L’Allemagne des camps aujourd’hui

Article sur les camps AnkER en Allemagne, centres d’hébergement de masse pour des personnes en exil. Il s’inscrit dans le cadre plus large des politiques européennes d’immigration.

Des hébergements de masse pour les exilé·e·s

L’espoir de la fin des camps en Allemagne, d’un droit pour toute personne en quête d’un refuge d’emménager dans un logement et de vivre de manière autonome s’évanouit un peu plus avec chaque nouvelle vague de propagande raciste et les projets de loi que proposent en réaction les bureaucrates et politicien·ne·s. Tel est le but affiché de la propagande de droite : inciter les gens à repartir au plus vite de façon « volontaire », peu importe la destination. Et s’il·elle·s refusent, on les y force.

Pour atteindre cet objectif, cela fait bien longtemps qu’une loi a prévu et organisé l’internement de force de milliers d’exilé·e·s en les confinant dans des camps.
Dans ces structures fermées situées le plus souvent loin des agglomérations, les exilé·e·s sont exposé·e·s à la haine, à la discrimination, sans défense face à la perte de leurs droits, à la criminalisation de leur personne, à la déshumanisation, à l’arbitraire des agent·e·s de sécurité, et à la violence de l’État. Il·elle·s doivent reconnaître qu’il·elle·s ne peuvent pas vivre en sécurité dans cette Allemagne-là.
Depuis que l’État a reconnu « l’efficacité » des camps ARE [1] conçus pour les personnes issues de pays dits d’origine sûre, et des camps de transit pour les personnes qui ont peu de chance d’obtenir un titre de séjour, les centres AnkER [2] ont été créés au début du mois d’août 2018. AnkER signifie « Arrivée, Décision, prise en charge par les communes ou Renvoi ». La Bavière a construit des centres de ce type sur tout son territoire (à Schweinfurt, Bamberg, Zirndorf, Donauwörth, Manching, Regensbourg, Deggendort), la Saxe a inauguré un centre AnkER à Dresde et la Sarre à Lebach. Le ministère fédéral de l’Intérieur parle aujourd’hui de 14 centres AnkER, parce qu’il y inclut aussi « les structures ayant une fonction semblable » dans d’autres Länder allemands, par exemple à Chemnitz, Leipzig, Nostorf-Horst, Stern-Buchholz, Neumünster et Eisenhüttenstadt.

Les centres AnkER : généralisation d’un dispositif exceptionnel

Tou·te·s les demandeur·euse·s d’asile y sont conduit·e·s dès leur arrivée. Il·elle·s doivent vivre dans un camp de ce type pendant toute la durée de la procédure de demande d’asile jusqu’à la décision définitive. Certaines personnes vivant déjà dans des centres d’hébergement ou des logements ont dû quitter ceux-ci pour s’installer dans un centre AnkER.
Mais surtout, pour la majeure partie des exilé·e·s, la vie carcérale dans les camps ne constitue pas une étape transitoire, mais l’étape finale de leur séjour en Allemagne. Car dans les centres AnkER, le droit d’être réparti·e·s dans les communes et de se voir attribuer un logement, n’est plus accordé qu’aux personnes qui obtiennent une réponse favorable à la demande d’asile.

Privé·e·s de droits par la restriction de l’accès à l’aide juridique

Les procédures de demande d’asile doivent être introduites immédiatement, souvent dans les deux premiers jours suivant l’arrivée. Ce laps de temps ne permet pas aux demandeur·euse·s d’asile de s’y préparer en bonne et due forme.
Le droit à un accompagnement juridique indépendant, inscrit dans l’accord de coalition, est nié, car les centres d’information se voient refuser le droit d’accéder aux centres AnkER. Ainsi, le bureau d’aide aux réfugiés [3] de Bavière rapporte l’exemple d’une interdiction de visite. Les tentatives d’aller consulter une aide juridique indépendante échouent souvent faute de moyens financiers.
Dans les centres AnkER, le principe d’aide en nature prévaut : mis à part 90 euros d’argent de poche, les habitant·e·s n’obtiennent pas d’argent. Le conseil juridique dans les camps est pris en charge par l’office fédéral de la migration et des réfugié·e·s (BAMF Bundesamt für Migration und Flüchtlinge). Cet accompagnement ne peut être indépendant, il est guidé par l’agenda du BAMF : le retour « volontaire » ou la déportation. Les voies de recours ne sont souvent pas évoquées, et une fois que les délais sont dépassés, les voies légales contre le refus d’asile ne sont plus possibles.
Selon l’avocate munichoise Anna Fröhlich dans la TAZ [4] du 31 juillet 2019, ceux·elles qui veulent contester un refus de demande d’asile doivent payer une somme de 1000 euros et rester dans le camp pendant 2 à 3 ans supplémentaires, car telle est la durée de la procédure de recours.
Les résultats fournis par le gouvernement à une petite commission d’enquête commandée par un groupe parlementaire de gauche révèlent que les taux de réponses favorables aux demandes d’asile sont très hétérogènes. Mais ce sont toujours les mêmes antennes du BAMF qui attirent l’attention par leurs taux d’acceptation très bas — et en particulier dans certains centres AnkER. En 2018, 6,7 % des demandes d’asile faites par des exilé·e·s originaires d’Iran dans le centre AnkER de Bamberg ont reçu une réponse favorable, contre une moyenne de 34,3% dans l’ensemble du pays, et 24,4% de celles des demandeur·euse·s originaires de Somalie ont été acceptées dans le centre AnkER de Zirndorf, contre 65,8% pour la moyenne fédérale. (BT DS 19/8701)

Exposé·e·s jour et nuit à la violence des forces de l’ordre

La liberté de mouvement des habitant·e·s des centres AnkER est fortement restreinte, il·elle·s n’ont pas le droit de quitter leur circonscription sans en avoir l’autorisation. Les camps sont situés à l’écart des villages, il est difficile d’y accéder et de les quitter.
Cette assignation durable des exilé·e·s à un lieu les expose en permanence à la surveillance, au contrôle et à une interpellation. Les déportations ont généralement lieu entre trois heures et quatre heures du matin par l’intervention massive de la police.
Il arrive souvent que les hommes, les femmes et les enfants traumatisé·e·s se fassent réveiller à intervalles irréguliers par des policier·ère·s armé·e·s, des hurlements bruyants ou des appels à l’aide, dans le camp il·elle·s assistent à des chasses à l’humain, à la terreur et à la panique des personnes concernées.

Des conditions de vie destructrices

Dès leur entrée sur le territoire, les autorités administratives conseillent aux demandeur·euse·s d’asile de quitter le pays de manière « volontaire » et de suivre le conseil risible de revenir depuis le pays d’origine muni·e·s d’un visa de travail. Elles proposent de manière de plus en plus systématique et avec une insistance croissante un retour soi-disant « volontaire » comme alternative à une déportation violente aux demandeur·euse·s d’asile, même à ceux·elles dont les chances de rester légalement sont bonnes. Comme dans d’autres centres d’hébergement collectif, les conditions de vie dans les centres AnkER sont indignes. Jusqu’à 16 personnes, hommes, femmes et familles mélangé·e·s, partagent des chambres communes bondées. L’absence d’un quelconque lieu de répit mène nécessairement à des conflits et à des confrontations entre des personnes qui doivent partager leur vie dans un espace très réduit.

Il n’y a pas d’intimité. Les chambres et même les salles de bain communes ne ferment pas à clé. Les femmes en particulier sont exposées aux agressions sexuelles. Des femmes du centre AnkER de Manching/Ingolstadt rapportent que des agents de sécurité masculins pénètrent sans cesse dans les douches des femmes. Le 15 mai 2019, la Bayerische Rundfunk, la principale chaîne d’information de Bavière, cite une statistique du ministère de l’Intérieur attestant du caractère quotidien d’agressions et d’autres formes brutales de violences faites aux femmes dans les centres bavarois. En 2018, 219 cas de non-respect du consentement ont été recensés, ainsi que 534 actes de violence faite aux femmes, parmi lesquels se trouvent des viols, des abus sexuels et des blessures corporelles graves. Le nombre réel de délits est probablement plus élevé que ce que laissent croire ces faits ayant mené à des poursuites.
Les agent·e·s de sécurité surveillent les accès aux camps 24 heures sur 24. Les contrôles à l’entrée consistent en des fouilles systématiques, parfois des fouilles au corps intégrales. Les visites, même de membres de la famille, ne sont pas autorisées. À toute heure, le service de sécurité effectue des contrôles violents des chambres. L’interdiction de travailler, d’effectuer une formation ou de faire des études, ainsi que le déni d’accès structurel aux cours d’allemand renforcent l’isolement et condamnent au désœuvrement. L’accès aux soins est fortement restreint pour les habitant·e·s. Faire à manger est interdit dans le camp, les habitant·e·s reçoivent des plateaux-repas trois fois par jour. L’internement dans un camp est dangereux pour le développement des enfants et des adolescents. Les besoins primaires de sécurité, de repos et de repli, de stimulation intellectuelle ne sont pas remplis. L’accès à des salles de jeu est presque inexistant. Eux·elles aussi sont exclu·e·s des écoles maternelles et primaires.

Tout est fait pour que le grand public n’ait pas vent de ces conditions de vie : les visiteur·euse·s sont interdit·e·s d’entrée, les journalistes ont le droit de participer à des visites des camps lors de rendez-vous organisés environ une fois par an.
À ces conditions de vie misérables s’ajoute la violence structurelle destinée à pousser les habitant·e·s à quitter le pays. Exilé·e·s, militant·e·s et soutiens s’évertuent à montrent que cette violence est intrinsèque au système ; elle résulte de l’action coordonnée de différentes institutions comme la direction du camp, les services de sécurité, la police, la justice et les médias.
Agence de sécurité privée et police travaillent main dans la main
Dans les camps, les agressions brutales commises par des agent·e·s de sécurité privée sont récurrentes, par exemple au camp de Bamberg [5]. D’ancien·ne·s agent·e·s de sécurité ont même témoigné de l’existence d’une unité spéciale au sein du service, entraînée au combat rapproché et incitée par sa hiérarchie à perpétrer des attaques racistes contre les habitant·e·s. Cette unité avait un groupe WhatsApp nommé « les fils d’Odin » : dans leur conversation, on trouvait des phrases comme « Et je viens juste de me faire un Sénégalais » ou « On est bien d’accord, le “nègre” n’a aucun droit ».
Le service de surveillance et la police coopèrent étroitement. La police reçoit régulièrement des appels suite à des agressions perpétrées par le service de sécurité. Mais c’est l’interprétation des agents de sécurité qui prime, la perspective des exilé·e·s maltraité·e·s sur ce qui s’est passé n’est en général pas retenue. La police perpétue la violence au commissariat une fois que les exilé·e·s lui ont été remis.es, le plus souvent menotté·e·s. Dans les camps, des razzias policières de grande ampleur font souvent suite à des conflits entre exilé·e·s et employé·e·s du service de sécurité (11.12.18*).
La vie de personnes souvent traumatisé·e·s cherchant refuge est rendue insupportable par l’apparente toute-puissance d’une violence arbitraire, physique et verbale, omniprésente dans leur environnement privé. Loin d’être le fruit du hasard, cette stratégie est mise en place dans ces camps d’hébergement de masse pour briser les demandeur·euse·s d’asile et les forcer au retour « volontaire ».

Criminalisation et répression de la résistance

En janvier 2017, la Bavière a donné à des hébergements pour réfugié·e·s le statut juridique de « lieux dangereux ». Cela octroie à la police le droit de pénétrer à tout moment dans les chambres des habitant·e·s pour y effectuer des contrôles et des fouilles sans justification. Dans les camps bavarois comme dans les hébergements de masse d’autres Länder, les lourdes interventions policières sont récurrentes. Des compagnies de cent policier·ère·s et des brigades d’intervention spéciale — lourdement armées, cagoulées et violentes — prennent sans cesse d’assaut les lieux de vie. Dans la majorité des cas, elles interviennent suite à des tentatives infructueuses de déportations de certaines personnes. Le but étant d’une part de réprimer les plaintes et les critiques et d’autre part d’intimider les habitant·e·s pour les dissuader d’exprimer leur soutien ou d’agir en solidarité.
Les événements à Donauwörth sont à cet égard exemplaires : depuis 2017, des exilé·e·s gambien·ne·s s’y sont organisé·e·s en comité. Il·elle·s ont notamment essayé de négocier avec le gouvernement de la Souabe : peu après a suivi une intervention policière se soldant par 32 arrestations dont certaines ont débouché sur des détentions provisoires de plusieurs mois et des mandats d’arrêt. Le porte-parole du comité, David Jassey, souligne que le message envoyé par ces méthodes effrayantes vise à dissuader des exilé·e·s d’autres camps d’organiser des manifestations similaires contre la politique des camps en Bavière (14.3.18*).
Autre exemple : à Fürstenfeldbruck, des demandeur·euse·s d’asile ont organisé une manifestation afin d’exiger de meilleures conditions de vie et la fin de la violence des agent·e·s de sécurité et des interventions disproportionnées de la police. Trois jours plus tard, trois manifestant·e·s ont été transféré·e·s dans un autre centre AnkER en guise de sanction. Une semaine plus tard, la police y a aussi mené une grande intervention. (13.11.18*).

Légitimation de la violence

À la coopération entre l’administration des camps et la police s’ajoute ensuite une collaboration avec la justice pénale. Les militant·e·s alertent face au vide juridique causé par l’intrication des institutions à différents niveaux de l’État. Le prétexte sans cesse invoqué pour justifier les grandes interventions policières, à savoir que les habitant·e·s auraient essayé d’empêcher des déportations, n’a pu être prouvé devant le tribunal dans aucun des cas. Cependant, les interventions policières, elles, n’ont pas fait l’objet d’une enquête, pas plus que la violence des services de sécurité à l’encontre des habitant·e·s.
Il a fallu attendre que des exilé·e·s et des soutiens rendent publique l’ampleur de la violence subie lors des agressions par des agent·e·s de sécurité pour que soient ouvertes contre des employé·e·s du camp de Bamberg des enquêtes pour tentative d’homicide et blessures graves (28.9.17*). Il·elle·s ont été acquitté·e·s quelques mois plus tard, le procureur ayant jugé les preuves insuffisantes. Le fait que des victimes ou des témoins de violence soient déporté·e·s juste avant de comparaître trahit l’absence d’une réelle volonté de faire lumière sur les faits (11.12.18*).
En parallèle, il·elle·s sont criminalisé·e·s : on leur fait des reproches souvent arbitraires pour les traduire en justice. La justice légitime après coup la violence policière, et fait des victimes les agresseur·euse·s. L’arrestation et la mise en détention provisoire de 30 exilé·e·s gambien·ne·s à Donauwörth, justifiée avec le plus grand cynisme par le risque de fuite, repose uniquement sur les déclarations de trois agent·e·s de sécurité, qui auraient identifié ces habitant·e·s comme les meneur·euse·s du mouvement.
Lors des razzias, les gestes effectués pour se protéger des arrestations sont qualifiés d’actes de rébellion contre une personne dépositaire de l’autorité publique, et poursuivis en justice en tant que tels. Lorsque des habitant·e·s paniqué·e·s par les violences policières se regroupent devant le bâtiment, la justice y voit et sanctionne un trouble à l’ordre public.
De nombreuses procédures laissent apparaître clairement quelles idées politiques motivent les décisions de justice. Parfois, elles sont énoncées explicitement dans les raisons de la condamnation, comme au tribunal de première instance d’Augsbourg, où la juge justifie comme suit la condamnation pour trouble à l’ordre public : « cette peine prononcée pour l’exemple est une mesure préventive, parce qu’il y a toujours plus de problèmes dans les centres d’hébergement. il·elle·s sont accueilli·e·s dans notre pays et doivent se comporter en conséquence » (14.3.18*).
Une fois qu’il·elle·s ont été criminalisé·e·s, il est plus facile de déporter les demandeur·euse·s d’asile.
Les techniques de criminalisation des personnes en procédure d’asile sont nombreuses : d’après le bureau bavarois d’aide aux réfugiés (Flüchtlingsrat), les employé·e·s du nouveau service régional pour l’asile et le rapatriement font sortir les débouté·e·s de l’asile de la légalité en se contentant d’invalider leur titre de séjour, au lieu de délivrer aux personnes concernées des papiers attestant officiellement de leur nouveau statut sur le territoire allemand.
Dès lors, les personnes concernées sont privées de papiers d’identité, et les procédures pénales engagées pour séjour illégal sur le territoire s’enchaînent à leur encontre. Au vu de ces événements, il est facile de deviner les intentions du ministre de l’Intérieur Hermann et du Premier ministre bavarois Söder, les deux politiciens se sont vantés des « mérites » de cette nouvelle politique dans des déclarations faites à l’occasion du premier anniversaire des centres.
Et Hermann de signaler : « Ce qui m’importe avant tout, c’est de déporter en priorité les délinquant·e·s et les personnes fichées. L’année dernière par exemple, 40 % des personnes expulsées étaient déjà connues des services de police pour des faits délictueux » ou Söder de se féliciter : « Nous appliquons rigoureusement l’obligation de quitter le territoire, en priorité pour les délinquant·e·s ».

Incitation à la haine et blâme des victimes

À quelques rares exceptions près, la violence du système à l’encontre des demandeur·euse·s d’asile n’est pas évoquée dans les médias. Les rapports ne font généralement que retranscrire les propos de la police. La plupart du temps, les victimes sont présentées comme des agresseur·euse·s, dans la presse comme au tribunal. Il·elle·s font des exilé·e·s des personnes dangereuses prêtes à recourir à la violence, une image souvent sous-tendue par des stéréotypes racistes. Les actions de solidarité spontanée entre les exilé·e·s au moment des déportations y deviennent des actes de délinquance, il est question d’émeutes, de tumultes ou de « révolte gambienne ».
Les interventions martiales de la police, les arrestations et condamnations d’exilé·e·s sont censées fournir la preuve de leur « dangerosité » et incarnent ainsi la « nécessaire » réaction de l’État en vue d’assurer la « protection des citoyen·ne·s ».
La criminalisation des exilé·e·s vise à empêcher toute solidarité citoyenne avec eux·elles, à légitimer la négation systématique de leurs droits et l’inhumanité des camps. La majorité des exilé·e·s ne franchit les grilles de ces camps que lorsqu’il·elle·s se font violemment expulser ou acceptent de plonger dans l’illégalité totale.

Appendice

Le 22 juillet, une cinquantaine de réfugié·e·s interné·e·s au camp AnkER de Deggendorf a manifesté contre les conditions de vie horribles et les nombreux refus d’asile, en organisant à partir de 11 heures un sit-in pour bloquer l’établissement. Voilà ce qu’a d’abord dit la police. Puis, à en croire le journal de Deggendorf, il·elle·s en seraient venu·e·s aux mains « devant l’entrée principale du centre AnkER »… des habitant·e·s auraient secoué les grilles en hurlant, « ivres pour la plupart », d’autres auraient crié depuis les fenêtres, d’autres encore auraient finalement attaqué des agent·e·s de sécurité et de police. La situation aurait « dégénéré ». Deux réfugiés ont été arrêtés, deux femmes se sont effondrées. Les contrôles d’identité ont ensuite duré jusqu’à 17h15. « Parce que la situation risque constamment de dégénérer », la police n’intervient plus dans le centre qu’en effectifs renforcés.
Après la parution de ces gros titres, il a fallu attendre encore deux jours avant d’apprendre que le véritable motif de la manifestation avait été le suicide d’une Azerbaïdjanaise de 36 ans enfermée au camp. Suite au refus de sa demande d’asile, cette mère d’une petite fille avait mis fin à ses jours en ingurgitant des cachets, de peur de la déportation. La police avait omis de donner cette information aux journalistes. Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la police invoque des « raisons éthiques », ajoutant que le « lien entre le suicide et la manifestation » n’aurait pas été confirmé ; si ce genre d’incident devait se reproduire à l’avenir, il n’y aurait selon lui pas non plus de raison d’en avertir les médias.

Le Centre de documentation de l’initiative antiraciste de Berlin
https://www.ari-dok.org/

Note

Tous les exemples sont extraits de la 26e édition de la brochure de documentation des cas particuliers : « la politique fédérale d’asile et ses conséquences mortelles » (de 1993 à 2018).
https://www.ari-dok.org/uploads/mini_cms/publications/GESAMT-DOKU_26a._Auflage.pdf
L’article original est en ligne ici :
http://www.schattenblick.de/infopool/medien/altern/gras1905.html

Notes

[1Ankunfts- und Rückführungslager : établissements d’arrivée et d’aide au retour

[2AnkER : Ankunft, Entscheidung, Rückführung soit Arrivée, Décision, Renvoi

[3Flüchtlingsrat

[4Tageszeitung, quotidien allemand : https://taz.de/

[5Voir automne 2017* ; 5.9.17* ; 28.9.17* ou 11.12.18*

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