La France accorde l’asile aux résistant.e.s chilien.ne.s Ricardo et Silvia

L’OFPRA vient d’accorder l’asile politique aux résistants chiliens Ricardo Palma Salamanca et Silvia Paulina Brzovic Pérez, ainsi qu’à leurs deux enfants. Le Chili avait émis un mandat d’arrêt international à leur encontre avec Interpol, mais la France a préféré leur accorder l’asile, les sauvant d’un procès particulièrement rude au Chili.

Le 15 février dernier, Ricardo Palma Salamanca a été arrêté à Paris suite à une « notification rouge » émise par Interpol Chili, qui a requis son arrestation à la police française pour l’extrader et le livrer à la justice chilienne. Membre du Front Patriotique Manuel Rodriguez (FPMR, bras armé du Parti communiste chilien en exil sous Pinochet), Ricardo Palma a été accusé d’avoir participé à l’exécution de Jaime Guzmán, idéologue de la dictature civilo-militaire de Pinochet et fondateur du parti d’extrême droite UDI, en avril 1991.

Rattrapé par la police et condamné à une double peine d’incarcération à perpétuité en 1992, Ricardo Palma s’était échappé avec trois camarades du FPMR de la prison de haute sécurité de Santiago le 30 décembre 1996. Lors de cette spectaculaire opération d’évasion, dénommée "Opération envolée de justice", un hélicoptère a emporté une cage blindée dans laquelle s’était réfugié les militants communistes. Ensuite, Ricardo s’était enfuit vers la France, où il a résidé avec la permission des autorités depuis 2017. Après l’émission du mandat d’arrêt international, la justice française a décidé de le placer en liberté surveillée.

Une semaine après l’arrestation de Ricardo, le 22 février, sa compagne, Silvia Paulina Brzovic Pérez, s’est rendue aux autorités françaises après le mandat d’arrêt international émanant du Chili, où elle était accusée d’avoir aidé à l’enlèvement de Cristián Edwards, fils du propriétaire du torchon d’extrême droite El Mercurio, en septembre 1991. Silvia Brzovic avait également été placée en liberté surveillée.

Suite à une campagne internationale de soutien et plusieurs rassemblements (dont certains à Paris), l’OFPRA (une fois n’est pas coutume) a décidé d’accorder l’asile politique à Silvia et Ricardo et leurs enfants ce lundi 2 novembre, leur évitant un procès politique au Chili et dont le résultat quasi-certain aurait été la condamnation à une lourde peine. Nous ne pouvons que saluer le résultat de cette mobilisation.

N’oublions pas que la « transition à la démocratie » de 1988-1990 au Chili s’est faite en négociation avec Pinochet, et que Pinochet lui-même est resté sénateur à vie jusqu’en 2002. Les forces armées y conservent énormément de pouvoir, et les principaux responsables des assassinats, des disparitions, et de la torture sous la dictature bénéficient aujourd’hui d’une impunité totale face à la justice. Le gouvernement au pouvoir, derrière le président Sebastián Piñera, est composé par une coalition dont fait partie l’UDI, parti fondé par Jaime Guzmán et qui se revendique encore et toujours pinochetiste. Les mouvements populaires et indigènes, notamment dans les communautés mapuche, sont encore très criminalisés et brutalement réprimés, dans une des sociétés les plus inégalitaires et néolibérales du monde.

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