pas tous les mêmes jours. Il y a eu une AG interpro locale qui permet de s’organiser avec des gens proches. Une bonne partie de mes potes sont aussi en grève.
Raph : On fait des AG, des actions interpro ; par exemple la fac aujourd’hui, RATP ce soir. On va vendre de la bière fabriquée par mon cousin à prix coutant pour remplir les caisses de grève.
On arrive à parler politique et c’est déjà ça.
Mep : Mes collègues ne sont pas très chauds en dehors des grosses journées de grève. Mais on arrive à parler politique et c’est déjà ça. Ils se sentent concernés, mais sans trop s’avancer.
4- Comment vois-tu ce mouvement ? Qu’est-ce qu’on peut faire ensemble ?
Grognon : Je vois ce mouvement comme un temps fort des luttes sociales de ces dernières années surtout dans l’après Gilets Jaunes. On peut lutter, essayer de gagner et tisser des réseaux de confiance et de solidarités. Il faut soutenir les grévistes financièrement et en allant les rencontrer sur les piquets.
On peut lutter, essayer de gagner et tisser des réseaux de confiance et de solidarités.
Raph : Ce mouvement est très bien pour construire du collectif. On fait plein de rencontres interpro, mais il faut plus d’initiatives nouvelles.
Mep : J’espère que ça va marcher et nous lancer. Qu’on construise des alliances et qu’on dépasse certaines barrières. En tant que militant autonome, ça me permet d’avancer, de faire des trucs et de m’organiser avec mes camarades. Il se passe plein de trucs, on constate la combativité, ça met du baume au cœur.