Rojava : Fantasmes et Réalités

Un texte publié par le site anarchiste turc « Servet Düşmanı » [Ennemi de la Richesse],en novembre 2014 a été traduit et proposé à la lecture sur plusieurs sites. En voici quelques extraits.

La résistance à Kobane qui en est maintenant à son 45e jour a forcé des révolutionnaires du monde entier à fixer leur attention sur le Rojava. Par suite du travail mené par l’Action Anarchiste Révolutionnaire, des camarades anarchistes un peu partout dans le monde ont envoyé des messages de solidarité à la résistance de Kobane. Cette position internationaliste est sans aucun doute d’une grande importance pour les gens qui résistent à Kobane. Cependant, si nous n’analysons pas ce qui se passe dans toute sa vérité et si au contraire nous l’idéalisons, alors nos rêves se transformeront sans délai en déception.

[...]

Aujourd’hui cependant, nous devons discuter du Rojava sans illusions et baser nos analyses selon une ligne correcte.

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Nulle part dans le monde d’aujourd’hui n’existe un mouvement révolutionnaire efficace, selon la signification que nous donnons à ce mot, ou un mouvement de classe fort qui peut être le précurseur d’un tel mouvement. Les luttes qui émergent se fanent soit en étant violemment réprimées soit en étant aspirées dans le système. Il semble qu’à cause de cela, comme c’est le cas d’une importante partie des marxistes et des anarchistes en Turquie, des organisations et des individus révolutionnaires dans plusieurs parties du monde donnent à la structure qui a émergé au Rojava une signification qui est au-delà de sa réalité. Avant toute autre chose, ce serait injuste que nous chargions le fardeau de notre échec de créer une alternative révolutionnaire dans les endroits où nous vivons, ainsi que le fait que l’opposition sociale est en grande partie cooptée dans le système, sur les épaules des personnes qui luttent au Rojava. Ce Rojava où l’économie est en grande partie agricole, et qui est entouré par des blocs impérialistes menés d’un côté par la Russie et de l’autre côté par les USA, par des régimes répressifs, réactionnaires et collaborateurs dans la région, ainsi que des organisations djihadistes brutales comme l’EIIS qui ont prospéré dans cet environnement. Dans ce sens, il est également problématique d’attribuer une mission au Rojava qui serait au-delà de ce qu’il est ou de ce qu’il peut être ou de blâmer ces gens engagés dans une lutte à la vie à la mort parce qu’ils attendent le soutien des forces de la Coalition ou qu’ils ne mettent pas en œuvre « une révolution à notre gout ».

En tout premier lieu, nous devons considérer que le processus au Rojava a des traits progressistes comme le saut important en direction de la libération des femmes, qu’on essaye d’y mettre sur pied une justice laïque et sociale, une structure démocratique pluraliste et que d’autres groupes ethniques et religieux sont impliqués dans l’administration. Cependant, le fait que la structure qui a récemment émergé ne vise pas à l’élimination de la propriété privée, c’est-à-dire à l’abolition des classes, que le système tribal demeure et que les chefs tribaux participent à l’administration, montre que le but n’est pas la suppression des rapports de production féodaux ou capitalistes mais plutôt selon leurs propres mots « la construction d’une nation démocratique ».

par Zafer Onat
publié sur Servet Düşmanı [Ennemi de la Richesse] – 1er novembre 2014

Le texte en entier est à lire là : http://www.autistici.org/tridnivalka/rojava-fantasmes-et-realites/
Source en anglais : http://servetdusmani.org/rojava-fantasies-and-realities/
Traduction française : Třídní válka # Class War # Guerre de Classe

Note

http://www.autistici.org/tridnivalka/
Note sur le logo : Il s’agit de deux photos de femmes combattantes, l’une prise en 1936 à Barcelone l’autre au Rojava. L’image vient de ce site

Mots-clefs : Moyen-Orient | Turquie | Kurdistan | Syrie | Rojava

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