Samedi 25 mai - Manifestation de 2000 personnes contre l’entrepôt Greendock, tentative de blocage de la logistique et interpellations
Le week-end de mobilisation contre Greendock avait commencé dès le vendredi à la bourse du travail de Saint-Denis avec une table-ronde entre syndicalistes de Sud rail, de l’entreprise de logistique Geodis et écologistes ayant noué des liens dans divers piquets, blocages et feux de palettes sur la zone de Gennevilliers au cours des mouvements sociaux de ces dernières années. Tous s’opposaient à la logique de casse sociale ou de ravage environnemental des patrons de la logistique et entendaient bien continuer à s’allier et à leur en faire baver.
Le samedi, plus de 2000 personnes ont manifesté depuis Gennevilliers jusqu’à l’Île-Saint-Denis pour montrer leur opposition à un entrepôt géant sur les berges de Seine et à l’expansion sans fin des entrepôts logistiques. Une mobilisation sans précédent pour cette cause et plus largement pour les luttes d’opposition aux projets de plateformes logistiques, qui se font de plus en plus nombreuses ces dernières années.
Le cortège a quitté Gennevilliers après des prises de parole rassemblant des riverains, des naturalistes, des syndicalistes, des organisations politiques et des associations. Toutes et tous ont souligné à quel point ce projet cumule tout ce que l’on peut reprocher au secteur logistique : un entrepôt majoritairement routier, prévu sur un espace naturel, par un promoteur immobilier, pour des sous-traitants, avec à la clef des emplois et un environnement plus dégradé encore pour la banlieue nord. Les opposants à l’A104 bis, au BIP et au Canal Seine Nord Europe ont rappelé en quoi ce à quoi ils et elles s’opposent est directement lié à Greendock : l’expansion des entrepôts nourrissant celle des autoroutes et vices et versa. Des délégations de la région Centre et de la Sarthe ont également rappelé que dans les zones rurales ce sont les terres agricoles qui sont menacées par le déploiement de l’empire logistique.
Au milieu du parcours, les manifestant.es ont lancé en fanfare une balade surprise par le grand parc des Chanteraines pour aller découvrir les zones logistiques de Gennevilliers. Plusieurs centaines d’entre elles et eux ont été repoussés rapidement et violemment à l’extérieur du parc par le dispositif policier. Alors que démarrait un blocage de la zone logistique au bout du parc, entre les mastodontes Carrefour, Vinci logistique, Chronopost et Mondial Relay, les policiers ont tiré des grenades de désencerclements et des flashballs. Ils ont blessé une personne de l’équipe médic qui a été emmenée à l’hôpital. 54 personnes ont été interpelées.
La manifestation a fini par arriver jusqu’au parc de l’Île-Saint-Denis après avoir attendu le retour des personnes restées bloquées par la police et protesté contre les interpellations. La journée se finit en goûter sur les bords de Seine. Nous appelons à toutes formes de soutien pour les camarades interpellées cet après-midi.
Dimanche 26 mai - défense des berges de Seine et création d’une plage avec les naturalistes des terres. Premières sorties de garde à vue.
Dès le matin, les manifestant-es ont déambulé sur le beau chemin de halage d’Epinay, au rythme du fleuve et de ses soubresauts. Ils ont pu profiter de balades naturalistes au cœur de cet écrin de biodiversité ô combien rare dans une banlieue nord grignotée par le béton et le bitume. Des riveraines de la compagnie de danse l’Essoreuse ont proposé une émouvante performance au fil de l’eau.
La manifestation symbolisait le réveil de Sequana, déesse de la Seine un peu oubliée, mais qui a fait son grand retour en s’exprimant contre le projet d’entrepôt géant. Un spectacle fluvial a ensuite mis en scène le combat opposant l’hydre des luttes sociales et écologistes à l’empire logistique qui menace le vivant sous toutes ses formes. Deux radeaux, construits depuis des semaines par des dizaines de mains, se sont affrontés sous l’oeil de la police fluviale. Avant cela, Wild legal et les gardien-nes de la Seine avaient lu la charte défendant un droit du fleuve à faire sombrer les aberrations qui menacent son équilibre vital.
Des gestes naturalistes ont ponctué la marche, façon de rappeler que nous sommes bien dans un lieu de nature anthropisé, mais où les humains peuvent agir dans le bon sens quand ils et elles s’en donnent les moyens. Des cairns de pierres ont été édifiés au long du parcours face au site du projet d’entrepôt Greendock, pour y accueillir les lézards verts. En fin de manifestation, des dizaines de sacs de sable et de graviers ont été pris sur l’entrepôt du Géant du BTP Fayolle, puis passés de bras en bras sur une file d’une centaine de personnes jusqu’à un bord de Seine. Une plage y a été reconstruite minutieusement pour favoriser le retour des oiseaux menacés en Île-de-France, plutôt que leur disparition définitive avec un flot continu de camions et un empilement d’entrepôts. Une grosse averse a fait reculer l’arrivée annoncée des motards de la BRAV et la journée s’est déroulée cette fois sans troubles policiers. Cela va toujours mieux sans eux. Cet après-midi aquatique s’est terminée par une table-ronde sur le racisme environnemental avec l’association d’exilé.es en recherche de terres A4, la revue Z, PEPS et l’observatoire terre monde, et l’affirmation du désir d’une écologie populaire et d’action directe avec les habitant.es du 93. En parallèle, l’annonce des premières sorties de garde à vue des camarades interpellés la veille a été chaleureusement applaudie tandis que se mettait en place un debrief du week-end. Certaines des gardes à vue ont malheureusement été renouvelées, certain.es sortent sans suite, d’autres sont convoquées notamment pour un avertissement pénal probatoire courant juin pour refus de donner leurs empreintes, leur ADN, ou de délivrer leur code de téléphone. Nous vous tiendrons informés des suites judiciaires et resterons solidaires. C’était la première mobilisation contre l’entrepôt Greendock, une découverte du terrain et de la problématique pour beaucoup. Ce week-end a marqué un élargissement et un renforcement du front contre l’empire logistique.
Nous sommes dorénavant prêt.es à revenir bien plus nombreux.ses et à nous donner les moyens d’empêcher concrètement la construction de l’entrepôt si ce projet n’est pas rapidement abandonné.