Jeux olympiques et démocratie : une rencontre impossible

| Saccage 2024

A l’occasion de la journée de rencontre de Saccage 2024 nous publions le premier chapitre du livre « Paris JO 2024-Miracle ou Mirage ? »

Dans ce premier chapitre Frederic Viale expose la façon dont les Jeux Olympique créent une loi d’exception, se moquent de la démocratie et sont au dessus de tout.
En bref : comment est-ce que la loi olympique et le contrat ville hôte sont à l’avantage des profits privés pour le malheur et l’appauvrissement des habitant.es et du contribuable.

Saccage2024 rassemble des collectifs et des personnes qui luttent contre les effets sociaux, économiques et écologiques dévastateurs des Jeux Olympiques.
Le collectif organise le Samedi 16 octobre une journée de rencontre :

Nous publions ici le premier chapitre du livre « Paris JO 2024-Miracle ou Mirage ? »
Pour retrouver ce document en format brochure, ainsi que pleins d’autres ressources rendez-vous sur le site de Saccage 2024 ! https://saccage2024.wordpress.com/2021/07/22/la-remorque-a-info-dans-votre-salon/

Introduction & Chapitre 1 Jeux olympiques et démocratie : une rencontre impossible

Introduction

Lima, 13 septembre 2017 : explosion de joie. La France est enfin désignée pour organiser les Jeux olympiques et ce sera en 2024 ! Embrassades bruyantes des officiels et des sportifs de haut niveau : cette attribution à Paris a été aussi ostensiblement célébrée dans les médias que les pleurs et les déceptions ont pu être répercutés lors des refus précédents. Il n’est dès lors plus question dans les médias que du « rayonnement » de la France, de son prestige retrouvé, des succès dont ce pays est capable, mais aussi de dépassement personnel, d’émulation par le sport, d’espoir et de fraternité. Les personnes les plus défavorisées verraient tout d’un coup s’ouvrir des perspectives de réussite dans une société qui ne leur en offrait plus depuis longtemps. D’anciens grands sportifs racontent, des étoiles plein les yeux, leurs exploits passés pour soutenir un événement galvanisant tout un peuple, tout un pays, un événement promouvant des valeurs morales. Les politistes les plus sérieux expliquent gravement que cet événement irait jusqu’à servir rien de moins que la paix dans le monde. Même la maire de Paris qui y va de sa petite larme. Quelques jours auparavant le nouveau président de la République exhibait son sourire impeccable dans une simulation de combat de boxe retransmis par toutes les télévisions. Quant aux retombées économiques, elles promettent d’être considérables, d’autant plus que la France démontrerait ainsi son excellence en termes d’organisation et de sauvegarde de l’environnement puisque ces Jeux, au contraire de ceux qui les ont précédés, seront « propres » et « sobres ».

Les bonnes nouvelles sont rares, autant s’en réjouir. Toutefois, une interrogation arrive très vite : si cela était si enviable d’organiser les Jeux, pourquoi n’y avait-il plus aucune ville candidate en dehors de Paris ? Plus aucune. Toronto, Hambourg, Rome, Budapest : les unes après les autres les villes se sont désistées. Soit après un référendum local (Hambourg), soit du seul fait de la menace de l’organiser (Budapest), soit après des élections municipales ayant placé le sujet au cœur des débats publics (Rome) et à chaque fois parce que le coût a paru effrayant. Seule restait la ville de Paris pour porter la candidature, puisque dès le lundi 31 juillet 2017 l’édile démocrate de Los Angeles, Éric Garcetti a confirmé, dans les colonnes du Los Angeles Times, que sa ville accueillerait les Jeux en 2028.

Plus aucune ville candidate, donc. Mais pour autant, aucune consultation sérieuse des populations concernées n’aura été conduite. Certes, la ville de Paris exhibe un nombre officiel élevé de « concertations », mais la réalité, c’est que personne ou presque n’a entendu parler de cela. Concertations de façade, discours médiatique rodé ne souffrant aucune contestation et ne permettant aucune remise en cause d’une décision, en réalité la candidature n’a, à aucun moment, donné lieu à un débat public. Après tout, en démocratie, on pourrait s’attendre à ce que les élus qui prennent ce genre d’initiative aient un mandat pour le faire. Ici, rien de tel. Tout au contraire, la maire de Paris, alors qu’elle n’était encore que candidate, déclarait : « Les Jeux ça coûte cher, y compris la candidature en soi coûte cher, et les Jeux dispendieux, je crois que ce n’est plus du tout d’actualité. » Une fois devenue maire, elle prend la décision inverse, considère tranquillement qu’elle n’a pas à obtenir pour cela l’assentiment de ses administrés puisqu’elle estime, souveraine, que « le référendum n’est pas la forme la plus aboutie de l’expression démocratique ». Pourquoi cette volte-face, pourquoi ce refus de demander leur avis aux populations concernées si le dossier de candidature était irréprochable ? Que penser de cet évitement et de ce revirement ? Que penser de ces abandons en cascade de grandes villes et de la difficulté réelle devant laquelle se trouvait le Comité international olympique (CIO) pour attribuer des Jeux ?

Nous avons voulu voir cela de plus près. Nous n’avons pas été déçus.

Emmanuel Macron et sa bande de malfaiteur.es forme une tour Eiffel, lors d’une réunion avec Patrick Baumann (à gauche), président de la commission d’évaluation des Jeux olympiques 2024, le 16 mai 2017 à Paris. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

En effet, au terme de notre étude, nous devons le constater : les Jeux olympiques, ce ne sont pas que les Jeux olympiques, c’est tout un monde. En premier lieu, les JO c’est le CIO, trou noir des institutions internationales qui concentre les caractéristiques du paradis fiscal et qui aime travailler avec les grands groupes industriels que rien ne fait reculer jamais dans leur recherche de profit. Les JO c’est également un milieu incestueux de décideurs pratiquant le conflit d’intérêts et la confusion des genres, ce petit milieu où se côtoient d’anciens sportifs recasés dans le sport-business depuis que l’âge ne leur permet plus de briller pour leurs exploits physiques. C’est le monde des élus à courte vue, mus par la gloriole ou caressant le secret espoir d’avoir contribué à ce qu’ils imaginent naïvement être une grande fête populaire. Enfin, les JO c’est le monde où la concurrence de tous contre tous se marie fort bien avec l’argent-roi. Nous y croisons des gens qui y croient ou qui font semblant, qui veulent voir dans cet événement l’occasion d’une promotion sociale inenvisageable dans notre société bloquée, mais aussi des hommes d’affaires déguisés en vendeur de rêves et qui n’ont d’autre obsession que de faire prospérer leurs profits.

Mais ce que nous croisons surtout, c’est ce monde en fin de course, et qui s’accroche, ce monde qui veut croire que la compétition le sauvera, que le spectacle le sauvera, que l’argent le sauvera, ce monde de communicants, d’affairistes, de bétonneurs, ce monde pour lequel la mondialisation est heureuse, nécessaire et sans alternative possible.

Ce monde-là affirme porter des valeurs. En réalité, il ne s’agit que de valeurs cotées en Bourse.

Chapitre 1 Jeux olympiques et démocratie : une rencontre impossible

Comment sont attribués les Jeux olympiques, par qui, à quelles conditions ? Autant de questions essentielles auxquelles il faudrait en ajouter quelques autres : pourquoi un nouveau site est-il désigné à chaque fois ? Quel financement et quel contrôle sur l’utilisation des sommes en jeux ? Les populations locales sont-elles associées au processus de candidature et à l’organisation des Jeux ? Dans une époque qui, comme la nôtre, évoque sans cesse la démocratie à laquelle sont souvent adjoints des qualificatifs divers (« participative » ou « inclusive » par exemple), on pourrait s’attendre à ce que des réponses claires soient apportées à ces questions minimales. Il n’en est rien.

Des conditions d’attribution non transparentes

Les conditions dans lesquelles l’attribution est décidée............

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