Déchets nucléaires : ça déborde dans la Hague ! appel à rassemblement à Cherbourg le 18 juin contre le projet d’implantation d’une nouvelle piscine nucléaire.
Orano, EDF et l’Andra se noient dans leurs propres déchets, on ne sait plus que faire des tonnes de matière radioactive accumulée. La saturation des espaces de stockage inquiète en plus haut lieu, le risque d’occlusion se précise et la menace pour la production électrique et la sécurité des installations (la notre donc) aussi.
Dans l’urgence la plus totale EDF a décidé en 2019 de construire une nouvelle piscine d’entreposage sous eau. Solution qui arrive déjà trop tard selon l’Autorité de sureté nucléaire, et qui pose surtout un problème de taille pour l’industriel : mais où va-t-on jeter ces tonnes de déchets ?
À Belleville-sur-Loire ? Bien essayé mais c’est raté : figurez-vous que là-bas les habitants n’ont pas voulu que leur territoire devienne une poubelle nucléaire : La résistance a fait reculer EDF contraint d’abandonner son projet.
Alors c’est sur la presqu’île de la Hague que l’industriel s’est tourné. Rien de plus naturel finalement que de se rabattre sur cette terre déjà sacrifiée et acquise au lobby de l’atome. La zone la plus nucléarisée du monde à ce que l’on dit, où depuis ses belles plages on peut apercevoir d’un coup d’œil la centrale de Flamanville flanquée du chantier du nouveau réacteur EPR et l’usine de retraitement Orano se dressant au-dessus d’un centre d’enfouissement de l’Andra.
EDF pensait pouvoir faire passer la pilule sans trop de difficulté. Seulement cette fois-ci les habitants ont réagi. Un petit miracle quand on sait la difficulté qu’ont eu les irréductibles à mobiliser ces dernières années.
Au fil des réunions de concertation bidon organisées par EDF, des voix toujours plus nombreuses se sont élevées dans la salle. La petite ritournelle rhétorique des nucléocrates se brise, leur visages contrariés et presque honteux parlent désormais pour eux : ils sont dans la mouise et ils veulent nous y plonger avec eux.
Côté habitants, c’est le thème du trop-plein qui revient. C’est comme si cet énième affront exprimé dans cet éternel mépris était venu réveiller les nombreuses fiertés ravalées, toutes les hontes et les colères enfouies. Le tabou commence à se briser, et voici nos experts de l’atome incapables de contrôler les réactions en chaînes.
Très vite le collectif Piscine Nucléaire Stop s’est formé pour agréger les colères, les doutes et les interrogations. Cette fois-ci, ce n’est pas l’argument antinucléaire qui domine. Les « pours » ou « contres », et puis surtout comme beaucoup d’entre nous, les « dépassés » par la question, se retrouvent sur une évidence : « on ne veut pas des 130 cœurs de réacteurs en plus sur la presqu’île ». On ne veut pas payer une nouvelle fois pour leur gestion catastrophique, leur rêve de grandeur et leur appétit de profit.
On n’entend plus la petite voix M.Giraud, le chargé de projet bien cravaté. Là où il va fusent les cris de colères : « Trop c’est trop la poubelle est pleine », « Personne n’en veut ? et Ben nous non plus ! » Bref « on n’en veut pas ! ».
Durant ces derniers mois, le collectif a organisé de nombreuses réunions d’informations. On y expose le projet de piscine et le traitement des déchets, on se réapproprie un savoir qui a servi tant de fois aux ingénieurs méprisants pour discréditer les habitants résistants. Et quand c’est bien expliqué, ce n’est pas difficile à comprendre : ils sont dans une situation catastrophique et il se moquent de nous en prétendant maîtriser la situation. On se rassemble, on échange des informations, et on s’aperçoit que les choses sont bien plus compliquées qu’EDF ne veut bien le dire. Tout d’abord parce que l’emplacement de la future piscine pose problème : la zone nord-ouest du site d’Orano qui a été cédée à EDF pour son projet a une histoire compliquée. C’est là qu’ont été déposés à même le sol les premiers déchets radioactifs, et, en 1981, un incendie du silo 130 a pollué la zone, qui n’a toujours pas été décontaminée depuis. Le premier chantier colossal qui attend les constructeurs sera d’excaver plusieurs tonnes de terre contaminée de la zone, et bien sûr de trouver un endroit où la population voudra bien les accueillir. Qui plus est, la zone est située juste au-dessus d’une nappe phréatique alimentant de nombreux cours d’eau sur la presqu’île. Une situation bien résumée : non seulement EDF et Orano vont patauger derrière les grilles du site, mais les habitants s’inquiètent également de ce que les poussières et les ruissellements ne s’arrêtent pas à celles-ci et viennent menacer les écosystèmes environnants.