Meurtre de Geraldine, une transphobie et une insécurité « ubuesques » !

Mardi 9 juillet 2024, Geraldine, travailleuse du sexe trans péruvienne de 30 ans, a été poignardée et assassinée dans son appartement du 16e arrondissement à Paris. Elle était en France depuis à peine deux ans, et travaillait comme escort pour aider financièrement sa mère et toute sa famille. Comme beaucoup de collègues, elle voulait simplement gagner sa vie, et non pas la perdre.

  • Le rassemblement pour Geraldine et Angelina aura lieu devant le Monument aux morts

    Mardi 16 juillet 2024 18h, le rassemblement pour Geraldine et Angelina aura lieu devant le Monument aux morts, place du Trocadéro (côté ouest de la place).

Communiqué de presse d’Acceptess-T, du PASTT et du STRASS – 10 juillet 2024

Mardi 9 juillet 2024, Geraldine, travailleuse du sexe trans péruvienne de 30 ans, a été poignardée et assassinée dans son appartement du 16e arrondissement à Paris. Elle était en France depuis à peine deux ans, et travaillait comme escort pour aider financièrement sa mère et toute sa famille. Comme beaucoup de collègues, elle voulait simplement gagner sa vie, et non pas la perdre.

Le meurtrier présumé s’est dénoncé à la police en expliquant avoir paniqué, et avoir été « trompé » en découvrant la transidentité de Geraldine. Le caractère transphobe du crime est donc évident. La supposée « tromperie » quant au sexe d’une travailleuse du sexe ne peut jamais être prétexte à la tuer. Non seulement le motif est inacceptable, mais il pose question.

Pour poignarder Geraldine, il a bien fallu que l’auteur soit en possession d’une arme tranchante, or un vrai client ne se rend pas à un rendez-vous armé ainsi. C’est d’autant moins crédible que les annonces d’escorting sont explicites, et que les clients contactent les femmes trans en pleine connaissance de cause.

Nous croyons au contraire que l’agresseur a délibérément ciblé une femme trans migrante travailleuse du sexe en pensant s’en sortir impunément, car c’est malheureusement une grande partie de la société et du système judiciaire qui encourage à penser que certains groupes de personnes n’ont pas autant droit à la vie et à la sécurité.

5 juillet 2024 : Angelina, une femme trans de 55 ans, est tuée à la hâche par son compagnon dans l’appartement conjugal.

28 juin 2024 : une femme trans TDS est sauvagement agressée dans son appartement à Pigalle. Son agresseur prend la fuite et la laisse pour morte.

Mai 2024 : une travailleuse du sexe trans est fauchée volontairement par un automobiliste après qu’elle ait refusé de monter dans sa voiture.

Fin mars 2024 : un homme soupcçonné d’avoir violé plusieurs dizaines de travailleuses du sexe trans pendant plusieurs années au bois de Boulogne est placé en détention provisoire après un énième viol.

Entre les attaques des TERF, la promotion de leur livre par l’extrême droite, la proposition de loi LR contre les transitions des mineurs, et jusqu’aux propos du président Macron sur les « changements de sexe en mairie » qualifiés « d’ubuesques » : le contexte actuel de transphobie est une cause majeure de normalisation du déchaînement de haine à l’encontre des personnes trans et surtout des femmes trans.

Depuis une semaine, des vidéos circulent et sont partagées sur des réseaux sociaux d’extrême droite pour s’amuser d’attaques par balles de airsoft sur des travailleuses du sexe au bois de Boulogne. Cette situation est loin d’être nouvelle : il y a deux ans, des femmes trans TDS étaient la cible de tirs de balles en plomb à Lyon. Cette vidéo a plutôt visibilisé des violences commises quotidiennement au bois de Boulogne dans l’indifférence des médias.

Médias qui préfèrent nier la dignité humaine des femmes trans et leur véritable identité, même dans la mort, comme BFM qui titre dans son direct « L’escort-girl tuée car elle était un homme ». L’acharnement médiatique, les caricatures, la place offerte aux articles et aux tribunes transphobes sont responsables d’une déshumanisation qui se traduit en rejets familiaux, en violences et en assassinats.

L’insécurité subie par les travailleuses du sexe est également liée au contexte politique répressif. Lors du procès en première instance du meurtre de Vanesa Campos en janvier 2022, Maître Nefali a fait remarquer à l’enquêteur que les accusés ont commencé à voler les travailleuses du sexe et leurs clients en 2016, justement par ce que la loi de prétendue “lutte contre le système prostitutionnel”, en pénalisant les clients, empêche de porter plainte.

Lors de l’annonce du plan gouvernemental contre la « prostitution » d’Aurore Bergé il y a à peine deux mois, nos associations ont une fois de plus mis en garde que la répression accrue contre la location d’appartements Airbnb ou l’éviction par les chaines d’hôtels auraient pour conséquence davantage de clandestinité et donc d’insécurité.

Nous aurions tellement aimé avoir tort mais les faits sont là. Rien qu’à Paris, une travailleuse du sexe est assassinée en moyenne tous les deux ans :

Vanesa Campos, 36 ans, tuée par balle, bois de Boulogne, 18 août 2018 ;

Jessyca Sarmiento, fauchée volontairement par un automobiliste, 38 ans, bois de Boulogne, 20 février 2020 ;

Anissa, 26 ans, étranglée, Paris 19e, 9 avril 2021 ;

Ivanna Macedo Silva, 31 ans, assassinée dans son appartement, Courbevoie, 14 septembre 2021 ;

Saba, 49 ans, rouée de coups et battue à mort, Paris 19e, 8 novembre 2022 ;

Geraldine, 30 ans, poignardée, Paris 16e, 9 juillet 2024.

Rien n’a changé depuis les mobilisations de 2018 suite au meurtre de Vanesa Campos. Toujours la même indifférence et silence gêné de la classe politique. Nos associations ont fait barrage à l’extrême droite lors des dernières élections pour des raisons évidentes : nous exigeons donc que le prochain gouvernement fasse barrage à la transphobie. Les OQTF contre les femmes trans TDS doivent cesser. A défaut de régulariser tous les sans-papiers, les victimes de violence doivent a minima pouvoir bénéficier d’un droit au séjour ne serait-ce que pour organiser leur défense en France. Enfin, il est plus que temps de décriminaliser le travail sexuel afin d’améliorer la sécurité des TDS.

Acceptess-T, le PASTT et le STRASS appellent à un large rassemblement et recueillement sur le parvis des droits de l’homme, place du Trocadéro, ce mardi 16 juillet à 18h. Il se fera en présence de la mère de Geraldine qui tient à demander justice pour sa fille et l’acceptation des personnes trans et TDS.

Étant donné l’urgence de la situation, nous ne nous trouvons pas en mesure d’appeler à la signature mais nous appelons à la mobilisation massive.

Nous réclamons justice pour Geraldine et de véritables mesures politiques contre toutes formes de haine et de violences transphobes !

¡Geraldine presente !

Communiqué repris de : https://blogs.mediapart.fr/acceptess-t/blog/100724/meurtre-de-geraldine-une-transphobie-et-une-insecurite-ubuesques

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