Des flics ripoux
Six flics de la CSI 93 sont interrogés par l’IGPN depuis lundi 29 juin et sont sous le coup de plusieurs enquêtes, pour des faits variés. Ces enquêtes risquent d’ailleurs fort d’être étendues à des dizaines de policiers du même service.
Les flics, placés en garde-à-vue, sont soupçonnés d’avoir racketté des personnes, ainsi que d’avoir monté de fausses procédures pour en arrêter d’autres. Ils auraient également extorqué d’importantes sommes d’argent et reçu des virements suspects sur leurs comptes banquaires.
Les témoignages de la violence dont ils ont fait preuve sont glaçants. Ils ont ainsi passé à tabac plusieurs personnes, utilisé des clés d’étranglements à répétition, et fait usage de la torture en utilisant un Taser sur les parties génitales de certaines personnes interpellées pour leur faire avouer où elles auraient caché de la drogue.
Dans un exemple frappant d’affaire montée de toute pièce par cette équipe, lors d’un contrôle d’identité, un des flics dépose un sachet aux pieds de la personne contrôlée. Puis il le ramasse en affirmant que le sachet, qui contient comme par hasard de la drogue, appartient à la personne arrêtée. Manque de pot pour les keufs, la scène a été filmée par la caméra de vidéo-surveillance de l’épicerie d’à côté. Mais la suite de l’histoire est atroce pour la personne interpellée, car elle sera rouée de coup et étranglée ensuite.
Des agissements systématiques dans la police
Ce genre d’agissements inhumains et violents ne sont vraiment pas isolés au sein des CSI et plus généralement dans la police. La violence est dans la matrice de ces compagnies, créées en 2003 alors que Sarkozy était ministre de l’intérieur. Rappelons par exemple que lors de la manifestation du 9 janvier 2020 contre la réforme des retraites, c’est un membre d’une CSI qui a tiré au LBD à bout portant sur un manifestant. C’est aussi un membre de la CSI 75 qui, le soir du 18 novembre 2017, après avoir « encadré » la première manif du front social, a tué toute sa belle-famille avant de se suicider. En dehors des CSI, des affaires similaires de flics ripoux ont déjà éclaboussé (pas plus hein, rien n’a changé depuis dans les pratiques policières) la BAC de Stains en 2015 et la BAC du 18e en 2019. Ce sont donc des pratiques récurrentes dans cette institution.
Ce n’est pas non plus un hasard si de tels faits sont commis en Seine-Saint-Denis. Les policiers ont pour mission de contrôler en priorité les quartiers populaires, si possible de manière violente, où vivent la majorité des personnes racisé·e·s et pauvres. Comme le montre Mathieu Rigouste dans La domination policière, ils sont encouragés par leur hiérarchie à faire preuve d’inventivité dans l’usage de la violence, afin de contrôler le corps des personnes noires et arabes, et de faire du chiffre, quitte à mentir pour pouvoir interpeller des gens.
Le préfet Lallement aurait proposé de dissoudre une partie du service. Se restreindre à cela permet de légitimer le reste de la police à moindre frais : on pourra dire que ce n’était qu’une particularité de ce service, et que voyez-vous, la majorité des flics font bien leur boulot dans le fond. Alors que ces violences teintées de racisme font système dans tout le corps policier, et que les seuls bons flics sont ceux qui démissionnent. Quoi qu’il en soit, en dehors d’une abolition pure et simple de la police, aucune autre solution ne peut être satisfaisante.
Abolissons la police
Nous sortons d’une séquence où la police a pu largement asseoir sa domination, tout particulièrement à l’encontre des personnes noires et arabes dans les quartiers populaires. Rappelons que durant les 2 mois du confinement, la police a été impliquée dans la mort de pas moins de 12 personnes en France ; les flics se sont particulièrement lâchés, par exemple en tirant dans la tête d’une jeune enfant dans les Yvelines.
Puis il y a eu les magnifiques manifestations contre les violences policières qui nous ont donné de l’air, notamment celles du 2 juin devant le TGI et du 13 juin place de la République rien qu’à Paris. Il y a eu aussi des annonces du ministère suite à des « révélations » (qui n’en étaient que pour celleux qui soutiennent la police) sur les techniques d’étranglement utilisées par les condés et le racisme inhérent à cette institution.
Mais bien vite, les flics ont réagi pour conserver leurs droits à être racistes, à étrangler et tuer les personnes racisé·e·s. Ils ont donc mis la pression sur le ministère de l’intérieur avec de multiples manifestations. C’est ainsi que, dans la droite ligne des milices fascistes, les fachos d’Alliance (le syndicat d’extrême droite de la police) sont allés jusqu’aux portes de l’Élysée, puis ont manifesté, armés, la nuit sous l’arc de Triomphe, devant la maison de la radio, ou même devant le Bataclan, allant jusqu’à choquer les victimes de l’attentat du 13 novembre 2015.
Bien sûr, le ministère leur a cédé : la clé d’étranglement sera encore pratiquée, les flics recevront de nouveaux joujoux — des Taser —, et Castaner leur a assuré mardi 30 juin que la fresque en hommage à George Floyd et Adama Traoré à Stains sera censurée (on peut lire sur cette fresque qu’il y aurait des « violences policières », rendez-vous compte).
On sort donc d’une période particulièrement dure en terme de propagande policière, et espérons que cette enquête contre des flics de la CSI va calmer leurs ardeurs pendant quelques temps.
Trois mots pour la fin : Fuck le 17 ; et trois autres : Abolissons la police