Depuis le 17 novembre, la répression du mouvement des Gilets jaunes par l’État, dans la rue comme dans les tribunaux, a explosé. Quatre mois après le début du mouvement, il est impossible d’établir un compte précis du nombre de personnes concernées tant les militant·e·s blessé·e·s sont nombreux.ses. Certains chiffres parlent de 2 200 blessées, dont 28 éborgné·e·s, 5 mains arrachées, 202 blessures à la tête… Ces chiffres sont approximatifs, et apparaissent loin du compte à beaucoup d’acteurs du mouvement. La répression débridée, par la surutilisation des armes dites « non létales », a tué Zineb Redouane, qui est décédée après avoir reçu une grenade lacrymogène dans son appartement, le 1er décembre, à Marseille. Elle ne participait pas à la manifestation.
Loin d’engager une réflexion sur l’usage des armes ou sur la brutalité de sa police, le gouvernement s’est engagé dans une spirale de surenchère répressive qui a mené à l’adoption de la loi « anticasseur », mais aussi à davantage de blessé·e·s comme Geneviève Legay. Comme preuve de cette démesure, le gouvernement revendiquait 13 095 tirs de LBD début mars, et, depuis le début du mouvement, pas moins de 9 219 personnes ont été placées en GAV, 2 000 ont été condamnées par la justice, dont 400 à des peines de prison. 1 800 personnes sont encore en attente de jugement. Semaine après semaine, il a fallu contourner des dispositifs de « sécurité » toujours plus dangereux, et braver une peur toujours plus grande pour faire exister ensemble ce mouvement.
La police blesse, tue et harcèle au-delà du cadre des manifestations, comme le montrent les trop nombreux décès « accidentels » qui surviennent entre ses mains, notamment dans les quartiers populaires. Le décès récent d’Ange Dibenesha, précédé de sa disparition durant 48h, suite à son interpellation près de la Porte d’Italie est une preuve supplémentaire du racisme d’État qui s’exerce au travers de toutes ses polices : de la métropole à la bourgade, de la bourgade à la frontière.
Dans la répression du mouvement des Gilets jaunes, la police s’est montrée au grand jour comme un outil de violence ciblée, étendant ainsi la répression à de nouvelles couches de la population. Au fil des actes, c’est la police et tout l’arsenal institutionnel qui ont assumé davantage défendre les familles des vitrines plutôt que l’intégrité des Gilets jaunes.
À l’issu d’un Grand Débat aussi grotesque que coûteux, le gouvernement annonce vouloir poursuivre les réformes — s’attaquant maintenant à l’éducation et promettant de passer ensuite aux retraites. Alors que la fatigue dans nos rangs commence à se faire sentir, il est nécessaire que nous nous organisions collectivement contre la répression. Afin que se poursuive la déferlante des Gilets jaunes, il est nécessaire de faire front face à cette police meurtrière et la justice inégale qui la disculpent, en organisant les solidarités qui permettront aux victimes de la répression de se défendre face à la machine écrasante de l’État.
Pour cette soirée, le programme sera simple : des prises de parole et de quoi manger, boire et danser au profit de la Coordination anti-répression d’Île-de-France. Permettant à chacun.e de s’informer sur ses droits et de les faire valoir lors dans le cadre des procédures juridiques qui répriment tout engagement hors des sentiers battus par les bottes des CRS, cette organisation favorise l’accès de chacun.e à une défense digne, individuelle ou collective. Cette soirée vise ainsi à soutenir matériellement cette démarche, et à manifester ouvertement notre détermination à poursuivre la lutte contre les politiques inégalitaires, mensongères et mortifères du gouvernement.
Alors, promenons-nous, promenons-nous dans les beaux quartiers avec ce seum qui les fait trembler — tout brûle déjà, et sur les décombres de ce vieux monde, nous danserons encore.