Des cadres pour remplacer les grévistes
La direction de la SNCF tanne depuis plusieurs mois ses cadres pour les pousser à suivre des formations techniques (de quelques heures à deux jours) pour remplacer les grévistes. Primes et taxi à la clé. Niveau sécu ? Haha.
Rien n’est toutefois gagné pour eux. Le taux de grévistes chez les cadres était important ce 22 mars.
Des gilets rouges pour encadrer les non-grévistes
Ils bossent à la SNCF mais n’y connaissent rien en trains. Pas de soucis, une petite formation de 2h, des chaussures confortables, et les voilà encadrant les conducteurs non-grévistes. Gardes-du-corps ou petites mains de la direction pour foutre la pression, eux aussi ont le droit au taxi pour les racompagner chez eux.
Des instructions pour faire payer les grévistes
Un document interne de la direction RH à destination des ressources humaines de différents secteurs a fuité. Une fuite peut-être volontaire, pour faire peur aux grévistes. Dans tous les cas, le document enjoint les différents responsables à mettre en place des pratiques punitives à l’encontre des grévistes, bien que la base légale de ces consignes soit certainement contestable. Parmi lesquelles :
- Considérer la grève perlée (la grève 2/5) comme une seule et unique grève et non plusieurs grèves. Les deux jours travaillés ne seraient donc pas considérés comme une reprise du travail. Ou le/la cheminot.e fait moins de 3 jours de grève, ou il/elle devra subir les effets suivants :
- Empêchement d’autres types de grève (comme la grève de 59mn) tant qu’il n’y a pas de reprise du travail hors planning de grève
- Les jours de repos en période de grève seront systématiquement décomptés, même s’ils font suite à des jours travaillés. Exemple : sur le mois d’avril, un.e gréviste perdra 12 journées de salaire pour seulement 8 jours de grève. En reconductible sur 8 jours, ce serait 10 (4 jours de grèves - 2 jours de repos - 4 jours de grève).
- Plus généralement, la retenue sur la paie des jours de grève dès le mois d’avril
Technicentre du Landy : des travailleurs anglais pour remplacer les grévistes
Le technicentre du Landy (St-Denis, 93) était en grève massive ce 22 mars. La direction a fait venir des travailleurs anglais pour remplacer les grévistes sur l’Eurostar. C’est évidemment illégal, mais ce genre de pratique est monnaie courante.
Une campagne de pub mensongère contre les cheminots
Une coûteuse campagne de pub a été financée par une mystérieuse association, relayant des mensonges sur les soi-disant privilèges des cheminots et tentant de faire jouer la concurrence entre exploité.e.s. Le Point, l’Express, le Figaro, la Voix du Nord, Télé Loisirs, TV Magazine, Challenge, Valeurs Actuelles, Nice Matin... Derrière cette association, c’est un think-tank de patrons et de libéraux (tendance gros bâtards), l’IFRAP, qui tient les rennes.
Blocage des trains pour la montée à Paris le 22
La direction a là encore tout fait pour limiter le nombre de cheminot.e.s dans les rues de Paris. Arrêt de lignes permettant de rejoindre les grands axes, suppression des trains sur lesquels les grévistes avaient réservé des places. La SNCF n’a pas lésiné sur les petites combines ce 22 mars.
Interdiction de distribuer des tracts
Le ridicule ne tue pas. La direction logistique interdit quasiment de distribuer des tracts sur les lieux de travail, même en heure de délégation syndicale.
Lutte à mort
Ces différentes techniques ne sont certainement que les prémices des différents outils qu’a affuté la direction pour contrer le mouvement contre la réforme du rail.
Face à un patronat-gouvernement et une direction qui ont décidé de se lancer dans une lutte à mort contre les cheminots, façon Thatcher contre les mineurs, pour dézinguer complétement l’un des derniers bastions ouvriers encore un peu combatif, les cheminot.e.s devront user de leur intelligence collective. Et certainement s’inspirer de leurs victoires passées, comme la grande grève de 1986/87, avec son lot d’AG autonomes, de coordinations nationales, d’occupations et de sabotages. Et faire l’impasse sur le qu’en-dira-t-on, cet éternel rabachage des médias qu’ils ressortent à chaque fois depuis 1946. C’est la lutte qui forge l’opinion, et non l’inverse !