Départ en action vers Stalingrad en soutien aux migrants
Départ en métro, les barrières qui empêchaient les migrants de s’installer ont été démontées puis manif sauvage pour retourner à République. Une manif’ calme mais plutôt festive, avec des chants, des fumis et quelques vitrines redécorées en fin de parcours.
« Apéro chez Valls »
Vers 22h30, 3 personnes se succèdent en AG pour une bonne proposition. Si on allait boire un coup chez Manuel Valls, qui habite rue Keller, pas très loin de Bastille. Après quelques hésitations on débute un tour de la place de la République sans trop y croire au début. Et puis ça prend. Les gens gueulent « Apéro chez Valls ». On s’engage d’abord sur le boulevard Voltaire mais les flics sont vigilants et forment un solide cordon. Vers Beaumarchais ça bloque aussi, du coup tout le monde prend l’avenue de la République. Et là on s’aperçoit qu’on est très nombreux. Près de 3000 personnes partent spontanément en manif sauvage. On bifurque très vite sur le boulevard Richard Lenoir. "Paris, debout, soulève toi !", ça gueule à fond. Y a du monde, l’ambiance est sympa, on marche vite pour essayer de prendre les flics de court et ça fonctionne plutôt pas mal.
Arrivés vers St Ambroise, on prend la rue Popincourt pour se rapprocher de chez Manuel Valls. De plus au fond du boulevard les gyrophares font des petits signes indiquant la présence des flics. Rue Popincourt on continue à faire du bruit, on tape sur les grilles des magasins, les gens ouvrent leur fenêtres mi surpris mi amusés. Des personnes devant un bar demandent ce qui se passe et quand on répond « On va boire un coup chez Valls » ils se marrent et nous souhaitent bonne chance. On prend ensuite la rue de la Roquette et là il y a un camion de flic au bout de la rue. La tête de manif va voir si elle peut passer et il y a un petit affrontement, quelques bouteilles lancées contre gros gazage qui pique le nez de toute la manif. Assez intelligemment, les gens vont choisir de bouger très rapidement. Dans ce genre de situation, notre atout principal reste la mobilité par rapport aux keufs et leurs camtars. Repoussés par les gaz, on file donc direct dans le petit passage Charles Dallery. Toujours une ambiance sympathique malgré le premier gazage. Les gens ne sont pas trop partis.
Mais au bout du passage Charles Dallery il y a un lieu peu kiffant : le commissariat du 11e arrondissement. Autant dire que la tête de manif s’en donne à cœur joie. Les quelques flics tout surpris sortis sur le perron pour voir se qui se passait sont vite rentrés. Une bagnole de keuf est défoncée, une barricade montée pour temporairement mettre en quarantaine les nuisibles du comicos. Néanmoins ça bouge assez vite parce qu’on ne veut pas donner la possibilité aux flics de nous serrer. La tête du cortège descend donc l’avenue Ledru Rollin, direction Bastille pour atteindre la rue Keller par l’autre coté, mais évidemment les pandores sont là pour protéger notre cher premier ministre (on aurait fait chou blanc car de toute façon il était en ballade VRP en Algérie pour signer quelques contrats).
Sur l’avenue Ledru Rollin le Crédit Agricole prend cher. Toutes les vitres et le DAB sont explosés. Un chantier et quelques poubelles servent a constituer une première barricade sommaire. A l’angle de de la rue de Charonne et de Ledru Rollin, une barricade de poubelles est enflammée, et un affrontement héroïque de bouclier à banderole renforcée a lieu rue de Charonne, avant le reflux vers la rue de la Roquette. En gros, le commissariat est encerclé puisqu’il y a du monde de part et d’autre de la ruelle dans laquelle il est situé. Du coup, il y a un groupe minuscule de flics (genre 4-5) qui débarque de la rue de Charonne en renfort pour le commissariat, et qui se bastonne avec un groupe de manifestants très peu nombreux eux aussi. Quelques projectile sont lancés pour maintenir les policiers à distance. Mais ça ne s’éternise pas. Les pompiers arriveront rapidement pour éteindre les poubelles en flammes.
Derrière, l’ambiance est très bon enfant. Sans condamner les violences sur les flics, les gens présents décident de faire autre chose. D’abord ils se foutent de la gueules de keufs placés, penauds à protéger ce qu’il reste des voitures du commissariat du 11e, ensuite ils se lancent dans une chenille façon Guy Lux en chantant « Tout le monde déteste la police » et aussi « After chez Macron » au son de l’harmonica. Joli moment qui donne vraiment envie de faire plus souvent des manifs sauvages.
Après une dizaine de minutes, des camions de gendarmes arrivent, descendant la rue Ledru Rollin depuis Voltaire et dépassant le comico (le comico était un peu plus loin) pour bloquer le cortège du coté de la rue Basfroi. De loin, on aperçoit un gros gazage sur la rue de la Roquette.
Dans le même temps, le gros de la manif reflue vers la rue de la Roquette, caillassant au passage une dernière fois le commissariat, et faisant une autre belle barricade rue Ledru Rollin, pour découvrir une fois là-bas qu’elle est bloquée à chacune de ses extrémités. Des manifestants se mettent à chanter « on est encerclééééé, on est encercléééé, on est on est, on est encerclééééé ! » On tente quand même de sortir par le bas de la rue de la Roquette, mais après quelques jet de canettes plutôt inutiles (ce n’est pas comme ça qu’on fait céder un barrage de CRS), on se prend une dose de gaz bien véner, qui envahit toute la rue. Il chasse les manifestants à l’autre bout, dans une ambiance de quasi panique, tant la rue est étroite, encombrée de voitures, et l’atmosphère saturée.
Depuis les fenêtres, toujours rue de la Roquette, pendant qu’on soutient les copains et les copines nassé-e-s, quelques voisins solidaires chantent « Laissez-les partir ! Laissez-les partir ! ». A l’angle de la rue Popincourt et de la rue de la Roquette une personne est inanimée. A-t-elle fait un malaise à cause de la très forte présence de gaz ? Elle sera évacuée par une ambulance des pompiers.
Les gens se réfugient dans les restaurants, les bars, les halls d’immeuble.
Des soutiens qui ont échappé à la nasse se massent autour des cordons des keufs. « Libérez nos camarades ! » est scandé avec force.
Au bout d’une grosse demi heure et alors que les flics laissaient plus ou moins passer au compte-goutte, les gens encore encerclés poussent le barrage et les flics lèvent la nasse, non sans arroser tout le monde de lacrymo pour qu’ils partent plus vite. La plupart des gens refluent vers Voltaire. Il y a entre 250 et 500 personnes encore présentes.
Un retour anticapitaliste vers République occupée
Avec d’autres personnes venues en soutien, un cortège se reforme près du métro Voltaire et remonte le boulevard Voltaire. La circulation n’a pas été coupée et c’est une gentille pagaille. Pas mal d’automobilistes klaxonnent en soutien, on retourne à République et pas un flic en vue. Le cortège marche d’un pas rapide.
À partir de Saint-Ambroise environ, une première banques se fait défoncer. Quelques manifestant’es huent un peu l’initiative. Des discussions s’enclenchent entre les participant’es. A la deuxième banque étoilée c’est un « hourra » générale. À partir de là, pas une vitrine de banque ou d’assurance ne résistera sur le passage du cortège.
Quelques pub aussi sont détruites, bref, ce sont des symboles bien clairs du capitalisme qui sont attaqués, très éloignés de la violence économique et sociale réelle celle-ci, que ces institutions font subir aux peuples. Nous sommes donc très loin de l’image du casseur/hooligans qui ne sait pas pourquoi il fait ça et que les médias, repris en cœur par une bonne partie de la gauche bien pensante, aiment nous dépeindre.
En chemin on récupère quelques palettes et des barrières. On arrive place de la République au son des slogans. Les palettes sont empilées devant le boulevard Voltaire et enflammées. Un bon feu de camp en plein Paris. Ça réchauffe le corps et les cœurs. Il est environ 1h00, 1h30.
Une fin de soirée houleuse à République
Toujours un gros millier de personnes sur la place, pendant que ça s’enjaille au centre sur du gros son d’autres commencent à bloquer la circulation au niveau de la rue du Temple à l’aide de barrières de chantier et de poubelles. Une caméra de surveillance est taguée sous les acclamations de la foule.
Pendant que la fête bat son plein, une autolib est incendiée, les flics commencent à gazer, quelques projectiles en réponse.
Autour des 4h du mat’, l’ambiance est émeutière. Charges, grenades de désencerclement et tirs nourris de flashball. Au moins une arrestation sans motif apparent. Des blessé-e-s dont certain-e-s graves pris-e-s en charge par l’infirmerie de garde de la Nuit Debout. Certain-e-s évacuées par les secours. Malgré tout, du monde reste encore sur la place et la fête continue avec fanfare et batucada.
Quelques pacifistes ont improvisé un sitting devant les CRS. La tension est redescendue d’un cran, mais forte présence policière tout autour de la place.
Le bilan de la soirée en terme de répression n’est pas définitif au moment d’écrire ces lignes.
D’après la Préfecture, il y a eu 8 interpellations durant la soirée du 9 avril. Elles se rajoutent aux 10 autres ayant eu lieu pendant l’après-midi avec la manifestation République-Nation.
Quelques joyeux-ses participant-es