Nous sommes des Street Medics, parmi d’autres. Nous ne sommes ni une association, ni un collectif, ni une organisation. Nous sommes des travailleurs, des étudiants, des lycéens, des chômeurs. Mais avant tout nous sommes des militants, des manifestants, et c’est la raison première qui nous amène à venir soigner nos camarades dans les manifestations.
Si des street medics ont été constituées sur ce mouvement c’est que la répression de l’État l’a rendu nécessaire, et presque « indispensable », notamment par l’usage de certaines armes.
Si notre manière de manifester se traduit par l’apport de soin dans ces manifestations, ce n’est pas dans la volonté de faire de l’humanitaire, car nous ne sommes pas là pour panser les plaies du capitalisme et de l’État policier. D’ailleurs notre action serait inefficace, sans le soutien, et la solidarité de tou-tes en manifestations. Nous ne sommes pas à l’écart des cortèges, ni en dehors, ni même en groupe.
Depuis deux mois, une multitude de journalistes, d’horizons différents ont cherché à nous contacter. Certains allant jusqu’à nous suivre dans la rue, en manifestations, malgré nos refus. Beaucoup se sont permis aussi de prendre des images, des medics, des blessé-e-s, sans consentement et dans des situations qui parfois frôlent le voyeurisme.
Si nous refusons d’être interrogé-es, suivi-es, interviewé-es, nous produisons tout de même des communiqués et des bilans qui sont très peu relayés par la presse.
Voila peut être un premier point à soulever. Quelle est la démarche si ce n’est produire son propre point de vue, ou celui de sa rédaction, alors que nous faisons circuler les informations élaborées collectivement, après manifestation. Nos communiqués sont seuls représentatif de positions communes qui se dégagent des débats. Et nous rappelons que nos bilans ne représentent qu’une infime proportion de personnes blessées qui parviennent jusqu’à nous.
Cette position est pourtant courante vis à vis des médias, mais Il semble nécessaire de faire un point sur certaines pratiques militantes qui tiennent la presse à l’écart. Et ce pour de bonnes raisons, rappelons les : la presse ne ressemble plus à un outil de l’émancipation populaire. La libéralisation de la presse, l’entrée de capitaux, les lignes éditoriales, la vente, remettent en question l’exercice et la liberté de la presse.
En effet, depuis le début de ce mouvement social, comme pour les précédents, ce sont quasi uniquement les communiqués de la préfecture qui sont relayés dans la presse. Notre parole y est absente lorsqu’elle n’est pas déformée, utilisée.
Et ce, afin de produire des discours sensationnels, des images spectaculaires, et dans notre cas : une image sexy de gentils manifestants sauveteurs. Ce n’est pas ce que nous sommes. A qui cherche-t-on à nous opposer ?
Il n’y a pas de bons ou mauvais manifestants. Et le mot « casseurs », est un terme bien habilement utilisé pour diviser, catégoriser, individualiser, un phénomène, qui est pourtant bien plus proche de la réalité : l’émeute, l’autodéfense populaire