Récit de la 1e manif du quinquennat de Macron par le collectif LaMeute

| La Meute

Place de la République à Paris. Plusieurs milliers de personnes s’apprêtent à défiler en guise d’avertissement à Emmanuel Macron. Le président élu ayant promis d’aller plus loin que la Loi Travail, il est question ici de faire un front uni, un #FrontSocial, en prévision de ses futures « réformes ».

Plusieurs cortèges convergent, la plupart ayant subi des fouilles systématiques et des relevés d’identité plus ou moins légaux. Pour notre part, on nous dépouillera intégralement de nos protections (casque, masque à gaz et lunettes). Des associations de migrant.e.s et de sans-papiers sont également présentes. Plusieurs prises de paroles ont lieu, s’attachant à rappeler la teneur néolibérale et destructrice de la politique macroniste.

15h. La manifestation débute, et les différents cortèges s’engouffrent sur le Boulevard du Temple en direction de Bastille. Un cortège de tête se forme, fort d’environ 2000 personnes. La césure entre les différents cortèges n’est pas très nette : il semble réellement y avoir de l’unité au sein des manifestant.e.s. Bien qu’un black block se soit formé, le mot d’ordre n’est pas du tout à l’affrontement. Il faut d’ailleurs relativiser sur « black block », car peu de personnes sont réellement équipées. Les slogans sont les mêmes que d’habitude, et de nouveaux fleurissent. « Macron, démission, insurrection ! » ou encore « Macron, t’es fini, et t’as même pas commencé ! » De temps à autre, on entend des « Justice pour Curtis ! » en hommage à ce jeune percuté vendredi soir par une voiture de la BAC à Massy.

15h30. Le cortège de tête est pris d’un certain stress. On s’arrête. On resserre les rangs. On repart. Et on s’arrête à nouveau. Les unités de CRS et de CSI sont nombreuses. La police met la pression sans raison sur le cortège de tête, qui a choisi de rester, symboliquement, non-violent. Sur un des trottoirs du Boulevard Beaumarchais, un CSI braque la foule avec son LBD 40, héritier du flashball. Alors qu’il vise au niveau de la tête, et au hasard, il est pris à parti par des manifestant.e.s et des journalistes excédé.e.s par une violence totalement gratuite. On insiste : « Baisse ton arme ! » dans la bouche de toutes les personnes qui passent devant lui.

Tiens ! Un lance grenades lacrymogènes tenu à l’envers, attention messieurs vos grenades pourraient partir en tir tendu...

15h45. CRS et CSI fendent gratuitement le cortège de tête en deux. La tension monte. Un pétard explose. Deux ou trois bouteilles volent. Et c’est tout. Les coups de matraque, eux, pleuvent. La police tire trois flashballs dans la foule. Deux lignes de CRS sont dos à dos. La première vers l’avant du cortège de tête. La deuxième vers le reste de la manifestation, qui hurle. « Cassez-vous ! », « Libérez nos camarades ! » Les CSI frappent tout le monde, et le cortège se retrouve contraint d’avancer vers la Bastille en longeant un des murs sur le trottoir d’en face. Les CSI s’acharnent également sur des journalistes. Certain.e.s sont trainé.e.s au sol et matraqué.e.s, à l’image de la journaliste Russe Xénia Kozlitina, qu’un CSI trainera sur plusieurs mètres, en ayant parfaitement conscience de son statut.

16h. Un no man’s land sépare les deux morceaux de cortège. A l’avant, on entend la foule qui scande « Les flics de Macron sont les flics de Le Pen ! » Un manifestant est violemment interpellé par des CRS. Les seul.e.s témoins sont des photographes, qui ne peuvent s’empêcher de prendre à parti les CRS. « Lâchez-le ! Vous allez l’étouffer là ! » Deux CRS tentent de l’immobiliser en s’asseyant littéralement sur lui. Graine se prend un coup de lance-grenade, ce qui est tout à fait illégal. Les CRS finissent par emmener le manifestant derrière une ligne de gendarmes mobiles, dans une rue perpendiculaire. Une chaussure, et d’autres affaires personnelles du manifestant tombent sur le chemin.

16h30. Sous la pression de toute la manifestation, la police est forcée de libérer les cortèges. On arrive à Bastille en musique, et quelque peu sous le choc.

L’avertissement est clair.

Note

Photo et texte de LaMeute. Merci à vous !

Mots-clefs : syndicalisme | Front Social
Localisation : Paris 10e

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