Troops, Trolls & Troublemakers : inventaire mondial de la manipulation organisée des réseaux sociaux

Ce document de travail regroupe les résultats du premier inventaire complet des principales organisations vouées à la manipulation des réseaux sociaux.

Avant-propos :

Ce document est un document universitaire, vous n’y trouverez rien de spectaculaire, pas le moindre occultisme, pas une once de réjouissance sensationnaliste vis-à-vis d’un propos "Secret Défense".

Un concentré d’informations, de regroupement et de mise en perspective d’un sujet encore méconnu, mais dont l’actualité reste cruciale, rien d’autre.

Nous n’avons pas traduit ce texte dans le but de nourrir les fantasmes anti-tech-survivalo-décroissant-catastrophistes, n’en déplaise, mais bien dans l’objectif de rendre compte des transformations des modes de domestication et d’influences du système capitaliste, en partant d’aujourd’hui, internationalement, et ce pour mieux préparer demain.

Afin de nous armer de raison et de lucidité, aussi, de manière à rendre dynamiques nos modes de résistances ou d’oppositions, d’adapter notre compréhension aux réalités complexes, changeantes et contradictoires, en vue de lutter contre le pouvoir sous toutes ses formes.

Nous avons, surtout, choisi de traduire (avec grande approximation et amateurisme) ce texte pour le faire sortir des cénacles universitaires, des chaires critiques, affranchir l’information, l’analyse, autant que la méthodologie du cadre hiérarchique et concurrentiel qu’est l’université. C’est dire, dans l’objectif de rendre public ce qui devrait l’être, de déspécialiser un monde de niches et de certificats.

Moment populisme et pathos :

Contre l’élevage de masse du cheptel savant, en effet, qui conditionne et confisque "l’intelligence" et / ou "l’érudition" et sur lesquelles quelques un-es peuvent spéculer, quand une majorité, toujours plus importante continue de subir les humiliations d’un quotidien précaire, pénible, en tout point aberrant (clameur de l’assistance).

Contre cet élevage de masse qui, faut-il le répéter, se maintient sur un système de classe dont il n’est capable que de reproduire l’optique, pour ne produire finalement, que des bourgeoisies en devenir (sifflements et huées).

Mais plus généralement, contre toutes les dépossessions, matérielles, virtuelles, émotionnelles, urbaines, psychologiques, érotiques (poings levés et cries de joie)...

Pour tout ce que nous avons à récupérer, pour l’autonomie révolutionnaire, donc, et pour la discussion libérée du joug des pontes, expert-es et autres monopolisateurs de paroles (acclamations unanimes).

FIN.

Ce document regroupe un certains nombres d’informations qui méritent d’être exposées, et certainemenet d’être poursuivies, approfondies, critiquées et / ou contredites, un certains nombres d’informations signifiantes, sûrement capables de nous aider à appréhender l’avenir proche avec un recul profitable ; nous le partageons donc à cet effet.

Troops, Trolls & Troublemakers : inventaire mondial de la manipulation organisée des réseaux sociaux.

Samantha Bradshaw & Philip N. Howard - University of Oxford.

Sommaire :

Les troupes cybernétiques sont des équipes gouvernementales, militaires, ou de partis politiques, engagées à manipuler l’opinion publique sur les réseaux sociaux. Dans ce document de travail, nous rapportons des organisations spécifiquement créées, souvent avec de l’argent public, pour suggérer au public ce qui serait dans son propre intérêt. Nous comparons ces organisations dans 28 pays et les catégorisons en fonction des types de messages, de "valences" et de stratégies de communication utilisés. Nous cataloguons leurs formes d’organisation et évaluons leurs capacités en termes de budgets et de personnel. Ce document de travail résume les résultats du premier inventaire complet des principales organisations vouées à la manipulation des réseaux sociaux.

Nous constatons que les cyber-troupes sont un phénomène invasif et mondial. De nombreux pays utilisent un nombre important de personnes et de ressources pour gérer et manipuler l’opinion publique en ligne, ciblant parfois le public national, ciblant parfois les publics étrangers.

Les premiers rapports concernant la manipulation organisée des réseaux sociaux ont émergé en 2010 et, depuis 2017, il existe des détails relatif à ces organisations dans 28 pays.

En regardant de plus prés ces 28 pays, chaque régime autoritaire procède à des campagnes de médias sociaux ciblant ses propres populations, alors que seulement quelques d’entre-eux visent des publics étrangers. En revanche, presque toutes les démocraties de cet échantillon ont organisé des campagnes de médias sociaux ciblant les publics étrangers, quand les campagnes soutenues par les partis politiques ciblent les électeurs nationaux.

Les régimes autoritaires ne sont ni les seuls ni les meilleurs dans la manipulation organisée des réseaux sociaux. Les premiers rapports sur l’implication du gouvernement dans la manipulation de l’opinion publique compromettent aussi les gouvernements démocratiques, et les nouvelles innovations technologiques de communication politique proviennent souvent de partis politiques et surviennent lors d’élections importantes.

Au fil du temps, nous avons constaté que le mode principal d’organisation des cyber-troupes varie entre l’intégration d’unités militaires, qui expérimentent la manipulation de l’opinion publique via les réseaux sociaux, et des entreprises en stratégie de communication qui s’engagent de façon contractuelle avec les gouvernements pour diverses campagnes conçues pour les réseaux.

Les réseaux sociaux et la démocratie.

Les réseaux sociaux sont devenus des plate-formes précieuses pour la vie publique. C’est le principal moyen par lequel la jeunesse, à travers le monde, développe ses identités politiques et consomme l’information. Toutefois, les plate-formes de réseaux sociaux - comme Facebook et Twitter - sont également devenues des outils de contrôle social. Beaucoup de gouvernements dépensent maintenant des ressources importantes et emploient un grand nombre de personnes pour générer du contenu, des opinions directes et s’engager auprès du public étranger et national.

Ce document de travail jette les bases d’une compréhension des tendances mondiales de l’utilisation organisée et coordonnée des médias sociaux pour manipuler l’opinion publique. Dans cet article, nous définissons les « cyber-troupes » comme des équipes gouvernementales, militaires ou de partis politiques, qui s’engagent à manipuler l’opinion publique sur les réseaux sociaux. Comme on sait peu de choses sur les différences de capacité, d’outils et de techniques de ces pratiques dans différents pays, nous avons mené une étude transnationale et comparative des troupes cybernétiques mondiales. En examinant les opérations effectuées sur les réseaux sociaux dans 25 pays, nous avons entrepris un inventaire des dépenses budgétaires, du personnel, du comportement organisationnel et des stratégies de communication pour analyser la taille, l’ampleur et la mesure dans laquelle différents types de régimes politiques déploient des cyber-troupes pour influencer et manipuler le public en ligne.

En janvier 2015, l’armée britannique a annoncé que sa 77e Brigade se « concentrerait sur des opérations psychologiques non létales utilisant des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter pour combattre les ennemis en prenant le contrôle du récit à l’ère de l’information » (Solon, 2015). La tâche principale de cette unité est de façonner le comportement public par l’utilisation de « récits dynamiques » pour lutter contre la propagande politique diffusée par les organisations terroristes.

Le Royaume-Uni n’est pas le seul à répartir ses troupes et à financer l’influence du discours politique en ligne. Bien au contraire, cela fait partie d’un phénomène plus vaste dans lequel les gouvernements se tournent vers des plates-formes Internet pour exercer une influence sur les flux d’information et les canaux de communication pour façonner l’opinion publique.

Nous comparons et résumons ce phénomène dans les 28 pays suivants :

Argentine, Azerbaïdjan, Australie, Bahreïn, Brésil, Chine, République tchèque, Équateur, Allemagne, Inde, Iran, Israël, Mexique, Corée du Nord, Philippines, Pologne, Russie, Arabie Saoudite, Serbie, Corée du Sud, Syrie, Taïwan, Turquie, Ukraine, Royaume-Uni, États-Unis, Venezuela et Vietnam.

La totalité du document en version Francaise, téléchargeable ici :

Troops, Trolls & Troublemakers

Sa version Originale - en Anglais, là :

http://comprop.oii.ox.ac.uk/wp-content/uploads/sites/89/2017/07/Troops-Trolls-and-Troublemakers.pdf

À lire également...