Pour rappel, la répression a commencé dès le début du rassemblement à 11h avec un dispositif presque digne d’un contre-sommet (hélico etc.), les flics empêchant toute tentative de départ en manif’ des milliers de personnes présentes à coup de charges et de lacrymos. Alors qu’un cortège a malgré tout réussi à tromper le dispositif, la manif’ sauvage ne fut finalement que de courte durée et tout le monde vite renvoyé sur la place.
Aux alentours de 14h, alors qu’il ne restait que 200 à 300 personnes sur la place et qu’il ne se passait quasiment plus rien, les agents de la bac se sont littéralement déchaînés sur les lycéen-ne-s.
Ils ont commencé par une violente charge qui leur a permis de chopper 2 ou 3 personnes et de semer un peu la panique. Je les ai ensuite vu s’en prendre violemment (coups de matraques, coups de pieds) à 3-4 lycéen-ne-s dans un coin de la place qui leur faisaient remarquer (poliment en + !) que leur présence n’était pas vraiment appréciée, en mode cowboys quoi... Mais c’est lorsque leurs collègues en tenue anti-émeute sont entrés en action qu’ils ont vraiment pu se lâcher.
Les CRS étaient positionnés tout autour de la place, bloquant certaines issues et en filtrant d’autres, se contentant jusqu’ici d’arroser de temps à autre la foule de lacrymos. Puis soudain une unité spéciale (je crois qu’il s’agissait de CI, une Compagnie d’Intervention, force anti-émeute de la préfecture de Paris) a pénétré sur la place pour charger un groupe d’une centaine de lycén-ne-s qui remuait un peu trop à leur goût (et quand je dis « remuait » c’est au sens propre, c’était pas du tout en mode gros affrontement). À ce moment là ça commence à être vraiment la panique et tout le monde se met à courir du côté opposé de la place où s’est judicieusement positionnée... la bac ! Ces braves policiers décident alors d’appliquer une méthode très simple pour mater ces jeunes révolté.e.s, dont pour beaucoup ce doit être une des première manif’ : toute personne qui passe à portée de matraque se prend au minimum un coup, et puis si la tête ne leur plaît pas c’est tabassage au sol et/ou interpellation. L’objectif est clair : semer la terreur. D’ailleurs ça marche assez bien puisque c’est à ce moment qu’on décide de sortir de la place avec mes potes, on décide quand même de rester pas trop loin derrière les lignes de CRS histoire de garder un œil sur la situation. Deux minutes après les flics décident de ne plus laisser passer les personnes qui veulent sortir, histoire de bien faire regretter à celles et ceux qui restent de ne pas avoir voulu se disperser malgré l’énorme pression.
Du coup à partir de ce moment là je n’ai plus bien vu ce qui se passait sur la place, mais j’ai vu les flics ramener régulièrement derrière leurs lignes des jeunes qu’ils avaient choppés. Les personnes étaient soit ramenées derrière leurs camions probablement pour être frappées à l’abri des regards puis embarquées, soit relâchées après quelques coups et insultes.
Si le bilan de cette première journée de mobilisation lycéenne est plutôt positif (pas mal de lycées bloqués, plusieurs milliers de manifestant-e-s et beaucoup de détermination), le degré de répression est inquiétant. Si le contexte de ces dernières semaines explique en partie le fait que les flics soient particulièrement à cran, c’est quand même me semble-t-il assez exceptionnel qu’une « première » manif de lycéen-ne-s soit à ce point réprimée. Je veux dire que même si la répression à toujours existé généralement un tel niveau de violence de la part des flics arrivait un peu plus tard dans le cadre des mobilisations des années précédentes.
La violence des flics et en particulier de la bac lors de cette manif’ a été complètement passée sous silence par les médias mainstream, il est important je pense de faire circuler un maximum de témoignages (écrits, vidéos, audio) sur ce qui s’est passé et de ne pas rester seul.e.s face à la répression !
Un « vieux », enfin plus lycéen depuis quelques années déjà...