Mardi 21 mars 18h : Solidarité avec le Guatemala. La lutte pour la justice et contre les violences d’État est internationale :
Ce mardi 7 mars 2017, 80 adolescentes ont fugué de leur foyer « foyer sûr, vierge de l’ascension » pour dénoncer l’exploitation sexuelle, les viols et violences dont elles sont victimes à l’intérieur même de ce centre d’accueil pour mineurs. 60 d’entre elles ont été ramenées de force par la Police Nationale Civile, puis enfermées à clé dans une petite pièce.
Dans la matinée du 8 mars, un incendie s’est déclenché dans cette même pièce et a provoqué la mort de plus de 40 jeunes filles de 14 à 17 ans.
Considérant que le gouvernement du Guatemala, en tant que responsable civil des centres de protection pour mineurs, est coupable d’un féminicide institutionnel et complice d’un réseau de traite humaine et d’exploitation sexuelle sur mineurs,
considérant que les politiques internationales capitalistes, racistes et sexistes sont responsables de ce système autorisant l’achat et la violence de corps d’enfant et de femmes,
considérant que « la justice est indivisible : une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier » (Angela Davis),
nous répondons présent à l’appel des organisations féministes et associations de défense des droits de l’enfance et de l’adolescence pour former une action de mobilisation internationale devant les ambassades du Guatemala du monde entier. Ensemble, nous exigeons :
- une enquête poussée sur les conditions de l’incendie et Justice pour les familles des 43 adolescentes
- une enquête poussée sur les réseaux de traite humaine et Justice pour toutes les victimes de violences sexuelles
- la protection immédiate des 600 jeunes survivants du centre et la considération de leurs témoignages
- une restructuration totale de tout le système de protection de l’enfance et de l’adolescence en s’appuyant sur les propositions concrètes des organisations de sociétés civiles travaillant sur ce sujet
En tant que communauté internationale, nous avons le devoir de rester vigilant à ce que justice se fasse et à se mobiliser pour le respect de droits humains de tou.te.s et tous !
Rassemblons-nous ce mardi 21 mars à 18h00 devant l’Ambassade du Guatemala, 2 rue villebois mareuil, 75017 Paris, métro Ternes ou Porte Maillot.
Elles brûlaient pendant que nous marchions.
L’appel a la lutte des femmes ce 8 mars 2017 fut internationale, que la lutte pour la Justice le soit aussi.
Que la solidarité internationale s’organise et que ensemble nous fassions force pour lutter contre l’impunité de cet État machiste, corrompue, raciste, capitaliste et meurtrier.
Que nos douleurs, nos rages et nos haines forment les cris de celles dont les voix ont été étouffées.
Pour toujours maintenant le 8 mars sera le souvenir de ces avenirs brûlés, de ces espoirs partie en fumée, des ces sourires disparues. De ces 43 vies perdues.
Que le 8 mars soit le symbole de cet ultime acte de révolte : choisir le feu à la résignation, choisir le feu à la violence, choisir le feu au silence.
Ces corps d’enfants, ces corps de filles, ces corps punies d’être des femmes avant même de l’être, ces corps fondues dans les flammes sont le témoignages silencieux de celles qu’on écoutaient pas. Qu’on ne considéraient pas. Qu’on ne croyaient pas.
Dans le pays, l’air est imprégné d’une profonde odeur de chair brûlée. Et tant justice ne sera pas faites, le pays puera la chair de ces chères disparues… et l’odeur se répand au delà des murs et des frontières, elle se répand et envahi l’espace comme un murmure trop lourd. Ils pourront mettre du parfum dans les rues, dans leurs lois et leurs discours, dans leurs consciences… l’odeur reviendra. Après chaque orage, à chaque pleine lune, à chaque cri étouffés d’une nouvelle victime : l’odeur reviendra.
L’odeur de ces corps remuant dans les flammes, l’odeur de l’horreur sur laquelle on ferme les yeux car on ne supporterais pas de la regarder les yeux ouverts, l’odeur de l’injustice.
Dans chaque flammes, dans chaque mouvement de fumée il y aura l’âme de ces filles pour nous dire : nous avons eu le courage de mourir, ne nous laissez pas mourir pour rien. Ne laissez pas nos sœurs, nos filles, nos nièces et toutes celles qui viendront souffrir ce que nous avons souffert. Que nos morts leurs permettent la vie, la vrai, celle que nous n’avons pas connue : celle où l’on est libres, dignes et respectées.
Elles brûlaient pendant que nous marchions.