Dès le lendemain, suite à l’appel des syndicats de matons, beaucoup se mobilisent et une vingtaine d’établissements est bloquée. Depuis ce jour, quelques établissements sont totalement bloqués et un grand nombre est mobilisé. Si le mouvement ne fait que commencer, les personnes incarcérées et leurs proches en subissent déjà les conséquences. Les entrées et les sorties (fins de peine ou permission) sont bloquées, les parloirs sont annulés, le dépôt de linge est rendu impossible. Dans certaines taules, les matons ne maintiennent plus que le « service minimum », compliquant encore plus la vie quotidienne, en compromettant l’accès aux activités par exemple.
Les grèves des maton·ne·s sont régulières ces derniers temps et les habituelles revendications portées sont largement relayées par les médias. Bien ancré·e·s dans le discours sécuritaire ambiant, les maton·ne·s se plaignent du manque d’effectifs et de matos autorisé ainsi que du salaire qui inspirerait peu de vocations.
Comme à leur habitude, ils et elles sautent sur un fait divers, une situation particulière, pour réclamer le renforcement du système sécuritaire pour tout le monde dans et autour des prisons. Alors, les polémiques sont lancées et chacun·e pointe du doigt tel ou tel dysfonctionnement, un détenu « radicalisé » ne devrait pas avoir accès aux UVF, les personnes extérieures venant aux parloirs devraient être palpées, comme le propose le premier ministre. En réalité, les UVF, ces appartements sécurisés où les prisonnier·e·s peuvent voir leurs proches dans une relative intimité entre 6 et 72h d’affilé, sont déjà très difficiles d’accès et constituent ainsi une carotte qui permet de conserver la paix sociale à l’intérieur. Le nouveau plan prison de 2018 s’inscrit lui aussi dans cette lignée en poussant l’isolement au maximum avec la construction de « quartiers étanches », comme les QPR, quartier de prise en charge de la radicalisation, dont reparlent les maton·ne·s et leurs soutiens aujourd’hui.
Une grève de matons, ce n’est une lutte dans une perspective d’émancipation, ce n’est pas se battre pour la fin des oppressions. Une grève de matons, c’est le renforcement du contrôle sur tou·te·s.
Pas de compassion pour les matons, pour un monde sans prisons !