Communiqué des occupant.e.s du parc de la Pitié Salpêtrière

Jeudi 19 Avril, après la manifestation Interprofessionnelle s’est déroulé un pique nique occupatoire dans le parc de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière réunissant plusieurs centaines de personne. Nous publions ci-dessous le communiqué faisant suite a cet événement.
Un nouveau rendez-vous est appelé ce samedi 21 avril sur la dalle en face de Tolbiac à 18h30.

Pourquoi nous occupons ce jour le parc de la Pitié Salpêtrière.

La société malade.

La situation est inédite : attaque simultanée contre l’université et les cheminots, tractations en vue de remettre en cause le statut des fonctionnaires, politique d’État raciste contre les réfugiés, les banlieues et les prisonniers, répressions policières à tout-va. On investit dans l’armée, on bombarde la Syrie, alors qu’on attaque militairement et chimiquement la zone rebelle de Notre-Dame-des-Landes. Le pouvoir garde cependant la main sur le cœur pour évoquer le « malaise à l’hôpital ». La rage bout dans les services. Depuis vendredi dernier, nous savons que Martin Hirsch prépare la suppression de 800 postes dans l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris, le non-remplacement des congés d’été, et même la remise en cause de l’unicité. À l’horizon : la privatisation des établissements de soin. Les vagues promesses de revoir la T2A, qui conditionne le financement de l’hôpital à la multiplication d’actes de soin, ne nous abuseront pas : personne ne sait aujourd’hui vers quoi le gouvernement veut aller. Et rien ne nous autorise à être optimiste.

Nous.

Sur nos lieux de travail, c’est partout le même phénomène : toujours plus de besoins et toujours plus de solitude pour y faire face. La politique du gouvernement est sans appel. Elle applique à la lettre le modèle néolibéral consistant à atomiser les problèmes, à isoler chacune et chacun. Son mot d’ordre, c’est « sélection partout » : entre les bons et les mauvais étudiants, les anciens et les nouveaux cheminots, les bons zadistes et les mauvais zadistes, les titulaires de l’hôpital et les hospitaliers qui ne seront jamais stagiérisés, les chômeurs qui cherchent un emploi et ceux qui n’en veulent pas. Le gouvernement dit ne pas croire à la coagulation des mécontentements tout en organisant soigneusement la convergence des déserts. Contre cette logique mortifère, nous souhaitons faire vivre un travail de composition dont Notre-Dame-des-Landes est l’emblème. Ce soir, il n’y a pas des soignants d’un côté, des usagers de l’autre, mais un nous qui choisit de se mobiliser pour prendre soin des lieux de soins.

Convivialité & aventures.

Depuis plus d’un mois, les blocages fleurissent dans les universités. Les cheminots ont débrayé depuis le 22 mars, les foyers de lutte communiquent, les AG se connectent. Mais à l’approche du mois de mai, la multiplication des banquets et des occupations, l’invention d’une forme nouvelle de convivialité politique peuvent donner à la mobilisation le souffle dont elle a besoin. Chaque blocage est déjà l’occasion de nouvelles formes de circulation et de rencontre. Le temps libéré des étudiants leur permet de tracter dans les gares ou d’enquêter sur les conditions de travail. La grève des cheminots leur permet aussi de découvrir les joies d’un blocage de partiels. Les soignants en sous-effectif reçoivent aujourd’hui de leurs patients (postiers, militants, jeunes « déter’ ») les renforts nécessaires pour lutter contre la destruction de l’hôpital. Les moments de fête, comme samedi dernier à Tolbiac, comme le 21 au banquet que nous allons organiser, comme ici à X, nous permettent de tisser les amitiés et les confiances nécessaires au renouvellement de ces aventures.

Grève sociale & société des grèves.

Depuis un mois, nous n’avons pas fait qu’acte de présence. Mais les grosses dates ont été clairsemées. Aujourd’hui, le mois de mai nous tend les bras. Nous voulons qu’il soit joli comme les mois de mai dont on se souvient. Pour cela, il nous faut entrer dans une véritable grève sociale, par la multiplication d’actions susceptible d’ouvrir des plages de résistance commune. Les banquets du Comité d’Initiative, au milieu de tout cela, se proposent d’ouvrir des espaces de réunions d’une authentique Société des grèves. À nous de l’inventer en nous parlant, en travaillant à une intelligence collective de la situation, et en nous retrouvant samedi 21 avril sur la dalle en face de Tolbiac, pour organiser dès la semaine prochaine le débordement général.

Paris, le 19 avril 2018

Rendez-vous le samedi 21 avril sur la dalle en face de Tolbiac à 18h30 pour se retrouver autour d’un banquet et discuter de la suite, car cela ne fait que commencer !
Devant les épreuves que nous fait subir le gouvernement, organisons la riposte et continuons les solidarités.

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