Je suis involontaire aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024

En ce jour de passage de la flamme olympique à Paris, Saccage 2024 relaie cette lettre d’une involontaire de aris 2024 qui explique pourquoi elle démissionne de son poste. N’hésitez pas à la relayer et à vous en inspirer pour de futures démissions.

Bonjour,
Je vous écris pour vous informer que je n’assurerai pas mes missions de « volontaire ». Je n’ai jamais eu l’intention de réellement participer à ces Jeux olympiques et paralympiques et mon cas n’est pas isolé.
Ces fausses candidatures ont été pour nous autant de tentatives de contrarier la tenue d’un événement qui n’est populaire que dans votre campagne publicitaire. Un des rares leviers à notre portée face au déni de démocratie que constituent ces Jeux organisés au mépris de populations jamais consultées.
Vos discours mensongers promettant chaque fois une édition plus sobre, écologique, inclusive... ne résistent plus à l’épreuve et l’analyse des faits, alimentée par la coopération toujours renforcée des mouvements anti-olympiques, de Rio à Tokyo en passant par Paris.
Votre recours massif au travail dissimulé sous couvert de volontariat n’est qu’un des innombrables aspects toxiques que nous dénonçons. Alors que la Seine-Saint-Denis - où le taux de chômage est de 10,5 % - supporte la majorité des conséquences néfastes et des épreuves de Paris 2024, vous martelez avec un enthousiasme révoltant que les Jeux reposent sur les bénévoles. Nos expériences en tant qu’infiltré-es dans votre programme nous ont appris, si ce n’est confirmé, qu’en fait de bénévolat il s’agit bien de travail gratuit. Un travail pour lequel nous avons passé plusieurs étapes de sélection (débouchant pour certain.es sur un refus), qui demande d’avoir ou d’acquérir des compétences particulières et de résister à la pression, qui impose une hiérarchie, des contraintes, le port obligatoire de l’uniforme... Et un planning qui a même eu raison des plus motivé.es de nos « collègues » ne s’attendant pas à se voir attribuer autant de créneaux, parfois nocturnes, et des missions aussi qualifiées (« Faire le taxi gratuitement jusqu’à 1h30 du matin c’est un peu abusé quand même... ») Le tout au service d’une organisation et de sponsors qui eux, réaliseront d’indécents profits.
Derrière la communication lisse prônant des Jeux respectueux de tous et toutes, les formations que nous avons suivies ont été le théâtre de commentaires sexistes, de plaisanteries douteuses sur les personnes handicapées, les fonctionnaires, les travailleuses du sexe, les écologistes..., jamais condamné-es et parfois même alimenté es par les encadrant es. Celleux-là mêmes qui validèrent - avec humour toujours ! - nos soupçons de salariat déguisé (« Qu’est-ce qui se passe si vous arrivez en retard ? Bah vous êtes viré.es ! » Ha. Ha. Ha.) Une preuve supplémentaire s’il en fallait de l’effrayant manque de professionnalisme de vos équipes qui, à plusieurs reprises, ont divulgué des centaines d’adresses mails privées au gré de courriels ignorant visiblement la fonction « copie cachée ». Votre obsession sécuritaire ne concerne visiblement pas le respect des données des personnes engagées généreusement à vos côtés...

Compte tenu de toutes ces raisons mais aussi de :
→ La mort d’Amara Dioumassy sur le chantier du bassin d’Austerlitz,
→ La destruction des jardins d’Aubervilliers,
→ L’arsenal de surveillance et de répression permis par la loi relative aux Jeux olympiques et paralympiques,
→ Les expulsions des personnes à la rue, des occupant.es des squats, des étudiant.e.s,
→ Le harcèlement des travailleur euses du sexe,
→ L’exploitation des travailleur euses sans-papiers,
→ La vision transphobe, validiste, nationaliste, occidentale, lucrative (en un mot capitaliste) du sport que les Jeux véhiculent,
→ La gentrification des quartiers populaires,
→ Vos dépassements budgétaires supportés par nos caisses publiques au détriment de services en souffrance,
La liste est encore longue...]

Je suis involontaire aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

Mots-clefs : précaires | JO 2024

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