Aujourd’hui, la manif contre la loi Travail a encore réuni quelques dizaines de milliers de personnes (12 000 selon la police, 50 000 selon la CGT).
Départ Denfert, avec pour objectif prévu : l’Assemblée nationale. Ça part sur le boulevard Raspail, via Montparnasse puis le boulevard des Invalides.
La manif est partie en avance, avec un gros service d’ordre (SO) intersyndical (CGT et FO, surtout) situé en tête de manif juste derrière des dizaines de flics anti-émeute. Malgré ce dispositif horrible, des milliers de personnes affluent et doublent les cortèges officiels de la CGT et compagnie pour se trouver juste derrière le SO, puis à côté.
De premières frictions avec la police et actions animent peu à peu le cortège. Un bout de cortège en mode black bloc attaque les flics dans une rue adjacente. Les flics ripostent à la lacrymo et tentent de couper la manif en deux. Technique de merde dont les flics ont désormais l’habitude (au moins depuis la manif lycéenne du 5 avril). À plusieurs reprises, les flics tentent le coup. En vain : de nombreux manifestant-e-s s’attachent particulièrement à attendre ceux et celles de derrière, à les inciter à avancer, et ça se rejoint systématiquement. Bonne ambiance !
Derrière, ça se frite également entre étudiant-e-s de la Coordination nationale étudiante et celles et ceux de l’UNEF. En effet, ces dernier-e-s ont mis en place un cordon devant leur cortège et tentent d’empêcher celles et ceux qui sont derrière de passer rejoindre le cortège de tête. Et puis il faut dire qu’on ne manque pas de raisons de taper sur ces ordures manipulatrices de l’UNEF !
Au fil du parcours, assez court, des tags sont inscrits sur les murs (« Entraide + autodétermination = anarchie » avec des coeurs, « Paris-luttes.info » avec un coeur aussi, héhé, « Flics, hors de nos vies », etc.), tous les panneaux de pub sont tagués, arrachés et/ou cassés, des voitures de bourges prennent cher ici et là. Les habituels slogans sont entonnés (« Tout le monde déteste la police », « Paris, debout, soulève-toi »), ainsi que « Nous sommes tous des casseurs » parfois lorsque des panneaux publicitaires sont brisés (à noter la présence d’une belle banderole avec le même slogan !). Quelques cocktails Molotov sont aussi lancés en direction des flics. Les flics répondent en balançant masse de lacrymos, mais la plupart des gens sont équipé-e-s. Bon, contre les grenades de desencerclement c’est plus compliqué, mais la détermination des manifestant-e-s est belle à voir. Comme lors du 1er mai, il y a un beau mélange des genres en tête de manif !
Mais le mélange des genres à des limites : sur le boulevard des Invalides, alors que les affrontements avec les flics se répétaient, le SO a tenté d’agresser la tête de manif. Faut voir qu’ils étaient nombreux et impressionnants, ils pensaient sûrement nous faire dégager fissa. Ils nous font même deux magnifiques charges, rapidement repoussées par des contre-charges bien dynamiques aux cris de « Flics, SO, même combat ! ». Armés et d’une brutalité digne de leur histoire, ils se prennent une pluie de bouteilles, de poubelles et autres projectiles. Ça a été assez violent, il y a eu des blessés des deux côtés, mais quel plaisir de voir ces tenants de l’ordre détaler malgré leurs gros bras, leurs gazeuses et leurs matraques ! L’affrontement a eu lieu tout du long de l’avenue de Villars, jusqu’à la place Vauban (face à l’Hôtel des Invalides) où ils ont fini par sprinter pour se réfugier derrière des cordons de flics anti-émeute. On voyait encore mieux de quel côté ils étaient, même si tout le monde avait déjà bien compris...
Sur la place Vauban, alors que la tête de manif est désormais libérée des flics et du service d’ordre, on s’aperçoit que toutes les rues sont bloquées par des cordons de flics anti-émeute, parfois même avec des grilles. Alors que tout le monde se demandait comment continuer, les flics ont à plusieurs reprises littéralement noyé la place sous les lacrymos. Finalement soit ça reculait, soit ça avançait sur la droite dans l’avenue de Tourville, pour rejoindre le reste de la manif en faisant une boucle par le boulevard des Invalides jusqu’à la place Tardieu (métro St-François-Xavier, où les flics grouillaient et ont d’ailleurs été attaqués par des manifestant-e-s).
La manif a donc été bloquée avant la fin, avant l’Assemblée nationale.
Au final, sur un périmètre assez large, tout ce qu’il reste de la manif (plusieurs milliers de personnes) est nassé par les flics. De petits affrontements se répètent à divers endroits, entre manifestant-e-s et lignes de keufs. Plus le temps passe, plus on s’aperçoit que ça risque d’être compliqué de sortir de là tou-te-s ensemble, plus les gens quittent les lieux comme ils/elles peuvent, en petites groupes, par le métro ou par les rues (les flics filtraient, laissant passer les gens au fur et à mesure).
Ensuite, des centaines de personnes se sont retrouvées un peu loin, face à l’Assemblée nationale, où une nasse policière s’est également mise en place rapidos... Un autre récit racontera peut-être ça (et le reste) un peu plus tard.