En 1944, le Conseil national de la Résistance, afin de répondre aux exigences sociales et fort de son analyse sur la montée de l’extrême droite en Europe, a fondé son programme sur un système de protection sociale (sécurité sociale et retraites) destiné à assurer des conditions de vie dignes à toute la population, grâce à une solidarité directe. C’est ainsi que l’argent destiné aux retraites et cotisé par chacun selon ses moyens est redistribué directement aux personnes retraitées sans passer par l’épargne privée individuelle.
Le projet actuel de modification de ce système ne constitue pas une « réforme » au sens d’un ajustement du dispositif, mais une remise en cause complète du mode de financement des retraites, qui devrait désormais reposer en grande partie sur l’épargne privée (la « capitalisation »).
En effet, le système conduirait mécaniquement à une baisse du montant des pensions, notamment car :
- Le montant des pensions ne sera plus calculé sur les meilleures périodes, mais sur l’ensemble de la carrière.
- La valeur des « points » qui seront achetés ne sera pas garantie dans le temps et pourra être
« gelée » (comme le point d’indice actuellement) ou diminuée (en Suède, le point de retraite a perdu 10 % de sa valeur en 10 ans). - Dès 2027, toute la population devra travailler au minimum jusqu’à 64 ans pour ne pas subir un malus qui baissera de 10% le montant des allocations de retraite.
Pour espérer toucher une pension permettant de finir décemment sa vie, tout le monde sera incité à cotiser de façon individuelle (et non plus collective) à des « fonds de pension ».
À quoi se mesure donc le niveau de « développement » d’un pays si ce n’est à sa capacité de garantir sa cohésion sociale par la solidarité ? C’est pour défendre l’extension à toutes et tous d’un système solidaire, et non un nivellement par le bas, que nous sommes en grève et manifestation. Car il y a suffisamment d’argent disponible pour assurer le bon fonctionnement d’un système de retraite par répartition amélioré.
Travaillant dans des bibliothèques, nous accompagnons tous les jours sur le terrain des publics variés et notamment des personnes touchées par la précarité. Notre mission de service public s’avère de plus en plus difficile à exercer dans de bonnes conditions, faute de moyens adéquats. En effet, les différentes politiques que nous subissons depuis des années (suppression de postes, emplois précaires, externalisation, course aux indicateurs, travail le dimanche et en soirée, etc.) dégradent nos conditions de travail, détruisent le sens de nos métiers et donc nos actions envers nos usagères et usagers. Cette réforme vient s’ajouter à ces difficultés croissantes.
Nous avons pleinement conscience de l’importance de notre métier envers les personnes pour qui nous agissons au quotidien. C’est pourquoi nous appelons les personnels des bibliothèques à renforcer la mobilisation partout en France dès à présent, à se réunir dans leurs bibliothèques pour s’informer et débattre du contenu de la contre-réforme, à faire grève, y compris de manière reconductible là où c’est possible, à contribuer aux caisses de solidarité, à participer aux assemblées générales et à toute action ou manifestation pour l’abandon de la réforme des retraites du gouvernement. Plus que jamais il est temps de s’organiser, s’entraider et lutter pour une société juste et solidaire et un service public de qualité.
Lundi 23 décembre 2019
Pour signer cet appel, contacter : collectif352.55@gmail.com
et https://appeldesbibliotheques.frama.site/