Nous sommes le 26 décembre. Trois mois se sont écoulés depuis l’attentat contre les normaliens d’Ayotzinapa*. 91 jours durant lesquels les familles et les compagnons des étudiants les ont cherchés partout, ont crié justice pour chacun d’eux et ont lutté sans relâche pour leur réapparition en vie. Durant la dernière manifestation qui a eu lieu à Mexico, dans les principales artères de la capitale, les pères et mères de famille ont convoqué une nouvelle fois le souvenir de leurs enfants.
Le Bureau du Procureur Général de la République Mexicaine a suspendu les recherches concernant les 42** étudiants encore disparus en cette fin d’année, en alléguant les vacances. Les autorités comptent de cette façon classer le cas Ayotzinapa, pariant sans doute sur la fatigue et sur la démobilisation du peuple mexicain. Mais la mobilisation pour la réapparition des 43 jeunes ne faiblit pas. Lors de la dernière manifestation on a ainsi pu voir des étudiants, des organisations sociales et d’autres de la société civile : les parents et les étudiants normaliens ne sont pas seuls. Dans cette mobilisation, il n’y a de place ni pour l’oubli, ni pour le pardon.
« Quand ils nous ont pris nos enfants, ils nous ont également pris notre peur », déclare Felipe de la Cruz, père de famille qui ouvre la manifestation. Au moment où le cortège arrive au Monument de la Révolution, des voix pleines de rage et d’indignation résonnent de partout. Ce sont les trois mois d’absence. Les parents réitèrent qu’Ayotzinapa est un berceau de dignité.
« Chaque jour les cœurs des parents pleurent, mais chaque jour la colère grandit », disent-ils. Les demandes continuent d’être claires : « sanction pour les coupables ; destitution des pouvoirs de l’État de Guerrero ; pas d’élections en 2015 si les étudiants normaliens ne réapparaissent pas. »
« Êtes-vous disposés à vivre le cauchemar que nous avons vécu pendant trois mois ? », demandent les parents, en appelant la population qui les soutient à ne pas voter aux élections de 2015.
À Iguala [État de Guerrero], l’État a écorché un garçon et aujourd’hui, les parents disent à leur tour : « Nous allons les écorcher parce que nous allons leur enlever le pouvoir ! ». Immédiatement, les manifestants qui écoutaient avec attention s’associent à leur détermination en criant : « Peña dégage ! Peña dégage ! ».
À ce jour, le gouvernement n’a fait état d’aucun résultat certain. Emiliano Navarrete, père de l’étudiant José Ángel Navarrete, signale : « Nos enfants valent plus que n’importe quel misérable gouvernement. Nous continuerons d’exiger que nos enfants soient présentés vivants ». Don Emiliano envoie un message au gouvernement : « Ce sera Gouvernement contre peuple, sans intervention étrangère, on verra alors comment on se fout sur la gueule »....
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